Droit de réponse: ces filles qui nous rendent la tâche difficile
Chers lecteurs, je viens de tomber sur un courriel envoyé par une lectrice qui exerce un droit de réponse suite à un billet jadis publié sur ce blog. Je serai bien égoïste de ne pas partager sa missive avec vous. Je l’ai lue, relue, et cela m’a quelque peu grandit. Lisez également, et faites vos avis dessus.
Ces hommes qui nous rendent la tâche difficile.
« Bonjour Monsieur Aphtal. Je viens de découvrir votre blog à la faveur d’une recherche Google. J’ai été captivée par vos récentes publications, et je ne me suis pas faite prier pour parcourir et découvrir les plus anciennes. Mes vives félicitations pour ce que vous faites, et bonne et heureuse année, à vous, et à votre plume.
Je vous envoie ce mail afin de rebondir sur l’un de vos articles titré « Ces femmes qui nous rendent la tâche difficile ». Mon objectif est d’essayer d’éclairer votre lanterne sur certains aspects de la vie à deux, et vous parler, de grande sœur à petit frère, me sachant bien plus âgée que vous.
Je ne puis mentir sur mon identité, puisqu’elle est déjà lisible dans mon adresse mail. Je suis Directrice des Ressources Humaines dans une banque, et associée gérante d’une Société importatrice de produits alimentaires. Je suis célibataire, ou plutôt divorcée, mère de 3 enfants. J’espère que vous savez à présent combien j’ai pu me sentir concernée par votre article.
Dans votre sous partie « Ces vicieux modèles qui vous desservent », vous faites à mon avis une insulte sans pareille à toutes ces femmes qui, meurtries par l’échec de leur vie conjugale, on fait le douloureux pari de vivre seules, et de l’assumer. Voyez-vous, un mariage n’échoue pas par la faute exclusive de la femme. Et croyez-moi, l’une des décisions les plus importantes, les plus douloureuses, et les plus salvatrices qu’une femme puisse prendre, est de quitter le foyer conjugal, après des années de vie commune.
Cette décision est d’autant plus difficile, à cause de l’attachement que nous avons pour nos maris, pour nos enfants, pour tous les membres des deux familles désormais alliées, et surtout à cause du poids social, de ce regard que la société porte sur les femmes qui quittent le foyer. Et ce que vous êtes encore loin d’imaginer, est que c’est ce respect que nous avons pour nos anciens maris, ce respect pour notre ancienne belle-famille, ce respect pour le nom que nous avons jadis porté, c’est tout cela qui nous interdit de nous remarier, de nous lier à nouveau. Oui ! Nous autres femmes sommes tellement stupides au point de préférer rester seule par respect (?) pour l’ancien mari, que de nous remarier.
Vous avez également une notion assez réduite de ce que peut être l’épanouissement, et des valeurs familiales à inculquer à sa progéniture.
Monsieur Aphtal, certains hommes tout comme certaines femmes éprouvent de l’épanouissement au travers d’une respectable réussite professionnelle. D’autres, au travers d’une vocation (prêtre, nonne, imam…). Leur en voudra-t-on ? Vous idéalisez tellement le mariage que vous en occultez les à-côtés. Le mariage ne garantit l’épanouissement de personne, au sein du couple ; mari comme femme.
Mon second enfant est une fille, actuellement en année de Master en économie, à Toulouse. Je ne le dis pas de gaieté de cœur, mais aucun homme, même pas son père, ne peut prétendre y avoir contribué de quelle que manière que ce soit.
Les valeurs que je lui inculque ? Apprendre à composer avec un homme sans en devenir vassale. Au bureau, à la cuisine, à table, au lit…partout où elle se trouvera avec son homme, elle saura être humble et soumise, sans jamais devenir esclave d’un homme à qui on n’a pas su inculquer les valeurs de « savoir composer avec une femme ». C’est un combat de tous les jours, un combat de longue haleine, que celui de faire de nos filles des personnes totalement accomplies, des femmes à la fois mère et femme d’affaires, des êtres à la fois dociles et exigeantes, des femmes respectueuses, vertueuses et heureuses. Et si ce combat doit passer par le regroupement au sein d’une association de femmes célibataires, il n’y a aucun inconvénient à cela. Pourquoi ne pas dire par exemple, « un homme incapable de retenir une femme n’en est pas un » ?
Les vices que vous décriez dans le paragraphe qui suit, nous les déplorons tous. Et cela est vraiment désolant que nos filles soient si chosifiées. Cependant, ceci n’est pas la faute aux femmes célibataires. Pour la petite histoire ; avant son départ pour la France, ma fille avait une amie de fac. Une fille dont je tais le nom et l’histoire, mais qui se retrouve seule à Lomé pour ses études universitaires. Loyer, vêtements, nourritures, déplacements, cours…sont des dépenses trop lourdes pour elle. Une telle fille n’hésitera pas à solliciter de l’aide auprès de son petit copain (étudiant comme elle), si elle en a. Ce n’est pas par cupidité ou par appât du gain, mais par nécessité ; le besoin, il est réel et immédiat. Et c’est sur ce besoin là que jouent des hommes véreux et irresponsables, pour abuser des jeunes filles délaissées par leur papa tout aussi irresponsable. Soyons sérieux, Monsieur Aphtal, il s’agit là d’un ignoble vicieux cercle dans lequel est prise la femme.
Et votre belle citation, (j’avoue en avoir fait un tableau que j’ai envoyé à ma fille pour son anniversaire), je souhaiterais qu’elle soit reformulée, en permutant les rôles. Combien d’hommes ont jamais aidé des femmes à se réaliser ? Combien d’hommes se sont-ils sacrifiés pour la scolarisation, la formation continue, la remise à niveau, le progrès professionnel de leurs épouses ?
Il y a des femmes qui abandonnent l’école pour exercer un commerce afin de soutenir leur petit ami, ou leur fiancé dans ses études. J’aimerai bien qu’on me montre un homme qui s’est mis à cirer des chaussures afin que sa petite amie obtienne son diplôme d’enseignement supérieur.
Et comme vous le dites si bien avec l’éloquence qui vous caractérise, si une femme quitte son foyer, et qu’elle gagne plutôt bien sa vie, s’occupe convenablement de ses enfants, et se passe d’un quelconque « joug masculin », eh bien ce sera parce qu’elle aura aussi choisi qu’aucun homme n’ayant point pris part à sa croix prenne part à sa gloire. Si vous respectez autant la femme comme vous le dites, souffrez que votre citation soit valable dans les deux sens.
Monsieur Aphtal, j’ai pris un réel plaisir à vous lire, et surtout à vous rédiger ce courriel. J’espère que nous aurons d’autres échanges, sur d’autres sujets, et qu’on pourra, pourquoi pas, se rencontrer, un de ces jours. Je suis consciente d’une chose : la fougue et les idéaux de jeunesse s’émoussent au fil des ans ; cette discussion, nous la reprendrons dans dix ans, si Dieu nous prête vie, histoire de voir si vos convictions sont restées inchangées, après votre mariage.
Encore une fois, bonne et heureuse année, et au plaisir de vous relire. «
Elle a dit !
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