15 mars 2014

Du Togo et des dialogues…

Dialogue
Dialogue

 

Bien le bonjour à tous, chers lecteurs ! Oui je sais, cela fait un petit moment que cette maison est laissée sans soins et sans publications ! Bien, nous sommes de retour !

De prime abord, comme pour toute sortie politique sur ce blog, j’aime à clarifier certaines choses, avant de me lancer dans le fond : je ne suis membre d’aucun parti politique, pour le moment  (je vous en fais la solennelle promesse, le jour où je m’engagerai politiquement, je vous le dirai sans sourciller) ; je ne suis pas analyste politique, et je ne suis pas spécialiste de la vie politique togolaise. Tout ce qui suit, vaut ce qu’il vaut. Soit !

Je suis loin de vous livrer le scoop du siècle en évoquant ici la rencontre entre le Président de la République Togolaise Faure E. Gnassimgbé (FEG), et un Président de Parti politique, Jean-Pierre Fabre (FJP). Cette rencontre a fait couler tellement d’encre et de salive, déchaînée tellement de passions que je me demande si cet article mérite d’être rédigé. Preuve de l’imbroglio total, je vous cite ici un encadré sur lequel je suis tombé ce midi, en lisant une parution satirique :

« – Après le mini-dialogue que nous venons d’avoir avec lui, moi je n’ai rien compris ! Et toi tu as compris quelque chose?

– Bien sûr !! Pensant le dialogue, il a dit d’aller voir le Premier ministre pour dialoguer avec lui afin qu’il dialogue avec la Coalition Arc-en-ciel, pour qu’un dialogue entre les opposants soit organisé en vue de préparer un dialogue avec le gouvernement qui se chargera de dialoguer en son sein avant de penser à dialoguer avec l’ensemble de la classe politique pour qu’un cadre permanent de dialogue voit le jour ! C’est clair non ?? »

J’ai failli rire hein, mais quand on relit cette blague, et quand on se remémore les antécédents politiques de ce pays, ce scénario n’est pas totalement impossible. C’est un autre débat !

Inutile de reprendre ici les moyens utilisés par FJP, pour contester la légitimité de FEG, au lendemain des dernières élections présidentielles ; inutile de reprendre les causes qui ont eu pour effet, la création du parti politique ANC ; inutile de reprendre les missives échangées par les deux hommes, qui ont abouti à cette rencontre ; inutile de… Bref, tout ceci n’est que la forme.

 

Quel est le « fonds de commerce » ?

 

L’étendard sous lequel prétendent militer tous les partis politiques, est celui des « réformes constitutionnelles et institutionnelles » ! C’est le sempiternel mantra récité par tous ces messieurs depuis…aussi loin que remonte ma mémoire. Le combat se veut noble et louable ; et les différentes batailles qui caractérisent ce combat sont entre autres les nombreux dialogues, l’APG, euuuh, les dialogues, puis les dialogues, puis le CPDC, puis les dialogues, puis le CPDC-rénové, puis les dialogues, puis les dialogues, et enfin la rencontre FEG-FJP.

Mais qu’il me soit permis d’ajouter (en filigrane, s’il vous plaît) un autre aspect de la chose : la perfide loi sur le statut du chef de file de l’opposition togolaise… Qu’il vous plaise de suivre mon regard.

 

Ce qui me tracasse dans cette affaire.

Le Président de la République, dans sa réponse au Sieur Fabre, désigne clairement le Parlement comme cadre indiqué pour entreprendre les réformes constitutionnelles et institutionnelles ! En rire ou en pleurer ? A mon plus que humble avis, oui l’Assemblée Nationale est le cadre par excellence pour entamer des profondes réformes de la République. Mais, est-ce seulement maintenant que le Président de la République s’en rend compte ? Depuis son ascension à la Magistrature Suprême, pourquoi renvoie-t-il le débat à l’hémicycle, seulement maintenant, en 2014, après toutes ces années de dialogues ? 

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Ce qui me fait encore plus peur, c’est le refus du Sieur Fabre, de jouer le match des réformes sur le terrain parlementaire. Inutile une fois de plus de rappeler qu’il est un Député, lui-même ! Chers lecteurs, à ce niveau, il me passe un million de choses à coucher sur cette page, mais je préfère me retenir.

Article 144, Constitution Togolaise :

« L’initiative de la révisons de la Constitution appartient concurremment au Président de la République et à un cinquième (1/5) au moins des députés composant l’Assemblée Nationale » !

 

Sérieusement, quand commencerons-nous à faire usage des lois dont nous nous sommes dotés ? Je ne veux pas verser dans le creux débat qui indexe l’actuelle constitution comme toilettée. Je ne demande qu’à voir l’initiative ! Même si je présume (à tort ou à raison) que le projet ne passera pas, qu’est-ce qui empêche les députés de l’opposition d’avoir au moins l’initiative ?

Du coup, lorsque Mr Fabre, l’Honorable Jean-Pierre Fabre, député à l’Assemblée nationale togolaise, préfère contourner le Parlement, pour quémander un hypothétique dialogue en vue des réformes, je me dis qu’il a moins à cœur la fonction d’élu national, au profit de celle de « chef de file de l’opposition ». A croire que l’opposition est un métier. Je sais, je divague…

 

Quid du Commandant En Chef de la République Togolaise ?

 

Qu’on le veuille ou non, qu’on l’acclame ou qu’on le hue, qu’on le bénisse ou qu’on le maudisse, qu’on le crie ou qu’on le décrie, qu’on le reconnaisse ou qu’on le conteste, Faure E. Gnassimgbé détient à ce jour, l’effectivité du pouvoir exécutif, avec ce que cela implique comme privilèges et surtout comme devoirs ! A ce titre, il est constitutionnellement indiqué pour enclencher les réformes constitutionnelles (et institutionnelles, par incidences), si tant est que lesdites réformes lui tiennent véritablement à cœur !

Je ne veux absolument pas douter de la bonne foi du Président de la République, mais je suis convaincu que ces réformes ne seraient plus à l’ordre du jour, s’il désire effectivement les mener ; je suis convaincu que le Président n’a absolument pas besoin qu’on le supplie pour qu’il agisse conformément à l’Article 144 de la Constitution.

 

De l’inutilité d’un autre dialogue politique !

Dialogue de sourds...
Dialogue de sourds…

 

Au regard de ce qui précède, j’ose affirmer, que dans tout ce brouhaha, y a des rôles qui sont joués : certains jouent au dilatoire, certains font les sourds, certains jouent aux imbéciles, certains ignorent les règles du jeu, mais TOUS perdent du temps au peuple togolais.

Qu’on inscrive à l’ordre du jour de ces dialogues, d’autres sujets que les réformes constitutionnelles et institutionnelles, et qu’on cesse de faire perdre du temps au peuple car, la Constitution prévoit deux façons d’être modifiée : par voie parlementaire (sur initiative des députés ou du Président de la République), et par voie référendaire ! Cette rencontre entre Faure et Fabre est inutile car justement l’un est le président, et l’autre est député, de la même République. Suivez mon regard…

Je suis également un fervent partisan du dialogue qui, dans de nombreuses situations (pas toutes), permet la résolution de nombreux malentendus ; mais comme je le disais dans un précédent article, les dialogues ne construisent pas les routes, les dialogues ne mettent pas du poisson dans ma soupe, les dialogues n’équipent pas les CMS en antipaludéens, les dialogues ne garantissent pas de l’eau courante, du courant électrique, ou de la connexion internet ! Oui, un dialogue de plus est un dialogue de trop !

Dialogue3

Mais bon, chers amis, peut-être que je me trompe ; peut-être que je n’ai rien compris ; peut-être suis-je totalement à côté de la plaque ; certainement que je n’ai rien compris des jeux et enjeux politiques et des calculs politiciens ! Mais de grâce, demandez aux acteurs politiques de moins dialoguer, et de travailler plus ! Qu’ils se taisent et qu’ils fassent leur job !

J’ai dit !

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Commentaires

AGBOYIBOR Mawuena
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Aphtal, tu as tout dit ! Je suis fier de toi et très content de l'œuvre que tu abats pour construire et ériger une conscience nationale claire et intelligente. Merci !

Aphtal CISSE
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Meri à vous :)

Elolo Adzra
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Lu et approuvé. "demandez aux acteurs politiques de moins dialoguer, et de travailler plus ! Qu’ils se taisent et qu’ils fassent leur job !"

ABOKI
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Si moi qui n'ai pas trop fréquenté, je comprends clairement ton analyse sur ce fameux article 144 de notre fameuse Constitution. Ces soit disant politiques de notre pays qui sont sensés éclairé le peuple, je me demande ce qu'ils foutent en fait. Ils pensent prendre le peuple pour des idiots. Heureusement qu'il y a des blogs togolais comme le tien pour prouver le contraire. Bon boulot mon frère... Chapeau...

otibou
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lu et approuvé

Liparmel
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Chapeau Aphtal,on croit bercer le peuple togolais avec des dialogues...ils ont menti.ils nous perdent plutôt le temps comme tu l'as dit. Des fois je me pose des questions sur l'avenir du togolais lambda

Edem
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Frèro, tu as tout dit. Et d'ailleurs pas besoin d'être analyste politique pour dénoncer ces "dialogues" qui finalement ne riment à rien. "Trop de viandes ne gâtent pas la sauce",dit-on,mais dans ce cas là,pardon,on a assez mangé de viandes,ou du moins,senti l'odeur du brûlé

Cyrille Nuga
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Je ne suis pas non plus un analyste politique, mais je partage ton analyse. Y a tellement à dire que...j'espère juste que mes compatriotes prendront du recul et apprécieront

Aphtal CISSE
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Tellement à dire que??? Allez, chef, faut dire pour toi aussi en même temps...