23 mai 2013

Je suis Togolais: je ne m’assure pas!

Ah Lomé, Lomé ! Lomé ma ville, Lomé, capitale de mon foutu pays pourri et chéri ! Ah Lomé, et ses frasques, Lomé et ses particularités, Lomé est ses « loméneries ».

Hier soir, le taxi-moto censé me raccompagner à la maison, viola à vive allure les feux tricolores d’Adidoadin, un peu avant la maison de l’ex-ministre et ex-détenu Pascal Bodjona. C’est le genre de comportement que je déplore de la part de mes concitoyens. A peine ai-je tenté de lui faire des reproches qu’il se mit à se justifier « Fovi, je n’ai pas de plaque, alors qu’il y a des policiers. C’est presque le week-end, tu sais comment ils sont intraitables du jeudi au samedi. »

Ouais mais et alors ? Ce n’est quand même pas à cause de ta plaque que moi je vais trépasser ce soir hein ! Tu choisis délibérément la voix de l’illégalité, je n’en subirais pas les conséquences avec toi, pardi ! Bon je me garde de le sermonner, et de me la jouer juriste, car, six mois durant, j’ai conduit la voiture de mon père, sans plaque d’immatriculation.

Expliquons un peu le phénomène.

A Lomé, contrairement à Dakar ou à Accra, le moyen de déplacement le plus répandu est la moto. La crise aidant, la Moto s’est transformé en symbole : symbole de réussite sociale, d’aisance, de « je-ne-suis-plus-piéton », ou « ca-va-chez-moi ».  L’étudiant le plus branché, est celui qui se rend au campus à moto ; le fonctionnaire modèle, c’est celui qui arrive à s’offrir une Sanya ou Haojue malgré son maigre salaire ; bref, en circulation, il y a plus de moto que de voitures.

Les chinois nous envahissent avec ces engins, ayant un rapport qualité-prix acceptables ; quoique 500.000 FCFA n’est pas à la portée de tous. Avoir une moto, c’est le plus gros du travail. Pour le reste, on verra.

Pourquoi le togolais ne s’assure-t-il pas ?

D’entrée de jeu, notons que l’obtention d’une plaque d’immatriculation est soumise à la souscription à une police d’assurances Responsabilités Civiles-Dommages ! Dans l’enceinte de la SOTOPLA, (La Société des plaques), il existe à peu près 4 maisons d’assurances, toutes aussi …, les unes que les autres. Ce n’est pas une obligation de s’assurer chez l’une d’elles, mais c’est difficile d’obtenir une plaque lorsque l’on est assuré chez une autre compagnie.

Outre ce coté intellect, il faut voir le coût : petite moto à assurer, même un petit scooter, il te faut débourser au minimum 50.000 FCFA, sans compter les frais parallèles, les pots de vin, le prix du bois sur lequel sera fixée la plaque… Pour les voitures, n’en parlons même pas. Et gare à toi, si tu veux un numéro plus ou moins joli… Oh oui c’est possible de réserver un numéro d’immatriculation ; plus c’est joli, plus c’est cher. Suivez mon regard !

Ces compagnies d’assurances vous font signer la police, sans vous l’expliquer, sans vous en lire les principales clauses. Elles ne sont pas là pour vous expliquer comment fonctionne un contrat d’assurance ; ne cherchez pas à comprendre : d’abord l’employé qui vous sert n’y comprend rien, et le chef qui comprends un peu n’est pas disponible pour cela. C’est une faute professionnelle, car le professionnel a un devoir d’information à l’endroit des profanes. Les usagers, juste pour obtenir une plaque d’immatriculation, signent des papiers sans se demander ce qui les lie.

Ok, le contrat est signé, on est désormais assuré, la plaque est obtenue ! Mais que Dieu vous préserve de tout accident, parce que c’est à cet instant que se dévoilera à vous, le coté obscur de votre maison d’assurances : elle prend tout son temps, attend le rapport de police, l’étudie, commande des expertises, des contres-expertises, este en justice, fait du dilatoire, avant de vous sortir un maigre chèque qui ne couvre pas les frais de transport du lieu de l’accident vers un Centre Hospitalier. Vous serez seul, face aux dépenses (police, hôpital comme mécanicien).

Alors dites-moi si vous aurez le courage d’aller renouveler un contrat qui ne vous sert pratiquement à rien ! Ceux qui s’assurent durant la première année de vie de leur engin, le font juste pour obtenir une plaque, sans grandes convictions.

Autre chose: Le manque d’exemplarité: Tout togolais sait que les policiers eux-mêmes, et même les militaires, ne se font jamais établir une plaque d’immatriculation, pour leur engins! Si des imbéciles se croient au dessus des lois, heureusement que la douleur causée par l’accident, elle, ne regarde pas l’uniforme.

Et pourtant, une assurance vaut mieux que ça !

Une assurance Responsabilité civile, nous protège nous même, et protège les autres usagers de la route, à condition que les clauses du contrats soient vraiment respectées. C’est simple : porter un casque n’a jamais fait de mal à personne, et pourtant combien sont-ils, à le porter ?

Oui les compagnies d’assurances sont lentes à réagir, et parfois n’interviennent qu’après de longues procédures judiciaires. Mais il existe des compagnies sérieuses, qui versent un dédommagement avant toute enquête policière (je ne la citerai pas, car elle ne m’a pas retenu, après mon stage.), et ça, ce n’est pas à perdre de vue.

Il y a des compagnies d’assurances qui prorogent de quelques semaines votre couverture, avant de vous mettre en règle avec la comptabilité. Toutes les compagnies ne le font pas, c’est sûr, mais toutes les compagnies ne sont pas à diaboliser systématiquement.

D’autre part, on a beau être assuré, il faut rouler de façon intelligente : respecter les limitations de vitesses, les règles basique de la circulation, le port de casque, et autres… Lorsqu’on roule intelligemment, le constat d’accident se fait aisément, sans grande expertise, et le remboursement se fait sans grande hésitation.

 Le contrat d’assurance vous protège juridiquement, et vous donne la garantie d’une assistance financière et peut-être morale, en cas de dommages ; mais il n’évite pas l’atroce douleur physique qu’engendre le crâne contre l’asphalte. En signant un contrat d’assurance, c’est une relation de confiance qui s’installe entre le souscripteur et son assureur : le souscripteur attend assistance et remboursement, en cas de dommages, mais aussi l’assureur fait confiance au souscripteur, en le considérant comme une personne responsable, soucieux de sa vie, de celle des autres, et surtout, se conduisant sur la voie publique, en bon père de famille!

J’ai dit!

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Commentaires

Mouinat
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Ah toi aussi avant de prendre les taxi moto il faut quand même vérifier qu'il y a une plaque d'immatriculation.En outre je pense que les conducteurs de taxi moto doivent avoir non seulement un casque pour eux même mais aussi un autre pour leurs clients.je suis toutefois d'accord avec le fait que malgré qu'on ait une assurance on fasse preuve de prudence et de responsabilité

Aphtal CISSE
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T'es sérieuse là ? Vérifier la plaque du conducteur reviens à se taper des kilomètres à pieds hein

Mouinat
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Heu...Aphtal là je te suis pas du tout.Qu'est ce que tu veux dire par là?