Aphtal et Anita, c’est pas Roméo et Juliette

27 novembre 2012

Aphtal et Anita, c’est pas Roméo et Juliette

Crédit Image: Google

Certains de mes intimes n’hésitent plus à me qualifier de xénophobe, borné, égocentrique, et méchant, tellement je déteste la culture occidentale, et tout ce qui y est produit. Je ne le cache pas ; j’ai eu le rare privilège de lire certains documents concernant la colonisation, et la mondialisation, et depuis, je m’insurge farouchement contre toute importation. Bien entendu, je m’enrichis d’autres cultures, je suis ouvert à d’autres horizons, mais il y a des limites que moi Aphtal je ne franchis point, il y a des manières que je ne singe guère.  Jésus-Christ n’est pas né en Afrique, Mahomet non plus, et pourtant, une bonne partie des fanatiques religieux sont africains. Plus de 75% de feuilletons diffusés par nos chaines sont produit par le « 2/3 monde ». C’est aussi cela, la mondialisation.

Et parlant de feuilletons, je ne vais point vous rappeler ici tout ce qu’ils ont, comme négatif impact sur nos populations. Mais je vais quand même vous rapporter une histoire, un évènement tragi-comique, qui s’est déroulé devant moi. Wallaye j’ai été témoin oculaire et auditif à la fois, d’une scène qui ne se produit qu’une seule fois dans la vie d’un homme ! Et si j’ai menti, qu’une coupure d’électricité m’empêche de publier cet article! Je ne vous parle pas d’un éclipse solaire, ni d’une météorite, mais le sentiment qui m’anime ici est plus fort que celui qui anima Neil Armstrong lorsqu’il déviergea  la Lune. Bon, j’ai déjà raté mon introduction, je ne vais plus tergiverser.

Le Vendredi dernier, après des semaines de cotisations et de privations, j’eus assez d’argent pour inviter Anita dans l’un des meilleurs restaurants de Lomé. Le cadre, l’ambiance, la classe des clients, le menu, et les couts, faisaient de ce chic endroit, le lieu de prédilection de ceux qui voulaient se faire plaisir sans trop dépenser. Anita et moi étions tapis dans l’ombre, à une table presque cachée par les hibiscus, et des jolis lilas. Elle avalait goulument une large tranche de pizza, alors que moi, plus soucieux de l’addition, je me contente d’un léger hamburger, avec eau minérale.  L’écran de mon téléphone affichait dix-neuf heures, lorsque la chaleureuse et charmante serveuse vint débarrasser la table. Je m’approche mieux de mon invitée, lance une discussion innocente, avec l’espoir d’entamer une négociation plus tard ; ah oui, je voulais la ramener chez moi, histoire de terminer en beauté la soirée, avec la bouteille de Mouton Cadet que je lui ai soigneusement mise au frais. Et si jamais elle voulait m’offrir autre chose, suivez mon regard…

J’étais donc en pleine négociation avec Anita qui n’était pas vraiment amateur de grand cru, lorsque le bruit d’une fourchette retentit contre un verre à plusieurs reprises. « din din din din », comme cela se passe lors des soirées en costumes où, l’hôte désire lancer les festivités, ou dire un petit discours de remerciement. Et comme en pareille circonstances, tous les clients se tournent vers le lieu de provenance du bruit. Il y avait quatre ou cinq serveurs, interloqués, debout au milieu des tables, avec leurs plateaux. Malgré moi, je détache mon regard du décolleté d’Anita pour me tourner vers le client indélicat.

Il s’agissait d’un jeune homme, la trentaine au maximum, plutôt beau mec, arborant une belle chemise blanche et une cravate nouée en nœud papillon. Bien stylé, bonne mine, sûr de lui, le gars fait signe au DJ de baisser le volume de la musique. Ce qui fut fait. Les bruits s’estompent totalement, et il fini par avoir tout le silence qu’il désire, et toute l’attention de tous ceux qui étaient présents. Il s’éclaircit la voix, dépose le verre et la fourchette puis se mit à parler avec une facilité digne d’un agent commercial, et une éloquence déconcertante : «  Bonsoir à vous, chers amis. Je vous prie de m’excuser si désagrément je vous cause, mais rassurez-vous je ne serai pas long. Voilà ! Il y a de cela huit mois, j’ai eu le bonheur de rencontrer fortuitement une personne dans les rangées de bouquins à l’Institut français. Son élégance, et l’intelligence qui émanait d’elle força mon admiration, et m’obligea à lui adresser quelques mots. Depuis, ma vie a changé, je ne suis plus le même homme, car cette personne m’a complété, m’a transformé et m’a rendu meilleur. Elle est belle, intelligente, ambitieuse, patiente, respectueuse, et elle est exactement celle qui me faut. Lorsque parfois je pose ma tête contre sa poitrine, je me rends compte que nos cœurs battent au même rythme, et croyez moi, je ne peux plus vivre sans elle. J’ignore si c’est le meilleur moyen, mais j’aimerai que vous vous joigniez à moi, afin de lui demander, ici, si elle veut de moi comme époux… » Sur ce, il range la bouteille d’eau minérale puis monte sur la table ; il sort une petite boite en velours, pose un genou sur la table, ouvre la boite et se tourne vers une charmante demoiselle assise à la même table. « Edwige, veux-tu m’épouser ? », ajouta t’il.

Tous les clients se mirent à applaudir. Je ne compris pas pourquoi, mais momentanément, tous oublièrent la lourde addition qui allait leur tomber dessus, et se mirent à taper joyeusement des mains, séduits par le courage de ce playboy. Les filles et femmes présentes étaient les plus heureuses. Je sentais dans leurs regards, une certaine envie, ou de légers regrets. Regrets pour la vieille ménopausée à qui le mari n’a jamais publiquement témoigné son amour, envie pour la jeune fille à peine pubère qui rêve déjà de sa future demande en mariage. Même les serveurs posèrent les plateaux pour se joindre aux clients. Comme si elles s’étaient donné le mot, les dames se lèvent et commencent à crier à l’endroit d’Edwige « Dis oui ! Dis oui ! Dis oui ! Dis oui ! »

« Dis oui ! », comme ce fameux médicament que les femmes font avaler à leur maris, afin d’avoir ces derniers à leur botte,  « Dis oui », comme une véritable incitation à union matrimoniale. Edwige, visiblement émue, se lève à son tour puis…

Puis….

Puis secoua négativement la tête en refermant la boîte de velours que tenait toujours son cavalier, un genou sur la table à manger. « non », répondit-elle ! Silence de mort. Silence de cimetière ! Silence initiatique ! Silence glacial ! Silence solennel ! « non » reprit-elle !

Toutes les vieilles mégères posent alors leur arrière train, les serveurs reprennent timidement leurs plateaux, chacun retient sa respiration, pour mieux regarder cet épisode. « Marc, reprit-elle, depuis neuf mois, tu n’as jamais voulu rentrer chez moi saluer mes parents, tu refuses de rencontrer mes frères, tu as décliné l’invitation de mon oncle, tu ne me permets pas de rencontrer ta mère, et tu veux que je sois ton épouse ? Marc, oui je t’aime, oui je veux passer ma vie avec toi, mais pas comme cela ; je ne peux accepter ta demande Marc ! Je refuse de me fiancer à toi comme ça, dans cet endroit. Désolé» Puis elle prit la direction de la sortie, abandonnant le Don Juan de pacotille, seul, juché sur sa table, au milieu de cette foule de curieux.

Sans blagues ! Le silence fini par être rompu par le DJ qui, comme pour remonter le moral à Marc, joua le titre « Tant pis » de Mehdi Custos.

Nul n’en revenait, et cet évènement devient le nouveau choux gras de conversation des clients.

Je risquai un rictus, puis pris la main de ma douce Anita pour lui demander dans un sourire enjoué : «  Ani, et si on allait chez moi ? ». Elle secoua la tête, pas comme Edwige mais affirmativement. Marc était toujours à genou, sur la table, pensif, lorsque, tenant  Anita fortement par la hanche, je me dirige vers la sortie.

Anita, rentrons chez moi oh. Même si je ne t’épouse pas, au moins tu connais ma mère, et tu croises tous les jours mon petit frère dans ton amphi.

J’ai dit !

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Commentaires

Marilyn
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Sinon ça s'est bien terminé avec Anita? (Je me soucie de ton bonheur...)

Aphtal CISSE
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SORS !!!

renaudoss
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Aph vraiment, tu es trop quoi! Excellent Excellent! (Et tant pis pour le Don Juan défroqué)

DOUMBIA Yacouba
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C'est la totale!!!!

Anonymous
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éwoé!!!!!!!!!!! ca na pa été facil pr le gar!!!!!!!!!!!! je n'ose mèmpa ètre a sa place; tellemen joré mal!!!!!!!!!!!!!

Aphtal CISSE
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Ah bon? Tu ne veux pas être à sa place? Donc tu n'es pas romantique, toi? Hein? LOL
Cordialement...

Valdo
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situation drap! comme on le dit en côte d'ivoire. Joliment écrit com d'hab.

Aphtal CISSE
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Merci man

MOUZOU Anicette-Estelle
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hihihihi Aphtal trop cool cet article.. sa fait tjrs plaisir de te lire.. bisousss

nathyk
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Aphtal, t'es superbe! J'adore te lire.

Aphtal CISSE
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Regarde comment je rougis, ma jolie Nathy. Bisous à toi!

William Bayiha
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Belle histoire cher Aphtal.

Aphtal CISSE
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Merci, grand Will. C'est gentil et cool de te lire par ici

RitaFlower
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C'est trop mignon,Aphtal.Tu es romantique.Tu emmènes ta belle au restaurant avec les moyens que tu as.Tu lui fait la cour et la séduit pour que la flamme reste allumée.Tu l'aimes,tu la respectes aussi.Tu l'as déjà présenté à ta famille.Un sans faute pour toi.Tu es un vrai GENTLEMAN.Pour la culture occidentale,tout n'est pas mauvais tu sais.Par exemple,le fait de responsabiliser le jeune dès l'age de la maturité.IL a son permis de conduire,une voiture puis un studio,travaille et a une petite amie.La culture africaine a tendance à ne pas rendre le jeune indépendant,autonome et le laisser se débrouiller seul sans l'aide de sa famille.

Aphtal CISSE
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Aaaaaaaaaaaaaaaaah Rita, encore une fois, tu me fais rougir hen.
Par contre, tu as encore raison, par rapport à la culture. Rien n'"est totalement bon, rien n'est totalement mauvais. Tout dépend. Ou bien? Bien à toi...

Emile Bela
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Félicitation encore une fois....J'ai simplement rigolé parce que c'est vraiment superb!
Continue ami.

Aphtal CISSE
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Merci mon frère. Merci bien. On est ensemble

Edem
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loool,mais faut restez zen