25 février 2013

L’homme, la mère et l’épouse

 

Decisions (MorgueFile)

« L’homme quittera son père et  -surtout-  sa mère, pour s’attacher à une femme. Avec celle-ci, ils formeront une seule chair », parole du Seigneur. (Mathieu 19)

L’histoire que je vais rapporter ici est inspirée d’un vécu, d’une réalité.

Anne et Bob bouclaient à peine quatre années de vie conjugale. Ils avaient un magnifique garçon, vivaient plus ou moins modestement. Anne, secrétaire particulier du Directeur d’une respectable compagnie maritime de la place, quittait très tôt la maison, et revenait souvent auprès son mari, chef d’agence d’une institution de micro finance. Mais depuis qu’ils sont ensemble, nul ne s’est plaint du train de vie ; Anne se sentait en sécurité, à cause de la compréhension et de l’aide de son mari ; Bob, était heureux car son épouse, malgré son horaire, arrivait à imposer sa présence, dans la maison, et à s’acquitter honorablement de ses devoirs d’épouse : dresser la table et le lit.

La petite famille s’en sortait; leur fils Georges était confié à une crèche, toute la journée ; les jeunes époux ne manquaient aucune occasion pour se faire plaisir : Une sortie au resto, diners aux chandelles, ébats sexuels un peu partout dans la maison, week-end en amoureux, quelque part en campagne… bref, c’était un couple, comme je les aime : Occupé, mais responsable, branché, sérieux. La joie de vivre était si palpable…

Sauf que la santé de la mère de Bob empirait, au point où il faille l’hospitaliser. Ce n’était pas l’argent qui manque, d’ailleurs Bob n’était pas son seul fils ayant réussi ; mais il fallait un hôpital de référence, alors, la vieille fut évacuée sur le CHU Tokoin. Durant les quarante-trois jours qu’a durée son hospitalisation, ses belles-filles se sont succédées à son chevet ; jamais elle ne s’est sentie seule. Anne était si présente et si dévouée, qu’à sa sortie de l’hôpital, elle décide de passer quelques jours de convalescence chez son fils Bob.

La cohabitation : La drôle de guerre.

Le premier week-end, tout se déroula parfaitement. Sa chambre lui seyait bien, la présence de son fils, de sa belle-fille et de son petit fils eut un effet thérapeutique sur sa santé. Elle passa visiblement les 48h les plus agréables de son séjour à Lomé.

Lundi matin 6h ! Toute la maisonnée était déjà debout, comme à l’accoutumée. Sauf que cette-fois, Anne doit cuisiner pour la vieille qui passera toute la journée, seule, à la maison. Et elle ne se fit point prier. Elle a tout prévu, connaissant très bien sa belle-mère : Eau pour la douche, infusions, Thé, café, bouillie, pâte de riz, sauce graine, sauce de légumes, fruits, noix de cola, cure-dents, et même poudre de tabac à snifer. Tout fut prévu. La vieille apprécie le dévouement de sa belle-fille, et ne tarit point d’éloge envers sa bru.

Une, puis deux semaines passent ! La vieille était toujours en convalescence, et Anne vivait sous pression. Des contraintes professionnelles, aux obligations domestiques, en passant par le travail qu’elle doit abattre pour sa belle-mère, mais aussi et surtout, le manque de plus en plus croissant d’attention et d’affection de la part de son mari, Bob.

Celui-ci passe de plus en plus de temps avec sa mère ! Le matin, Anne partant plus tôt que son mari, Bob prends son petit déjeuner avec sa mère avant de se rendre au boulot. Le soir, après le dîner, Bob rejoint sa mère dans sa chambre, pour des discussions à n’en plus finir. Leurs fou rires, leurs ricanements, leurs rires à gorge déployée, leur complicité meurtrissaient de plus en plus Anne, qui apprend désormais à s’endormir seule dans le grand lit conjugal. Bob ne la rejoint que tard dans la nuit, et se met à ronfler aussitôt. Anne, sentait que les choses n’étaient plus comme avant, sauf qu’en bonne africaine, elle « évite de mettre le doigt entre l’arbre et l’écorce ».

Trois, puis quatre semaines, et la vieille était toujours en convalescence chez son fils Bob. La nouvelle donne, c’est que la vieille s’insurge contre le fait que son petit fils soit placé dans une crèche, et surtout contre les horaires de sa bru. Elle reprocherait à Anne de rentrer tard, et pour la lui prouver, elle fait la cuisine avant l’arrivée d’Anne. Une fois, Anne se dit qu’on ne peut pas refuser une aide ; deux fois, elle se dit qu’on ne pourra pas refuser à une vieille qui passe seule sa journée à la maison, de cuire un truc. Mais lorsque cela s’est mué en routine, Anne réagit clairement, et exposa sa désapprobation à Bob.

 « Comment ? Chérie, tu peux ne pas aimer la cuisine de maman, ce n’est pas grave, tu peux faire ta cuisine quand tu rentres ; mais je ne peux pas interdire à ma mère de me faire à manger… », répond le gros bébé.

Anne se sentit menacée, et refuse de manger les plats cuisinés par sa belle-mère ! Elle ne résista pas bien longtemps, surtout lorsque Bob, décide de ne dîner qu’avec sa mère, de lui donner l’argent du marché, et de ne manger que ce qu’elle et elle seule prépare le soir…

Chers lecteurs, cogitons un instant.

Moi, Aphtal, je ne suis point encore marié, et je sais que tout ce que je dirai sous ce paragraphe sera pur idéal, simple théorie ; en tout cas pour le moment. Nonobstant mon célibat, je sais qu’il est un art difficile pour l’homme de trouver le juste équilibre entre sa grande famille d’origine et sa petite famille de destination ; entre sa mère, et son épouse. Je parle en tant qu’Africain, et Togolais, précisément. (Les blancs, eux n’ont pas ce problème ; les maisons de retraites sont là pour cela).

A la naissance, on coupe le cordon ombilical entre mère et fils, mais nous savons très bien que le lien qui les lie ensuite est bien plus solide et plus tenace, en tout cas pour ceux qui ont la grâce de connaître l’amour maternel. Lorsqu’on a grandit sous le giron de sa mère, sous sa houlette, et lorsqu’on garde de très bonnes relations avec elle, il est difficile à l’homme de se défaire totalement des ailes protectrices de celle-ci. Une femme avec laquelle on passe près de trente années de son existence, on en est amoureux à vie. Ce n’est pas un choix, c’est la nature qui l’impose.

Ce qui est un choix, par contre, c’est l’épouse, la femme, la mère de tes enfants à toi. Et ce choix, Dieu le rend également éternel, « jusqu’à ce que la mort vous sépare ».  Comment trouver le bon équilibre entre ces deux créatures ? L’une qui t’a vu nu et t’a élevé, l’autre qui te voit nu, et qui prends soin de toi et de tes enfants ? Comment concilier la femme qui a été tout pour toi, et qui se repose à présent, et celle là qui est désormais inquiète lorsque tu rentres tard, celle qui attends ton retour avant de manger, celle là qui te dresse le lit, qui te chauffe de l’eau pour ton bain, qui te cajole, qui te console, qui te soutiens, qui t’épaule, te fortifie, te calme, t’encourage, t’écoute, bref, celle là qui te redonne une seconde enfance ?  Comment, en bon alchimiste, trouver le savant dosage de mère et d’épouse, dans ta vie d’homme ? Chers lecteurs, en toute humilité, je l’ignore.

Ce que je sais par contre, c’est que ma mère ne sera jamais la rivale de ma femme, et ma femme ne sera jamais l’égale de ma mère. Ma mère pourra m’envoyer une bonne sauce de gboma gnagna pour me faire plaisir, mais ce ne sera certainement pas parce que je lui ai remis l’argent du marché. On ne peut jamais trancher un litige entre mère et épouse, alors ma plus grande passion sera d’éviter tout accrochage entre Olivia ma mère, et Oumou ma future épouse. (Suivez mon regard).

Pour la petite histoire, Anne a fini par quitter son foyer, abandonnant Georges à Bob et sa mère.

L’homme, (être mâle) n’est rien sans une femme à ses côtés ; c’est pour cela que le Très-haut lui en place deux pour son existence : La première qui est sa mère, la seconde qui est son épouse. La plus grande Sagesse consiste à accepter que l’épouse ne fait que terminer le boulot entamé par la mère, celui de veiller sur le jadis enfant-homme, et le désormais homme-enfant.

J’ai dit !

Partagez

Commentaires

Babeth
Répondre

Que faire vraiment; faire clairement comprendre à ta maman chérie que tu adores que ta femme cè ta moitié et que l'enfant est devenu un homme qui doit se construire sa propre famille!
Ceci dit les hommes ont la responsabilité d'imposer à leur maman de respecter leurs femmes et vise versa.

Marius
Répondre

c'est dur. la nature a placé les hommes entre le marteau et l'enclume. Que faire? seul la sagesse et la ruse peuvent nous sauver.

Emile
Répondre

J'ai particulièrement aimé cet article.
Bravo!

Mouinat
Répondre

les femmes ont souvent une sorte de jalousie envers leurs belles filles mais si elles la cachent on pourra déroger à la règle du "toujours"

Aphtal CISSE
Répondre

Hmmmm, paroles de femme... Merci ma chère

Madigbè KABA
Répondre

Ah ah Aphtal, c'est quand ton mariage avec Oumou, lol? Surtout, si maman prépare du gboma gnagna, invites-moi hein. Apparemment, ça doit être délicieux. Quand même, les deux femmes doivent se comprendre. Bon billet Aphtal, comme tu nous en a donné l'habitude.

Aphtal CISSE
Répondre

Merci, Madi! Oui gboma est une fantastique sauce; je te la ferai gouter sûrement un jour, si la vie nous réunis, mon cher!
Merci à toi

bella
Répondre

hum en tt cas je n'aimerais pas être à la place de cette pauvre fille. les belles mères se comportent comme si elles n'ont jamais été belle fille kelkune. en tt cas ce ke je déplore ché la fiy cè kel soit partit en abandonnant son fils à cette sorcière et à se idiot ki lui sert de fils

Aphtal CISSE
Répondre

Mdr, bella! C'est vrai que le sort du môme est à déplorer. Vraiment trop triste l'histoire, j'aurai vraiment aimé que ce ne soit pas une Anne que je connais; Hélas!

Mouinat
Répondre

hum "lonho bla soutien" comme on le dit en éwé.il y aura toujours des rivalités entre la femme d'un homme et sa mère

Aphtal CISSE
Répondre

Hmmmm, "toujours" ma, Mouinat?