29 avril 2013

27 Avril: Drôle d’anniversaire pour ma Patrie

Monument de l’indépendance du Togo (Image: Google)

Celui qui a vu le jour en 1960 aura cinquante trois ans, cette année. Des hommes ou des femmes de 53 ans, il doit sûrement en avoir, sur toute l’étendue du terroir. Pour un Etat, on ne parle pas de naissance, mais d’indépendance ! En ce qui concerne mon pays le Togo, le 27 Avril 1960 est la date à laquelle il a accédé à la souveraineté internationale.   27 Avril 2013 ! Voilà cinquante-trois ans que mon pays est indépendant.

Pour la petite histoire, le Togo a été colonie allemande, placée sous mandat de la SDN, puis confié à la France, jusqu’en 1960, année d’indépendance. Le père de l’indépendance, et premier président du Togo est feu Sylvanus Olympio. L’histoire retiendra qu’il y a eu coup d’Etat, donnant la mort au premier Président, faisant succéder des présidents, parmi lesquels Grunitzky, Dadjo, et les deux Gnassimgbé. Je vous précise (si je me risque à cela), que des années durant, la date du 27 Avril a été occultée, au profit du 13 janvier, date du coup d’Etat ! Soit !

Bon, un anniversaire cela se fête. S’il s’agissait d’un homme, il y aurait eu une grandiose réception, des convives minutieusement choisis, des boissons fortement alcoolisées, de la musique à déchirer les tympans, un gâteau d’anniversaire, des cadeaux à recevoir, et voilà… Mais il ne saurait en être de même pour une nation souveraine, un Etat indépendant !

L’anniversaire d’un Etat, c’est le défilé militaire et civil, la présence d’invités de marque, la mobilisation de la population, la joie nationale, la fierté de toute un peuple ; c’est le moment où le patriotisme est à son paroxysme, dans un Etat ; c’est ce moment où l’Etat s’affiche dans toute sa grandeur, fait preuve de sa force, de sa puissance et de ses ressources, tant économiques, humaines, culturelles, religieuses, que militaires !

La date d’indépendance, est le jour où tous les habitants d’une même patrie se reconnaissent sous un drapeau, se comprennent en chantant l’hymne national, se taisent à la mémoire de ceux là qui ont payé de leur sang, le prix de la liberté ! Le 27 avril au Togo, est censé être le jour où, tout togolais renouvelle sa confiance aux institutions de la République ; le 27 avril, c’est cette date où, le peuple togolais –en tout cas dans son écrasante majorité– est fier du Président qu’il a librement et démocratiquement choisi, fier de son Assemblée Nationale qui le représente et qui œuvre pour lui, fier de son appareil judiciaire, qui lui offre une justice juste et équitable, fier de son armée, neutre et républicaine, qui le protège contre tout ennemi domestique ou étranger ! Le 27 avril 2013, est censé être la date à laquelle, le togolais s’abandonne une fois de plus à ces institutions étatiques, résolument tourné vers son avenir, confiant, plein d’espoir.

Mais hélas, j’ai l’amère impression que nous sommes passés à côté de la plaque, le 27 avril dernier.

27 Avril 2013, un échec ?

Une fête, cela se prépare : carte d’invitation, tours chez le coiffeur et le tailleur, commande du gâteau d’anniversaire… Bref, sans être invité, on sent du changement dans l’air, on sent du remue-ménage, de l’agitation chez le voisin festif. Pourtant à Lomé, et dans toutes les villes de l’intérieur, il n’y a rien eu comme préparatifs, rien comme agitation, rien comme événement annonçant une heureuse échéance. Rien de rien !

Si, il y a eu quelque chose ! J’ai la mémoire courte, pardi ! Il y a bel et bien eu quelque chose : on a abattu un jeune élève à Dapaong. Ne me demandez pas pourquoi. C’est un événement certes, mais le trouvez-vous assez gai, pour annoncer le 27 avril ? A vous d’en juger !

A la télé, (je regarde rarement la télé : je n’ai pas de câble, et les chaînes locales, sont si déprimantes), que du réchauffé : des chansons composées pour le Jubilé d’Or, vieilles de trois ans déjà. A part cela, rien de bien important. A la radio, idem ! J’ai fini par oublier qu’un évènement approchait.

Dans les rues, toujours du déjà vu. Les avenues sont restées aussi tristes, les monuments aussi sinistres, les murs aussi nus. On a badigeonné une artère pour le défilé militaire. A part cela, quoi d’autre ? Oui, le 26 avril, veille de la fête, c’est un Président aux traits avachis qui sert son discours creux sur le sempiternel plateau de la froideur et du mépris. Toujours les mêmes mots, juste l’introduction de quelques mots en la mémoire du jeune Sinandare sacrifié sur l’autel de la mal gouvernance. Voilà.

27 avril, jour-J. Défilé militaire, avec les mêmes régiments, les mêmes généraux, les mêmes bourreaux ; dans la tribune officielle, les mêmes gars du gouvernement, quelques représentants du corps diplomatiques, et voilà. Je n’ai pas perdu mon temps à regarder le macabre spectacle : je le connais par cœur, ce sinistre cérémonial. Ensuite quoi ? Ils iront se gaver de viandes, s’abreuver de vins, dans un jardin, quelque part, et ce sera tout ! Au diable, la grève des travailleurs ; au diable les réclamations des élèves ; au diable les menaces des étudiants ; au diable le jeune élève fraîchement enterré dans les entrailles de Dapaong ; au diable le peuple et ses aspirations !

27 avril 2013, un bar à Cacaveli a fait une promotion sur ses bouteilles de bières ! Je m’en suis offerte une seule, et j’ai bu à la santé de cette patrie qui vieillit sans véritablement grandir ! A la tienne Togo Chéri !

J’ai dit

Partagez

Commentaires

Moni
Répondre

ca fait couler les larmes de vivre cette situation tous les jours et bienôt les élections et ce sont les mêmes qui gagnent

Aphtal CISSE
Répondre

Hmmmm ma chère ton commentaire ajoute à ma tristesse

Aphtal CISSE
Répondre

tu peux pas savoir oh combien je suis triste, Serge

Serge
Répondre

quelle tristesse dans ces lignes... comme la plus part des pays d'Afrique noir, le Togo vieillit mal