Je suis togolais: épouse moi si tu peux…
Une fois de plus, je vais me mettre dans la peau du défenseur momentané des droits des femmes. Cela ne m’arrive pas souvent, mais à chaque fois que l’occasion se présente, je préfère ne point me dérober à cette noble et immense tâche. Oui la tâche est immense, car elles sont des milliers, ces femmes togolaises qui souffrent dans le silence de la dignité.
Ces femmes souffrent, parce qu’elles sont battues, excisées, violées, meurtries dans leur chair. Mais le nouveau ring sur lequel les femmes sont constamment au tapis, est celui du mariage. Je sais, vous pensez déjà à la polygamie, aux violences conjugales sous toutes ses formes ou presque ; vous aurez peut-être raison ! Mais je ne parle pas de cette lâcheté masculine, je parle du mariage utilisé comme arme.
Je ne suis pas doué pour les introductions, alors je me jette à l’eau ! Au Togo, les jeunes hésitent de plus en plus à se marier, à s’engager, à « se mettre la corde au cou ». J’ai longuement cogité dessus, je me suis entretenu avec mes amis religieux, j’ai discuté avec des amis qui se sont mis en couple, j’ai fréquenté des couples vivant maritalement, ou en concubinage ! Les avis que j’ai recueillis ne m’ont point convaincu, mais au contraire, ont confirmé mon opinion : les togolais sont des machos, dans la majorité.
Oui le mariage est utilisé comme une arme, servant à maintenir la femme dans un état de soumission, de docilité et de fidélité. On le sait, le rêve de toute jeune fille, c’est de parcourir l’allée centrale de sa paroisse, devant famille et ami(e)s, vêtue de blanc, sur fond de musique de la Grande Marche, se pointer devant le curé, se passer la bague au doigt, et monter à bord d’une voiture spécialement prêtée pour l’occasion, pour la lune de miel ! Demandez à n’importe quelle fille quel est son plus grand rêve : « celui d’honorer ma famille, dans un mariage grandiose », répondra-t-elle, candidement !
Ah, les hommes le savent, et gardent la carte du mariage comme un joker. Toutes sortes de théorie développées par les hommes, pour retarder l’heureuse échéance.
« Oh tu sais, le mariage c’est pour la vie, alors il faut que je m’assure que j’aurai des enfants avec cette femme, avant d’apporter la dot ; alors si elle ne me fait pas un enfant avant, ce sera difficile de l’épouser tout de suite ».
Un autre gars me dira : « Mon petit, la femme quelque soit son âge, a une cervelle de gamin. Il faut lui promettre ce qu’elle désire le plus, pour espérer tirer le meilleur d’elle. Tu l’épouses tout de suite, elle te montre sa seconde face, et tu ne seras plus jamais heureux. »
D’autres développent la théorie suivante : « Le mariage, cela ne sert pas à grand-chose. Elle est là, elle te fait des enfants, pourquoi engager d’autres frais totalement inutiles ? »
La catégorie la plus instruite et pourtant la plus abjecte tient ce discours qui force le mépris : « Le mariage, cela veut dire que la femme a droit sur tout ce qui t’appartient. Comme elle sait qu’à ta mort tout lui revient directement, elle ne respecte plus ta mère, et risque même de provoquer ta mort. Conseil d’aîné, petit : donne tout à la femme sauf ta confiance ».
J’ai ouï toutes sortes de théories aussi stupides les unes que les autres, et les seuls mots qui me viennent en tête sont : Femme, pauvre de toi.
Je connais des hommes qui arrivent à faire un mariage civil avec leurs épouses, à l’insu de ces dernières. Pourquoi ?
Ah, il ne faut surtout pas qu’elle sache, sinon, elle va commencer par mal se comporter, par réclamer des droits, par demander les allocations, par prendre de mauvais conseils ; elle aura même plus de droits que toi, et te menacera d’aller au tribunal, au moindre pépin.
A Lomé, il existe aussi une catégorie d’hommes qui fondent un foyer (femme, enfants, maison…), avec une femme, tout en épousant légalement une autre, qu’ils entretiennent ailleurs.
Ce que je leur réponds :
Je sais que je ne suis pas la voix la plus autorisée à parler de mariage, et que je n’ai de leçons à donner à personne. Mais en même temps, je n’ai pas besoin d’être expert en régime matrimonial pour constater tout le tort que les hommes causent aux femmes, mais aussi tout le mal que les hommes se font sans le savoir.
Quelle stupidité que de croire que la stérilité ne peut qu’être féminine ? Certains hommes n’ont jamais entendu parler d’azoospermie, oligospermie, asténospermie, et toutes ces anomalies qui affectent la reproduction masculine. Et une fois la grossesse déclarée, qu’attendez-vous pour officialiser votre relation devant Dieu et devant les hommes ?
A ceux qui pensent que le mariage est « inutile », je leur réponds qu’il est plutôt inutile de faire des enfants si on ne peut pas leur conférer un certain nombre de droit. Au Togo, la législation a fini par supprimer toute différence entre les enfants nés hors mariage et ceux nés dans le mariage. Mais la loi c’est la loi, et nous savons que la pratique en diffère énormément. Le mariage, cela consolide le droit des enfants, et ça, ce n’est pas inutile, à mon sens.
Chers mâles dominants, le mariage n’est pas un cadeau qu’on offre à une femelle. Il va au-delà de la célébration religieuse, du gâteau, du vin, et de la lune de miel. Il n’est pas seulement une soupape de sécurité pour la femme, que vous épousez ! Il n’y a pas que la femme qui hérite de son mari, et d’ailleurs la loi réglementé énormément la succession. Il existe des femmes plus aisées que leurs maris et des femmes peuvent décéder avant leur époux. Quid alors de l’héritage, du sort des enfants ?
Marié, les biens sont mieux répartis. Sans union légale, les biens sont tout simplement bradés, et les plus grands perdants demeurent les enfants, et la femme, dans une certaine mesure. Moi, Aphtal, je préfère que la femme avec laquelle j’ai passé le clair de mon existence, soit au volant de ma Cadillac, à ma mort. Mon âme reposera en paix, en ayant à l’idée que mes enfants, légitimés par mon mariage, vivront tranquillement dans ma maison, et jouiront paisiblement des biens meubles (terrestres et éphémères) que j’aurai acquis, tant mieux si c’est avec leur mère !
Une grande-sœur, fidèle lectrice de ce blog m’a demandé de vous présenter ma petite amie, si j’en ai. Je ne le ferai pas tout de suite, mais chérie, si tu lis ces lignes, crois moi, je t’épouserai autant de fois que tu voudras ; communauté ou séparation des biens, ce sera à toi de décider. L’essentiel est que tu sois la mère de mes enfants, et que tu sois Ma Mme CISSE.
Le mariage ne profite pas qu’aux femmes ! Il nous protège aussi, nous les hommes. Seuls les malheureux ne s’en rendent pas compte !
J’ai dit !
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