Ces canevas de réussite à revoir…

9 octobre 2014

Ces canevas de réussite à revoir…

Cordiaux salamalecs.

Mendiant par Chris Serour via Flickr/CC
Mendiant par Chris Serour via Flickr/CC

Convenez avec moi qu’il y a de ces choses qui vous bouleversent, qui vous font remettre des conceptions en cause, qui vous secouent. Et lorsque vous vous amusez à décortiquer le quotidien d’un « mendiant », vous n’avez plus la même compréhension du mot « nenécessiteux ».

Des mendiants, nous en croisons tout notre saoul dans le moindre de nos déplacements. Nous sommes soit à moto, soit en voiture, nous sommes pris de pitié envers ces estropiés, nous jetons rapidement une pièce à leur endroit, puis nous espérons divine récompense.

Eh bien parmi ces bénéficiaires, se cachent souvent de vrais professionnels de la mendicité, c’est-à-dire des gens qui en ont fait leur métier, le font bien, en vivent et chérissent une famille avec.

Voilà un mendiant qui arrive à son poste de travail, généralement un feu tricolore, en descendant d’un taxi, ou de tout autre moyen de déplacement. Oui, ils ne sont pas tous piétons.

Une fois installé, le type se met dans une telle position, qu’on n’a pas trop envie de regarder une seconde fois sans faire la zakaat. Il force l’émotion, il force la sensibilité, il force la main.

Le type est là, la journée durant, par tous les temps. C’est surtout lorsqu’il fait chaud, lorsque le soleil est haut, qu’il vous exhibe proprement son « handicap ». Bref…

Le soir tombé, voilà notre mendiant qui se rend au marché d’à côté pour y faire des emplettes. Et il n’y va point du dos de la cuillère. Viandes,  poissons, légumes, fruits… Tout pour un repas équilibré. Les revendeuses du marché vous diront que ce sont des gens qui ne discutent pas trop les prix fixés. Une sorte de gentleman, quoi.

Vous le verrez rependre un taxi, ou tout autre moyen de déplacement, puis hop… A demain.

A la fin du week-end, comble de l’étonnement, vous le verrez dans une agence d’une institution de microfinance, ou carrément d’une banque de la place. Bah quoi ? Le gars y tient un compte épargne. N’est-ce- pas qu’il faut faire des économies? Et c’est justement là que vous vous posez des questions; des vraies ou fausses questions.

Un mendiant qui alimente un compte en banque ? Les Togolais sont-ils si généreux ? Au finish, a-t-on à faire à de véritables nécessiteux, ou à de « véreux businessman », pour reprendre le terme de mon ami Kelly ?

Sans trop paraître pédant, même les mendiants vivent bien et possèdent un compte bancaire…

Tu regardes ta propre vie, et tu te demandes si tu n’es pas en train de la rater…

———-
Entièrement rédigé dans WordPress pour Android.

Partagez

Commentaires

Djifa Nami
Répondre

La FAIM (et le compte bancaire!) justifient les moyens :)

renaudoss
Répondre

Très amusant, d'autant que c'est véridique. On peut se poser la question du sens profond de tout ça là, en effet. C'est à se demander qui se fait le plus couillonner par la vie des deux, le "nécessiteux" "obligé" de quémander ou celui qui donne par "compassion"?

Répondre

Aph t'es drole! et à combien estime tu leur salaire mensuel? histoire de voir si je peux changer de métier...mais le soleil là...

samy
Répondre

Je connais un gars comme ça àà un feu tricolore au pied d'une des grandes écoles de lomé. Il y est depuis 1998 au moins puisque je l'ai connu en cette année là et que je me plaisais lui refiler quelques pieces de mon argent de poche en allant au lycée. ça a duré plusieurs années jusqu'au jour où je me suis approché de lui pour essayer de lui apprendre à faire de la sculpture. Je me suis dis que ce serait pour lui une bonne source de revenus d'autant plus que c'étaient des sculpture sur crayon et qu'il était devant une école. Je lui ai donc montré les prémices et suis passé 48h plus tard voir le résultat avant de lui montrer comment mettre du vernis et faire sécher. Et là il m'a dit "tu vas m'excuser mais, avant de travailler je dois demander la permission à mon grand frère". J'ai été estomaqué et en jeune lycéen l'poque, avec tout ce que je pouvais me permettre comme bonus grâce à ces extras perçus sur la vente de mes créations, je ne pouvais pas admettre qu'il préféra lui rester dans son statut de mendicité . Il devait à l'époque avoir au moins 25 ans. Depuis ce jour, plus jamais il n'a vu la couleur de mes sous. Quand je passe avec ma mère now et que je sens qu'elle veut lui expédier une pièce, je relève la vitre de sa portière et la verrouille. Il faut éviter d'encourager les paresseux lui dis-je souvent. IL continue toujours malgré toutes ces années à agiter énergiquement la main dans ma direction quand il me voit arriver et à me sourire.
Dommage parfois d'avoir en face de soi de ces genres de personnes, ça décourage de venir en aide aux vrais nécessiteux. De plus mendicité certes mais à un moment, quand on a amassé un peu des sous des autres, faut penser à devenir soi même "donneur".

Aphtal CISSE
Répondre

Combien tu as raison, frère. Difficile de faire le tri. Du coup les vrais necessiteux en pâtissent.

Tpirakc
Répondre

"Tu regarde ta propre vie, et tu te demande si tu n’es pas en train de la rater…"

Non tu n'es pas en train de la rater au contraire mener une vie morale irréprochable et pleine de conscience c'est le maximum qu'on peut atteindre en matière de vie vécue. Moi, depuis bien longtemps je ne reconnais plus à l'émotion sa première place dans mes décisions actées. Ton titre est tout trouvé.

Aphtal CISSE
Répondre

Merci chef.

Mais sérieux. Plus aucun sentiments dans le moindre de tes actes ? Sentiments zéro ?

Fotso Fonkam
Répondre

Wow! ça donne presque envie de changer de métier pour devenir mendiant.

Aphtal CISSE
Répondre

Loool. Et tu compte épargner dans quelle banque, toi ?

Dedy DANGA
Répondre

Des escrocs sous des manteaux teigneux. Et que dire de ceux qui le font en famille carrément alors? Chapeau!

Eteh Komla ADZIMAHE
Répondre

lol, je n'ai jamais oublié ce mendiant dont le téléphone a sonné alors qu'il était posté à un feu tricolore. Mon dieu, ce type a sorti un smartphone de sa poche. Valeur estimée à l'oeil nu (ou à vu d'oeil)... au moins 100 mille francs !!!

Aphtal CISSE
Répondre

J'imagine ton aigreur quand tu as vu cela, chef.

Mais sérieux je commence à me poser des questions quoi

Roger
Répondre

Lomé est petit face à Dakar sur ce point. Il faut que je te fasse un billet réponse hein @AphTal

Aphtal CISSE
Répondre

Je suis dans l'attente grand frère.

Anonymous
Répondre

Je parie que très peu d'entre eux sont dans le cas que tu décris :)

Aphtal CISSE
Répondre

Comment le savoir, anonyme. Comment ?

Aphtal CISSE
Répondre

Comment le savoir ?

Lionel
Répondre

C'est le quotidien qui nous réduit à ces états de basseses. Si boulot et opportunité de faire valoir sa compétence il y en avait suffisament, ces « faux-mendiants » existeraient de moins en moins.

A côté, il est clair que c'est un business bien lucratif parce que fondé sur un élément naturel, la générosité des hommes.

Aphtal CISSE
Répondre

Ça tu l'as dit.

Mais quand y en a qui surfent sur la générosité des autres là...

Peace