Magnifiques punch, mauvais adversaire

30 novembre 2012

Magnifiques punch, mauvais adversaire

Crédit Image: canstockphoto.com

Le soleil couchant, caché par les nuages, était d’un rouge envoutant, rendant la température agréable en cette fin d’après-midi, et la vue, imprenable, surtout lorsqu’on est en altitude. Touche finale pour parfaire le tableau, le calme et le silence qui régnaient cet après midi. Tous les mômes du quartier étaient encore en classe, ce qui offrait cette rare quiétude au coin.

J’étais en quête d’inspiration, vautré dans un canapé, placé sur la dalle de notre maison, mais aussi et surtout pour profiter discrètement du wifi installé par une école de formation supérieure du coin. Tout pédantisme mis de côté, notre demeure est l’une des quelques maisons à étages du quartier (en plus du voisin, et de l’immeuble de l’école précitée), ce qui permettait une vue panoramique, dégagée, et superbe. Parfois, en quête de sensations fortes, il suffit de se mettre du côté d’une cour commune,  pour y voir gratuitement les scènes de ménages, les disputes, les bagarres et autres évènements bruyants. Ah sacré Cacaveli.

Mais cet après-midi précisément, dans mon canapé, j’avais un œil sur l’horizon, admirant la beauté et la magnificence de dame nature, et l’autre sur mon écran d’ordinateur, suivant le fil d’actualité de mes amis sur Facebook, et cherchant des mots pour commenter la dernière photo de ma dakaroise préférée (Bisous à toi, Oumou). La canette de Heineken, posée à mes pieds, aidait à me plonger dans un état de béatitude, de contemplation, et de gratitude. Seigneur, tout ce que Tu fais ne peut qu’être bon. Allah est toujours Akbar…

Les bonnes choses ne durant jamais…

Un cri strident déchira le voile de calme qui était tombé sur Cacaveli. Je jette un coup d’œil sur ma montre, histoire de vérifier si c’était déjà la fin des classes pour les enfants du coin. Non ! Alors quoi ? Et pourtant le cri repartit de plus belle, entrecoupé par des mots, grossiers à loisir. Le timbre de la voix ne fait pas de doute quant à son origine : il s’agit d’une femme. Et j’étais presque sûr que le bruit provenait de la cour commune, à côté. Merde ! Je n’avais aucune envie de me dérober de ce magnifique état dans lequel j’étais plongé. Mais puisque j’étais à la quête du sujet de mon prochain billet, je décide de me lever pour faire un peu de kpakpato. (Kongossa, pour les Kamers).

A mon poste d’observation, je pus voir une femme, cheveux crépus, pagne négligemment noué au torse, laissant deviner des mamelles, flasques telles des feuilles de tabacs mal séchées. Malgré son visage en larmes, elle était presque hystérique, insultant un être jusque là invisible, en passant copieusement et belliqueusement en revue, l’arbre généalogique de son adversaire. Eh les femmes ! Elle hurlait, insultait, maudissait, pleurait. Un sinistre imbécile m’a frauduleusement dépossédé de mon appareil numérique (Émile, celui avec lequel on a pris la photo lors de ton récent séjour à Lomé), sinon je vous aurais ajouté des photos. Elle était carrément inconsolable, et son vacarme, commença à ameuter les voisins immédiats qui, habitués, étaient nonchalants à pointer le nez.

Tout à coup, un homme sort de nulle part, torse nu, avec pour seul vêtement une serviette soigneusement nouée à la taille, avec un regard noir. Il fonce sur la dame (son épouse ou compagne, en fait), et la charge. Jusqu’à la publication de cet article, chers amis, j’éprouve une certaine difficulté à trouver des mots pour décrire exactement ce qui se passa ensuite. L’homme se mit à rouer la dame de coups qui auraient plongé Ziad dans un coma de quelques heures ! (Ziad, c’est toi j’ai cité parce que je sais que tu es costaud hein, grand-frère). D’abord deux paires de gifles, méchamment orientées vers le haut du visage, une puissante gauche dirigée contre une mâchoire de la pauvre, une assommante droite qui envoya la dame au tapis, direct !

La scène se déroula avec une rapidité qui prit de court tous les témoins. Dieu m’est témoin, je ne me suis jamais mêlé des démêlés du quartier, ni de près ni de loin, et rares sont ceux avec qui je discute, après avoir échangé les salamalecs. Mais, ce jour, je décide d’intervenir, ne serait-ce que pour mettre la dame hors de portée des coups terribles dont elle est le réceptacle. Il ne me fallut pas plus de trois minutes pour dévaler les marches de l’escalier, faire le tour de la maison, et me retrouver avec les belligérants. La dame ne réussit point à déjouer les pronostics. Toujours à terre, et toujours agressive, elle recevait à présent des coups de pieds de celui qui passe aux yeux de tous pour son époux, soit dans le dos, soit en plein ventre, soit… en tout cas partout sur le corps.

Les voisins qui étaient là avant moi, ne réussirent point à calmer le mari ; et celui-ci semblait intraitable, emplit d’une haine que je n’arrive point à m’expliquer. Il piétina même le crane dégarni de la dame, avec son pied gauche.

Faisons une pause…

Chers lecteurs, j’ignore comment peindre cet ignoble tableau afin de vous faire comprendre ce que j’aimerai dire, car Aphtal n’a jamais porté, et insha Allah ne portera jamais, la main sur une créature divine, ayant deux mamelles, et une paire de fesses. C’est vrai, chacun à sa force, sa faiblesse, et surtout ses limites. Chacun pète les plombs, mais est-ce une raison pour passer à tabac un être de moindre force que soi ? Sans prétentions aucune, même sans avoir suivi des enseignements de Yoga, je ne battrai jamais une femme (une douce créature avec des seins et des fesses hein), et jamais je ne pourrai comprendre qu’un homme, un vrai, se mette à la battre.

Le mal de cette femme, c’est d’avoir décidé de rester fidèle à son mari, et de demeurer auprès de lui, malgré que ce dernier ne donne rien pour la popote. La dame s’est toujours pliée en deux pour faire manger la famille, et malheureusement, ce jour, elle n’a pu trouver de quoi faire une petite sauce pour midi. Et comme monsieur a faim, et pense que c’est le devoir de la dame de nourrir la maisonnée, il s’est mis à la battre.

Au lieu de se battre pour sa survie, et celle de sa famille, au lieu de prouver sa virilité en se battant courageusement contre les aléas de la vie, ai lieu d’aller à l’assaut des difficultés de la vie, notre cher monsieur préfère se la jouer costaud à domicile. En voilà un qui s’est trompé de combat. Il existe une abjecte catégorie d’hommes qui ne sont forts que chez eux : Ceux qui battent leurs femmes.

Voilà. On vous dit de bien faire vos choix avant le mariage, on vous dit de rester fidèle à vos conjoints, mais moi je vous en conjure : Le mariage n’est pas un joug ! On ne se marie point par pitié, et on ne reste pas indéfiniment lié à qui ne prend pas ses responsabilités. Divorcez, bon sang. Un homme qui ne contribue point aux charges du ménage, quittez-le. Un malappris qui ose vous tromper avec une autre fille, abandonnez-le !  Un fils de chien  qui ose porter la main sur vous, assommez-le avec le dos d’une poêle et foutez le camp. (Hey, mesdames, ici je blague hein, ne tuez personne).

Je le répète encore : Le mariage n’est pas un joug, ni une croix à porter indéfiniment. On se marie pour le meilleur, d’abord, avant d’effectuer des choix sur le pire.

Dialoguez si vous voulez, pardonnez si cela vous chante, restez si tel est votre désir. Mais, vous aurez mérité votre situation.

Retour à Cacaveli.

Les séances de gym que je suis depuis des mois portent leur fruits, mais je n’ai pas assez de muscles pour affronter cet homme, pour le remettre à sa vile place. Le temps de mieux m’approcher du lieu du carnage, l’homme s’arrête subitement ; la dame, à son tour se tait, arrête de pleurer, puis essuya hâtivement ses larmes.  L’homme avait les jambes écartées, au dessus de la dame, qui, visiblement reprenait confiance. Nous nous approchons pour écarter l’homme, lorsque la dame hurle : « j’ai la situation en main » !

Sans blagues ! En effet, elle avait une main qui disparaissait sous la serviette de son mari, et la force avec laquelle elle s’agrippait interdisait tout mouvement brusque au monsieur. Le visage de ce dernier devint plus calme, plus conciliant, et même suppliant. Il commençait à donner des signes de douleurs, et ne bougeait plus. « Oui, j’ai la situation en main », répéta encore la dame, en pressant vigoureusement sa prise, qui était visiblement de taille, et par ricochet arracha un hurlement de douleur à son mari. Elle tenait entre sa main, le Graal, le levier de commandement, le bangala (sexe) de son mari. Eh oui, chère amie, tu as « la situation » en main. Je retourne à mon ordinateur ; je viens de trouver le sujet de mon article.

Mesdames, prenez la situation en main, et que le bonheur soit !

J’ai dit.

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Commentaires

nathyk
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Aphtal c'est poignant ce temoignage. Tres touchant comme d'habitude. Tu as tout dit. Rien ne justifie la violence et surtout pas l'incapacite ! A+

Aphtal CISSE
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Yep yep, Grande soeur. Absolument rien ne peut le justifier. Merci d'être là, Nathy. <3

Exo
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lol
top man

Exo
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mdr...
trop top man

Aphtal CISSE
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Eh!!! Exo par ici? Hehehehe, merci bien, cher ami. Espérant te voir ici plus souvent. Paix.

RitaFlower
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Aphtal,féministe.Bienvenue au club alors.Tu as volé au secours de cette femme battue par son mari à domicile.Aucune violence conjugale n'est autorisée par une religion quelconque.Tu es un homme courageux,un vrai avec des COUILLES!pardon de la grossiéreté.L'épouse a réussi a retourné la situation en sa faveur en la prenant en main comme elle le dit elle-meme.Mais pour combien de temps,jusqu'à la prochaine fois.Je suis d'accord avec toi,il faut partir à la première gifle d'ailleurs.Sinon on rentre dans un cyle infernal de la violence.Le 25 NOVEMBRE 2012,c'était la JOURNEE en FRANCE des VIOLENCES contre les FEMMES(reportages,émissions-télévisions,articles de presse).Tu as apporté à ta façon ta contribution à cette lutte quotidienne.Merçi pour tout.

Mouinat
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Lol quelle histoire émouvante.C'est vrai qu'un homme un vrai ne porte pas la main sur une femme quelle que soit la circonstance.C'est très touchant de te voir toi un homme défendre la cause des femmes

Aphtal CISSE
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Ah, toi même tu sais combien je vous adore non? Lol. MErci ma chère. Bisous

Aphtal CISSE
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Hmmmmmmm Grande Rita, comment ne point être féministe, en lisant tes magnifiques commentaires ma? C'est juste plus fort que moi. J'aime trop la femme pour la faire pleurer....de douleur. Lol
Merci grande doeur. Bonne nuit.
Aphtal