#TGPR15 : de l’imbécillité de l’opposition togolaise
Avant de scroller plus bas, qu’il me soit permis de vous rappeler que la paternité de la formule qui me sert de titre, est attribuée au sieur Tete Enyo, dans un brillant article qui, ma foi, est désormais intemporel ; en tout cas jusqu’à preuve du contraire.
L’opposition togolaise, disons-le, a toujours brillé par son manque d’unité, de stratégie, d’intelligence et de perspicacité. Tenez, la quasi-absence d’unité !
Je suis de ceux qui pensent qu’unité de l’opposition ne veut strictement pas dire unicité de candidature à un quelconque scrutin. L’opposition n’a vraiment pas besoin de présenter un candidat unique aux #TGPR15, ou des listes uniques aux législatives. Je ne dis pas que cela leur soit interdit, ou impossible. Mais cela n’est pas indispensable à leur survie, ou à l’avènement de l’alternance ou de la démocratie, la vraie.
J’ai été conforté dans cette position, avec l’entrée du sieur Alberto Olympio dans l’arène politique. Fichier électoral… Oui oui, je sais ce que vous pensez. Je ne puis affirmer que M. Alberto soit le PREMIER à en parler. C’est un débat inutile et stérile. Cependant, il a le mérite d’avoir attiré l’attention de nombre d’entre nous sur les incongruités que peut contenir notre fichier électoral. Et sur ce point, des partis de notre opposition ont fini par lui donner raison, et à exiger également un apurement dudit fichier. Là où M. Alberto m’a déçu, moi Aphtal, c’est quand il a fait de l’audit du fichier la condition de sa participation à l’élection présidentielle. Mais nous y reviendrons, dans un billet ultérieur.
Donc, nos partis politiques reconnaissent que le fichier électoral est n’est pas fiable, mais sont incapables de faire front commun, pour mener une âpre négociation pour sa révision. C’est tout de même ahurissant, qu’on reconnaisse que son épée soit émoussée, mais qu’on accepte quand même de combattre un Samouraï. La foi déplace les montagnes, dira l’autre.
Nous assistons à une guerre de tranchées, où les partis de l’opposition sont campés sur leurs positions, refusent d’écouter ce que pourra dire l’autre. Untel se lève, s’en va rencontrer le président de la République, et revient fanfaronner dans les médias. Quelques jours après, untel de la même opposition est reçu en audience par le président de la République, pour parler de quoi,on ne sait quoi. Mais bon, passons. Les voies du palais sont désormais pénétrables.
Ensuite, quelle est la stratégie de notre opposition ? Quel est son discours ? Quelle est sa motivation ? Quelle est la profondeur de sa conviction ?
Dites-moi, ce qui pourra me pousser, moi avocat à la cour, moi jeune magistrat, moi jeune analyste de crédit dans une banque, moi chef d’entreprise, moi directeur de société, moi professeur d’économie à la fac… dites-moi ce qui pourrait me pousser à voter pour un candidat ou parti politique, incapable de me donner un aperçu sur les recettes de l’Etat, sur les ressources, et sur leurs emplois ? Il y a quand même un minimum qui doit être fait par les partis, sinon, les électeurs sont tout simplement plongés dans une indifférence qui ne dit pas son nom. J’ai déploré le manque d’engagement de notre génération… En même temps, on ne peut pas lui reprocher d’être exigeante.
Je ne vais guère plancher sur la stratégie de l’opposition, tout simplement parce qu’elle n’en a pas. Des #TGLEG13 au #TGPR15, la seule phrase qui peint magnifiquement le tableau est : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », Albert Einstein.
Qu’y a-t-il eu de changé, depuis l’avènement de l’actuel président, en matière de réformes constitutionnelles et institutionnelles ? Qu’y a-t-il eu de changé, depuis les dernières législatives ? Où en sommes-nous avec l’Accord politique global ? Quid des recommandations de la CVJR ? Quel sens donne-t-on à sa candidature aux #TGPR15 ?
Notre opposition, ai-je fini par comprendre, a un rôle qu’elle joue à la perfection : celui de contribuer à la légitimation du pouvoir de Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé. Je ne trouve pas d’autres explications, hélas. Sinon, se faire battre en 2010 dans des conditions pas claires, contester le vainqueur des années durant, accepter participer aux élections législatives, malgré l’emprisonnement ARBITRAIRE de certains de ses militants, en 2013, puis, accepter participer à l’élection présidentielle de 2015, dans des conditions presque similaires à celles de 2010, je cherche toujours ce qui n’a pas marché.
Vous allez vous demander si je suis participationniste ou abstentionniste. Moi je vous pose la question : si on ne s’est pas présenté aux élections là, #çafaitquoi ? Monsieur Gerry Taama qui sillonne actuellement le Nord, que gagne t’il lui ? En quoi fait-il avancer le #Togo ? Messieurs Tchassona et Gogue… c’est quoi le sens de leur candidature à eux ? Jean-Pierre Fabre, oh my god !!! Pourquoi personne (enfin à part le CAR, le parti de Nicolas Lawson, le Parti des Togolais…) ne pense à mettre le président sortant dos au mur, en le laissant seul dans la course à sa propre succession, tant que certaines questions ne sont pas élucidées ? Awo :’(
Déjà en 2013, Tété Enyo disait ceci dans son article :
« J’imagine qu’à l’heure actuelle, aucune réflexion n’est menée et aucune action précise n’est entreprise relativement à la présidentielle de 2015. Pourtant, à défaut d’avoir les moyens d’un renversement brutal, on ne peut espérer un vrai changement qu’à l’orée 2020 sur la base d’une stratégie de fédération des forces progressistes issues aussi bien de l’opposition que du pouvoir. La lutte sera forcément au long cours et elle ne pourra pas être remportée par une opposition imbécile. »
Que puis-je encore ajouter à ceci ?
Eyi Zandé !
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