Aphtal CISSE

Cinq idées reçues sur le Kotocoli

Avant tout propos, chers lecteurs, j’aimerais une fois de plus vous rappeler que je suis Kotocoli moi-même, et extrêmement fier de l’être. Très honnêtement, dans ce foutu pays, il n’y a pas ethnie plus noble, plus douce, plus agréable que la nôtre. Wallahi. Si j’étais président, je ferai des Kotocoli une « race aryenne ». Wallahi. [Bruit du crachat au sol].

J’écris ce billet pour rectifier certains torts qui sont faits à mon ethnie. Les gens, oui même toi qui me lis actuellement avec un sourire narquois dans un petit bureau pas loin de la plage, les gens ont de ces petites et combien désagréables anecdotes qu’ils attribuent rapidement aux miens. Je les ai recensées, pour vous dire que vous avez tout faux ; que vous êtes gratuitement médisants, que votre mauvaise langue vous perdra. Wallahi.  

 

idee-recue

 

Cliché 5 : le Kotocoli ne fréquente pas l’école des Blancs 

 

Fransma [franchement], si je n’avais pas fréquenté, seriez-vous ici, actuellement sur ce blog à me lire ? Hein ? Ce que j’écris là, n’est-ce pas la langue du toubab ? Où diantre êtes-vous allé chercher que nous autres, Kotocoli, n’allons point à l’école ? Moi qui vous parle là (enfin moi qui vous écris là), j’ai fait l’école primaire publique Komah II, pour rallier l’école privée « Mon OVNI » [Mon avenir], à Sokodé, avant d’arriver à Lomé. Tô [Alors], est-ce que ce que j’écris là, vous ne comprenez pas ? N’est-ce pas du français ? Hein ? Bon, oui je reconnais que nous avons une façon particulière de prononcer certains mots. Par exemple :    

Français Kotocoli Français vrai vrai.
Serre. Sœur
La glace. La Grâce.
DG Déchet.
Locataire (lire très rapidement) Docteur
Flair. Frère.

Oui, je reconnais que nous avons notre façon personnalisée de parler français. Mais qui n’en a pas ? N’avez-vous jamais entendu un Kabyè parler français ? Un Losso, ou un Moba ? Hein ? Français-Sénégalais là, vous y comprenez quoi ? De toute façon, nous nous comprenons nous-mêmes et c’est l’essentiel.

 

Cliché 4 : le Kotocoli aime les couleurs vives

 

Lecteur, si la couleur d’un article ne te plaît pas, mais, tais-toi et achète un autre ou bien ? Pourquoi toujours la ramener genre, « ça fait couleur Kotocoli » ; « c’est un peu trop flashy pour moi, on me prendra pour les gens de Tchaoudjo ». Où est le respect ?

 

Vous dites que seul le Kotocoli porte un costume vert, avec une cravate bleu bonbon, et des chaussures rouge vif. Vous dites que lorsque nous nous habillons, on reconnaît forcément le drapeau d’un Etat africain sur nous. Mais, ne savez-vous pas que nul n’est prophète chez soi ? Ne sont-ce pas les mêmes combinaisons bâtardes que font des vieux Congolais pour mériter le titre de sapeur ?

 

Que de clichés ! Lorsqu’un Lawson ou un Ayayi porte des chaussettes rouges, après avoir noué une serviette avec des petits poids au cou, vous le surnommez « Dandy ». Mais dès que c’est un Ibrahim ou un Moussa qui le porte, direct, c’est un Kotocoli. Pourquoi tant de haine ?

 

Cliché 3 : le Kotocoli est insolent et/ou violent

 

Je devais avoir entre deux et trois ans, à Sokodé. Je suis rentré un soir en pleurs, parce qu’un camarade m’avait frappé, pendant que nous nous amusions. Par instinct, je suis rentré à la maison, afin d’y trouver réconfort et consolation. Mon père m’accueillit avec deux bonnes gifles en disant clairement : « Gros con ! Quand on te frappe dehors, tu frappes la personne aussi, sinon tu restes dehors pour pleurer et tu ne rentres à la maison qu’après avoir séché tes larmes ». Une grande leçon de vie !

 

Lecteur plein d’amalgames et de clichés, le Kotocoli n’est guère violent : il est juste fier et n’aime pas l’inégalité. Tu le frappes, il te frappe. Tu le poignardes, il te poignarde. Tu es plus fort que lui, il se battra jusqu’à faire pitié à ses paires qui se trouveront dans l’impérieuse obligation de lui prêter main-forte. Gars, tu cherches querelle au Kotocoli pourquoi ? Cette histoire de joue tendue proposée par l’autre natif de Nazareth ne passe pas à Tchaoudjo. La vie chez nous, c’est pas la jungle où un plus fort se balade en giflant autrui. Voilà. Nous ne sommes pas violents ; nous sommes un peuple épris de paix, de justice, de tolérance, d’amour réciproque.

 

Pour l’autre histoire de mes deux et/ou trois ans, sachez que je suis retourné dehors me battre avec Wahabou (le môme qui m’avait fait pleurer), jusqu’à le blesser. La nuit après la prière de 19 heures, ses parents sont venus se plaindre, et mon père leur a offert du sparadrap et du mercurochrome en me félicitant vivement. Depuis, ma vie a changé.

 

Donc, vous qui faites votre malin sur Facebook, sur Twitter, et vous manquez de respect aux gens, vous autres à qui on écrit sur Whatsapp vous prenez des jours pour répondre brièvement comme si le soleil se levait dans votre chambre, continuez seulement.

 

Cliché 2 : le Kotocoli aime les substances excitantes

 

A Sokodé, entre deux prières, les hommes se retrouvent autour d’un arbre, en récitant le chapelet, mâchouillant tendrement une tranche de noix de cola, et sniffant de la poudre à tabac. [Carpe that fucking Diem]. Cela n’a absolument rien d’illicite ou d’excitant, cher lecteur. Partout au Togo les gens sniffent de la poudre et mâchent de la cola. Pourquoi pensez-vous que seuls les Kotokoli en prennent ?

 

Idem pour nos frères conducteurs de taxis-bagages (on y reviendra). C’est un vrai régal de sortir un coude par la portière, en coinçant entre les grosses lèvres une cigarette bon marché et cracher de la fumée par les narines. Dès que vous tombez sur quelqu’un comme ça en circulation, de grâce, pensez aussi au Tchokossi, au Watchi, au Bassar, et foutez-nous la paix.

 

Cliché 1 : Il y a une histoire d’amour entre le Kotocoli et les moteurs à propulsion

 

Pour vous, tout ce qui permet de se mouvoir d’un point A à un point B n’a pas de secret pour le Kotocoli. Pour vous, tous les Kotocoli sont conducteurs de taxis-urbains ou de taxis-brousse. Pour vous, le premier diplôme du Kotocoli, est son permis de conduire. Pour vous, l’acteur préféré de tout Kotocoli est Jason Statham.

 

Alors que je me plaignais des dysfonctionnements de ma faculté, à une certaine époque, un copain a eu le courage de me dire « toi au moins, tu as une alternative. Tu es Kotocoli, si la fac ne marche pas, tu trouveras au moins un 15 places à conduire ». Je l’ai traité comme Wahabou.

 

Une autre fois, c’est un camarade qui sort une fable selon laquelle, il était dans un taxi conduit par un Kotocoli lorsqu’un bombardier Asky décolle. Le chauffeur aurait regardé le petit avion de longues secondes, pour dire enfin « ce pilote est nouveau, il a peur. Il n’embraye pas correctement le moteur et ne tire pas assez sur le manche ». Juste pour me dire qu’aucun appareil, ABSOLUMENT aucun, n’a de secret pour nous.

 

Chers lecteurs, je sais que vous en avez encore plein d’histoires à dormir debout, que vous nous attribuez à tort. Chacun y va de son commentaire salace pour nous faire passer pour des gens de mauvaise vie et de mauvais goût. Mais nous, nous restons dignes et fiers. Nous porterons nos boubous jaunes à la Tabaski, nous mâcherons de la cola, tant qu’il y en aura, nous fumerons de la cigarette, nous conduirons les Mazda et les Toyota comme jamais vous n’aurez le courage de le faire, car, tant que le Kotocoli existera, tant qu’il y aura un engin capable de rouler, nous relierons les peuples !

Je vous préviens, je ne tolèrerai pas de commentaires moqueurs sous mon article. Aucune moquerie ne restera impunie. Même s’il faut en venir aux mains. Enfin, je rigole ; je suis pacifique.

Eyi zandé.


Cinq astuces pour se marier à moindre frais

Pour ceux d’entre vous qui encore l’ignorent, j’ai été garçon d’honneur au mariage de mon grand-frère, l’autre samedi, en préparation à mon prochain mariage à moi. Plein de choses m’ont marqué. J’en ai tiré des leçons et je veux bien partager certaines astuces avec vous.

Mariage.  Crédit photo: Aphtal CISSE
Mariage.
Crédit photo: Aphtal CISSE

Je vous préviens, ceci n’est point une ode à l’avarice ou à l’exclusion lors des célébrations de mariages. Mais nous savons tous combien il est coûteux de se marier sous nos hémisphères ici. S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est qu’on peut faire un mariage grandeur nature, à moindres frais. Voici comment :

1) La bonne compagne, tu choisiras

Chers amis, je n’ai de leçon à donner à personne, en matière de choix de partenaire. Chacun, en effet, a ses critères. Mais s’il y a une chose qui influe plus ou moins sur le budget, c’est la robe de la mariée et la déco. Et celle qui influe sur tout cela, c’est la mariée elle-même.

Quand elle a regardé trop de dessins animés dans son enfance dans le genre de Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Shrek, et autres âneries dans le genre, quand elle a grandi avec les poupées Barbie et autres conneries du même acabit, elle pense direct à une longue robe. Elle complique toujours les choses, à vouloir revivre les souvenirs d’enfance dans une robe qu’elle ne portera qu’une seule fois. Elle rêve descendre d’un carrosse (ou d’une grosse bagnole, à défaut…) faire une entrée solennelle sur une musique à la Haendel, marcher sur un tapis rougi par le sang de tes années de sacrifices et de privations…

Bref, cher ami, si tu veux réduire le budget déco, prends une femme qui n’a regardé que la troupe « Carré Jeune », dans son enfance, à la télévision nationale.

2) Les étapes du mariage, tu rapprocheras

Une fois l’étape 1 franchie, nous savons tous qu’il faut faire le premier pas, puis vient la dot, le mariage civil, et enfin le mariage religieux. Oui oui, désolé, le scénario où tu te mets à genoux dans un resto pour lui passer la bague au doigt et faire ton intéressant ne marche pas par ici. Laisse cela aux films hollywoodiens. Pour le premier pas, on n’y va guère les mains vides. Pire pour la dot. C’est le moment où il faut récréer toutes les ouailles venues des familles parentes et alliées. Le village de la femme est représenté par une forte délégation. Et si jamais tu as des oncles et tantes qui prétendent t’aimer, ils viendront aussi te « soutenir » ; ou tenir tes sous, c’est selon. Et tout ce beau monde, ça mange.

Pour faire simple, fiance-toi un jeudi, va à la mairie le vendredi, et à l’église le samedi. Pourquoi ? Eh bien, une fois que tout le monde connaît le programme, ils pardonnent facilement l’absence de nourriture lors des fiançailles, se consolant de ce qu’ils ingurgiteront au mariage.

« On est déjà là ou bien ? Mariage là c’est pas demain ? On rattrape ça vite fait », diront-ils. Toi seul sais qu’il n’y aura que de l’eau minérale à la mairie pour ceux qui feront le déplacement. Rendez-vous samedi pour la grande bacchanale.

3) Une paroisse éloignée, tu choisiras

Mon grand-frère, lui, a choisi la paroisse qu’il fréquentait, avant son départ pour le Ghana. Conséquences ? Tous ses amis d’enfance, tous ses copains de catéchisme, tous les membres de son ancienne chorale, toutes les connaissances du quartier ont juré honorer de leur présence son mariage, dès la première publication des bans.

C’est bien. Mais s’il est permis d’aller se marier dans une autre paroisse de son église, pourquoi s’en priver ? Allez faire la publication des bans dans une paroisse où il n’y a pas de risque qu’un seul fidèle vous connaisse, et se sente obligé d’être présent. Si vous êtes à Adidogomé par exemple, aller vous marier à Kélégougan ou à Avépozo. Ça fait en plus une bonne balade pour vous, la Corniche de Lomé. Et si jamais la paroisse que vous avez choisie, en plus d’être loin, est également petite, c’est le jackpot. Les gens détestent être debout. Et s’il faut encore se taper une longue distance pour suivre la cérémonie dehors, ce sont des invités en moins.

4) Après la cérémonie, de nombreuses photos tu prendras.

Ça ne coûte rien de se tenir debout, sur le parvis de l’église, à se faire shooter en compagnie de ses proches et même de gens qu’on ne connaît pas. Faites des images avec tout le monde : pasteurs, catéchistes, presbytères, grande chorale, petite chorale, jeunes femmes, jeunes filles, moniteurs du culte d’enfant, enfants… Faites autant de photos, restez là sur le perron, regardez les gens s’impatienter, s’énerver, regarder leur montre, et même s’en aller. Oui oui, qu’ils s’en aillent. On ne supplie personne de venir se gaver.

5 ) Après la photo, un détour tu feras !

Je n’ai jamais compris les couples pressés de rejoindre le lieu de réception. Les gens vous suivront direct, toute la cohorte sera derrière vous. Ce n’est pas bon pour le budget prévu. Une fois que vous aurez serré assez de mains à l’église, une fois que vous aurez pris assez de photo, remontez à bord du véhicule estampillé « Just Married », et allez vous asseoir dans un bar, ou dans un restau. Objectif ? Se taper chacun deux bouteilles de bonne bière, pour faire retomber la pression des précédentes heures. C’est fou tout le bien que cela fait aux époux, mais aussi au garçon d’honneur, et au chauffeur. Pendant ce temps, les gens s’impatientent de l’autre côté, parce que justement, nul ne boit ni ne mange en absence des mariés.

Traînez dehors, dénouer vos cravates, dégrafez la robe, buvez à gorge déployée, passez une heure de temps, si vous voulez, pour vous tout seuls, avant de rejoindre la petite foule de crâneurs qui aurait attendu jusque-là. Oui, ceux-là méritent qu’on leur serve des bouchées doubles, pour qu’ils mangent et boivent à la place de tous ceux qui ont perdu patience. Ceux-là, on doit tellement bien les traiter ; ils sont les témoins et les ambassadeurs de votre petite fête « grandeur nature ».

Le Togolais ne juge pas un mariage par le nombre de convives, mais par la quantité et la qualité de mets ingurgités.

Au-delà de tout, chers lecteurs, pourquoi se priver de se faire plaisir ? Pourquoi priver ses proches des plaisirs de la nourriture gratuite, de la joie qui va avec, et de toute cette chaleur humaine ? C’est clair que vous ne devez pas vous ruiner pour votre mariage, mais on ne se marie qu’une seule fois. Mettez-vous bien.

Eyi zandé


Le mari, l’épouse, et la coépouse…

Polygamie. Image: Google

« Miva hô nam loooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo »

Voilà le strident cri qui déchira l’épais tapis de calme qui s’était, depuis deux heures déjà, appesanti sur la bourgade de Cacaveli. Le noble astre solaire obligea même les intrépides gamins du voisinage à observer une trêve, sous la broussaille des clôtures environnantes. J’étais, quant à moi, étalé sur une natte dans l’arrière-cour, profitant d’un délicieux espace ombragé régulièrement balayé par un vent relativement frais. Les seuls bruits qui arrivaient jusque-là à me soustraire de ma torpeur, étaient les cris fanatiques que poussait madame sous des refrains mal rythmés du Congolais Fally Ipupa. J’essaye de soulever mon buste afin de mieux tendre l’oreille.

« Miva hô nam looooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo », le cri repartit de plus belle. Plus aucun doute, la vie d’un honnête citoyen était en danger ; ou plutôt celle d’une honnête citoyenne, à en croire le timbre de la voix ; ou encore celle d’une citoyenne pas vraiment honnête, si l’on se fie à la situation géographique de la provenance des cris. Je vous explique brièvement : nous au quartier, ce n’est guère la première fois qu’une dame hurle de la sorte ; ce n’est pas la première fois que la vie d’une femme est mise en danger ; non, non, à Cacaveli, du lieu où j’habite moi, ce n’est pas la première fois qu’une femme, dans un instinct de survie, invite la pitié populaire sur elle. Bien, vous ne comprenez toujours rien, j’en suis certain.

Et si on plantait le décor ?

A côté de chez moi vit un couple relativement jeune (à peine la quarantaine ; il y a des couples de 20 ans de nos jours alors…). Cadre au sein d’une compagnie de transport maritime, Marc, le père de famille, plutôt un bel homme, fait partie de ces hommes qui, bien que mariés, assument leur insatiabilité au travers d’une abjecte infidélité. Et comme Dieu sait si bien faire les choses, ce genre d’homme n’hérite que de femmes qui deviennent, malgré elles, aigries, acariâtres et fort belliqueuses.

Mokpokpo, l’épouse de Marc, plus jeune, est une brave dame revendeuse de boissons gazeuses, dans ces échoppes communément appelées « Bas prix ». C’est une belle dame. Enfin, de visage. Oui elle a (ou avait) un joli visage couleur pain de Croquembouche ; de petites épaules soutenant de petits bras. Un petit corps pour un être frêle, en apparence. Uniquement en apparence, car, malgré la petitesse de son corps, Mokpokpo accomplissait des besognes exceptionnelles. Elle avait toujours réussi à tenir loin de chez elle, toutes les femmes qui tournaient autour de son mari, aux termes de violentes bagarres desquelles elle sort toujours gagnante. Moi personnellement je ne l’aime pas, car elle m’a une fois refilé une boisson frelatée du Nigeria ; probablement un truc avec du chanvre indien. Nous y reviendrons.

Faits d’armes les plus spectaculaires :

  • L’étudiante : une étudiante en sociologie qui passait au quartier, attendre Marc dans un bar à côté, pour encaisser son argent de poche. Un soir où elle attendait encore Marc, dans le même bar, devant une bouteille de bière, Mokpokpo débarque, la bat si violemment, que l’étudiante s’enfuit sans son tissage, son tricot, et ses chaussures. Elle ne serait plus jamais revenue au quartier, à ce qu’il paraît.

 

  • La secrétaire : une dactylographe, pour respecter la vétusté des équipements dans notre administration publique. Belle comme un personnage de Disney, elle attendait Marc, sans le savoir, dans la boutique de la femme de celui-ci. Dès qu’elle reçut l’appel de Marc, Mokpokpo lui bondit dessus comme un couguar, lui griffe le visage, et la saupoudre de talc « bébé & maman », avant de la foutre dehors.

 

  • La stagiaire : la pauvre. En stage dans la compagnie de Marc, et étant dans le même quartier, elle venait chaque matin à la maison profiter de la voiture de Marc, et se faisait déposer chaque soir, après le boulot. Des rumeurs ont commencé par circuler, puis un soir, elle traîna un peu trop dans la voiture déjà à l’arrêt de Marc. Mokpokpo ne l’a pas loupée. Cet épisode devra figurer dans son rapport de stage, j’en suis certain.

 

  • La gérante de cybercafé : voilà une autre qui offrait à Marc autre chose qu’un forfait Internet. Le jour où Mokpokpo surprit le pauvre quidam caressant la calvitie de son homme, la connexion Internet a quitté le quartier. Suivez mon regard.

 

  • Marc himself : voilà monsieur qui s’est mis à faire du jogging matinal avec moi, chaque matin. Sauf que lui s’arrête au niveau de la cour d’appel, pour s’éclipser avec une jeune revendeuse d’orange. Je n’ai jamais su à quels types d’exercices physiques ils se livrent. Mais tout est bon pour brûler des calories. Ce sport a continué jusqu’à un certain samedi où Marc est rentré de son sport avec un parfum inhabituel. Tout le monde rentre du sport en sueur, toi tu rentres embaumé ? Scène de ménage grandeur nature.

Dommage pour ceux qui vivent du mauvais côté de Cacaveli. Coucou, Roland.

Je disais donc que Mokpokpo a fini par se voir attribuer le triste sobriquet de « Gakpokoko » ; entendez par là, une personne faisant de l’haltérophilie. Redoutée par tous, et surtout par toutes. Quand on est femme à Cacaveli, il ne fait pas bon de saluer, sourire, discuter avec Marc. C’est presque un crime de lèse-majesté, difficilement pardonnable. Et quand on se fait « condamner » par Mokpokpo, on garde les stigmates pour longtemps.

Depuis, aucune pimbêche ne se la ramène au quartier. Marc était « casé », même si on pouvait soupçonner qu’il se livre à ses basses besognes quelque part, en ville, ou même hors de la ville. Mais au moins, au quartier c’est redevenu relax ; Mokpokpo a su arracher le respect de son bougre de mari. (oui, il faut une bonne dose de mépris pour draguer d’autres femmes au nez et à la barbe de son épouse). Ambiance bon enfant, au sein du ménage et dans le voisinage. Jusqu’à cet instant où ce cri de désespoir fut poussé.

Vous le savez sans doute, je ne me mêle jamais des petites bagarres du quartier. Je veux dire JAMAIS. Mais, sait-on jamais ; il paraît que le mal triomphe parce que les gens bien ne font rien. J’ai alors bondi de ma natte pour avoir idée de ce qui se passe et, en cas de besoin, apporter assistance à personne en danger.

La scène du crime ?

Juste à la devanture de la boutique de Mokpokpo, à trois centaines de mètres de sa maison. Une belle dame à forte corpulence, élancée comme Adébayor, avec de larges épaules au bout desquelles pendent de puissants biceps de pileuse de foufou. L’image n’est en rien exagérée, quand on a vu la façon dont cette « Goliath » a emprisonné le visage de Mokpokpo sous son aisselle, pour le lui pilonner.

Les coups pleuvaient à un rythme régulier, serré, avec une intensité redoutable. De temps à autre, elle desserrait l’infernal étau, afin de permettre à la malheureuse d’inspirer un peu d’air, ou de crier à l’aide. Les témoins de la scène hésitaient un peu à intervenir, soit par peur de l’agresseur, soit par envie d’assister à la magistrale correction de celle qui a longtemps semé la terreur dans le quartier.

Mokpokpo fut transformée en vulgaire tam-tam bamiléké sur lequel se joue un air de vengeance et d’agacement de maîtresse n’arrivant plus à se contenter d’instants volés d’un homme volage. Puis se mirent à voler des trucs de femmes, que la décence interdit de citer ici. Mais puisque vous insistez : perruques, corsage, soutien-gorge, pagne, jupe, collant, culotte… Mokpokpo fut projetée au sol tel un vulgaire fagot de bois de Niamtougou, roulée dans le sable comme on roule un pneu Toyota quand on a cinq ans, molestée comme on s’amuse avec de la pâte à modeler quand on a eu la chance de faire la maternelle

La dame finit par laisser Mokpokpo aux bons soins de sauveurs un peu trop moqueurs, pour rentrer dans la maison de Marc. J’ai eu peur, j’ai voulu appeler la police, pensant que Marc aussi était en danger. Avant de réaliser que je n’avais pas assez d’unités (malheureusement dans ce pays, les numéros d’urgence ne sont pas gratis), le garage de la maison de Marc s’ouvre pour laisser sortir la voiture de celui-ci, avec à ses côtés la boxeuse de tout à l’heure.

Quelqu’un dans la foule a sifflé « donc, Mokpokpo aussi peut avoir coépouse ; je peux mourir en paix ». J’ai ri ; quand je suis rentré rejoindre ma femme, je lui ai juste dit, « bah chérie, tu boxes une de mes amies, je drague une ceinture noire. Point ».

Eyi Zandé !


#TGPR15 : du parti UNIR et de sa campagne.

TGPR155

 

Hier. Mercredi. 12h20. Heure de la pause déjeuner.

 

Ma prostitution gustative a une fois de plus guidé mes pas jusqu’à la vendeuse de fufu en face de l’Institut National d’Hygiène. Pâte d’igname baignant délicieusement dans une sauce de boyau de bovin (Adôménou 🙂  ). Donc, j’ingurgitais la pitance à moi accordée par la divine providence, lorsqu’une horde de jeunes hommes, dans la même tranche d’âge que moi, arriva. On pouvait facilement identifier le chef du groupe, à sa carrure, à son aisance, à son assurance, et à tous les goodies dont il était bardé. Ils étaient tous habillés en T-shirt blancs à l’effigie du Président sortant, candidat à sa propre succession. Point de doute : des militants du Parti UNIR, en pause pour reprendre des forces.

Celui que je pris pour chef de file s’installa à ma table, juste en face de moi. Je lui laisse le loisir de bénir son plat, de l’entamer, avant de lui adresser la parole.

  • Fofo, lekema ?

  • Cool lo. Et chez vous ?

  • On rend grâce. Alors, c’est comment la campagne, chez vous ?

  • Ça va, ça va. Y a pas l’homme pour nous. Il n’y a même pas l’homme pour nous.

  • Ok ! Et généralement vous offrez quoi, aux gens que vous rencontrez ?

  • Porte-clefs, casquette, bracelet plastique… Mais très souvent les gens réclament les tricots…

  • Et, vous leur dites quoi, en plus ? De quel message êtes-vous porteur ?

  • Ils doivent voter Faure. Le Togo doit voter Faure. C’est lui l’homme de la situation.

J’ai lapé ma soupe un instant, songeur, avant de relancer :

  • Donc, c’est seulement Faure l’homme de la situation ? Il n’y a personne d’autre ?

  • Toi tu vois qui, dans cette opposition ?

  • Laisse l’opposition. Dans UNIR même, il n’y a personne pour être l’homme de la situation ?

  • Mais on a déjà quelqu’un qui fait ça déjà bien. Pourquoi changer ? Faure a beaucoup fait ; on lui doit beaucoup.

  • Ah oui ? On lui doit quoi ?

  • Le gars a construit les routes, les échangeurs, l’aéroport, le port qui ne cesse de s’élargir. Il a mis fin au désordre dans plusieurs secteurs. Il y a l’OTR… On lui doit beaucoup.

J’ai encore lapé ma soupe, et cette fois je n’ai pas eu le courage de relancer la discussion. J’ai fini mon plat puis vidé les lieux.

J’avais la tête pleine d’interrogations, après cet échange ; les interrogations se faisaient encore plus lancinantes à chaque fois que je croise un panneau ou une affiche électorale, à l’effigie du Président sortant, sur le trajet du retour. Et Dieu seul sait qu’il y en a, de tel panneau.

Lomé aux couleurs Uniques. 

 

A l’entame de la campagne #TGPR15, il est quasi impossible de parcourir 500m sans une seule affiche du Président sortant. Des panneaux, des posters, rivalisant en taille et en message, il y en a juste comme on n’en a jamais vu. Le visage souriant du Président ? En veux-tu, en voilà. C’est à la limite… envahissant. Et chose nouvelle, nous assistons à de nouveaux formats d’affiches ; des affiches grandeurs natures, avec presque la même charte graphique.

 Je ne dénie à aucun parti le droit de faire usage d’affiches, soit dit en passant !

A y voir de près, toutes ces affiches résument en quelque sorte, le « bilan » du Président sortant : on le voit, même visage, avec divers  arrière-plan : routes, Port Autonome de Lomé, la nouvelle aérogare… Il y a également des affiches où l’on voit le Président sortant, faire l’accolade à une brochette de jeunes, ou tenir la main à de petits écoliers en tenue scolaire. (Tenue kaki de l’école publique, faut-il le préciser). Euh, dites, y a-t-il des affiches de lui, avec des médecins ou des sages-femmes ? (Prière me les indiquer, pour mon prochain article « arrêt sur images »).

Il n’y pas que les affiches ; il y a également les camions podiums, les convois de voitures, les hordes de conducteurs de moto (peut-être les nouveaux entrepreneurs…). Et tout ce bataclan passe dans un indescriptible boucan. En sourdine, des « chansons » de campagne, de divers artistes, mais avec presque la même phrase « Faure a tout fait ». Tout cela est… faure mignon, ou Fauremidable, pour faire plaisir à un griot par ici. Mais…

Compte Twitter @Fauremidable // Génération Faure
Compte Twitter @Fauremidable // Génération Faure

… On « allume les cerveaux » quand ? (cc Yannick)

Malheureusement le parti UNIR, (en ce qui concerne Lomé), a réussi à faire de la campagne #TGPR15, de véritables fêtes où l’on danse beaucoup, et pense peu. Tout c’à quoi on assiste, ce sont des camions qui sillonnent la capitale dans un inutile vacarme : un mignon folklore au cours duquel, personne n’est capable de prendre la parole pour défendre le bilan de son candidat, et présenter son projet de société pour le prochain quinquennat, en cas de réélection.

Tous ces jeunes accrochés aux camions, au volant de véhicules, arborant les t-shirts blancs, sont-ils capables de répondre aux questions portant sur le budget de l’état, sur la mouture de l’actuelle constitution, sur la mise en œuvre de l’Accord Politique Global ? Tout ce beau monde qui chiale « Faure a tout fait » est-il capable d’expliquer pourquoi rien n’est fait pour les enseignants, ou le personnel médical ? Y-a-t-il un seul parmi eux capable de justifier la candidature de leur champion, en expliquant clairement ce qui changera, si jamais il est élu ?

Peut-on véritablement battre campagne, en faisant moins usage de gadgets, pour plus d’arguments ? Est-on capable d’aller à la rencontre de la population, pour nourrir son intellect, discuter avec elle, argumenter, challenger, et finir par la convaincre, à cause de la pertinence de ses propos ? Ces arguments de bistrots qu’on sert çà et là, ne servent plus à grand-chose. Même ceux qui les sortent n’en sont guère convaincus, eux-mêmes.

Mais cela est compréhensible. On ne peut faire autrement, quand la population qu’on rencontre réclame des tricots au lieu d’exiger des discussions. Une vieille habitude acquise, certainement. Amer constat, tout parti de l’opposition faisant économie de gadgets au profit d’échanges, est tout simplement rejeté.

Capture d'une conversation avec un camarade
Capture d’une conversation avec un camarade

Quand on reçoit des messages pareils, on se demande si c’est UNIR qui fait usage de méthodes répréhensibles, ou si c’est la jeunesse qui est cupide. Ou encore si l’un n’a pas entraîné l’autre.

J’attends toujours des militants faisant du porte-à-porte chez moi, à Cacaveli ; j’attends toujours une équipe, venir me parler de son candidat, avec des chiffres et des statistiques, avec des arguments et des raisonnements.

Je ne pourrais finir ce billet sans un clin d’œil à tous ces fins stratèges qui ont envahi le web, pour battre campagne pour le président sortant. Nous avons assisté à des pages sponsorisées, à des comptes Twitter bien alimentés, à des nouveaux sites internet régulièrement mis à jour… Chapeau à tous ces artisans de la campagne digitale, pour une communication 360° autour du Président sortant. Félicitations à tous ces gens qui, comme dans le réel, font montre de créativité monstre dans Photoshop, pour des images à Twitter ou à mettre en bannière. Oui, VOTRE génération est Faurte.

Lorsque vous aurez fini de résonner, vous pouvez donc vous mettre à raisonner.

Eyi zandé.


#TGPR15 : de l’imbécillité de l’opposition togolaise

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Avant de scroller plus bas, qu’il me soit permis de vous rappeler que la paternité de la formule qui me sert de titre, est attribuée au sieur Tete Enyo, dans un brillant article qui, ma foi, est désormais intemporel ; en tout cas jusqu’à preuve du contraire.

L’opposition togolaise, disons-le, a toujours brillé par son manque d’unité, de stratégie, d’intelligence et de perspicacité. Tenez, la quasi-absence d’unité !

 

Je suis de ceux qui pensent qu’unité de l’opposition ne veut strictement pas dire unicité de candidature à un quelconque scrutin. L’opposition n’a vraiment pas besoin de présenter un candidat unique aux #TGPR15, ou des listes uniques aux législatives. Je ne dis pas que cela leur soit interdit, ou impossible. Mais cela n’est pas indispensable à leur survie, ou à l’avènement de l’alternance ou de la démocratie, la vraie.

 

J’ai été conforté dans cette position, avec l’entrée du sieur Alberto Olympio dans l’arène politique. Fichier électoral… Oui oui, je sais ce que vous pensez. Je ne puis affirmer que M. Alberto soit le PREMIER à en parler. C’est un débat inutile et stérile. Cependant, il a le mérite d’avoir attiré l’attention de nombre d’entre nous sur les incongruités que peut contenir notre fichier électoral. Et sur ce point, des partis de notre opposition ont fini par lui donner raison, et à exiger également un apurement dudit fichier. Là où M. Alberto m’a déçu, moi Aphtal, c’est quand il a fait de l’audit du fichier la condition de sa participation à l’élection présidentielle. Mais nous y reviendrons, dans un billet ultérieur.

 

Donc, nos partis politiques reconnaissent que le fichier électoral est n’est pas fiable, mais sont incapables de faire front commun, pour mener une âpre négociation pour sa révision. C’est tout de même ahurissant, qu’on reconnaisse que son épée soit émoussée, mais qu’on accepte quand même de combattre un Samouraï. La foi déplace les montagnes, dira l’autre.

 

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Nous assistons à une guerre de tranchées, où les partis de l’opposition sont campés sur leurs positions, refusent d’écouter ce que pourra dire l’autre. Untel se lève, s’en va rencontrer le président de la République, et revient fanfaronner dans les médias. Quelques jours après, untel de la même opposition est reçu en audience par le président de la République, pour parler de quoi,on ne sait quoi. Mais bon, passons. Les voies du palais sont désormais pénétrables.

 

Ensuite, quelle est la stratégie de notre opposition ? Quel est son discours ? Quelle est sa motivation ? Quelle est la profondeur de sa conviction ? 

Dites-moi, ce qui pourra me pousser, moi avocat à la cour, moi jeune magistrat, moi jeune analyste de crédit dans une banque, moi chef d’entreprise, moi directeur de société, moi professeur d’économie à la fac… dites-moi ce qui pourrait me pousser à voter pour un candidat ou parti politique, incapable de me donner un aperçu sur les recettes de l’Etat, sur les ressources, et sur leurs emplois ? Il y a quand même un minimum qui doit être fait par les partis, sinon, les électeurs sont tout simplement plongés dans une indifférence qui ne dit pas son nom. J’ai déploré le manque d’engagement de notre génération… En même temps, on ne peut pas lui reprocher d’être exigeante.

Je ne vais guère plancher sur la stratégie de l’opposition, tout simplement parce qu’elle n’en a pas. Des #TGLEG13 au #TGPR15, la seule phrase qui peint magnifiquement le tableau est : «  La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », Albert Einstein.

 

Qu’y a-t-il eu de changé, depuis l’avènement de l’actuel président, en matière de réformes constitutionnelles et institutionnelles ? Qu’y a-t-il eu de changé, depuis les dernières législatives ? Où en sommes-nous avec l’Accord politique global ? Quid des recommandations de la CVJR ? Quel sens donne-t-on à sa candidature aux #TGPR15 ?

Notre opposition, ai-je fini par comprendre, a un rôle qu’elle joue à la perfection : celui de contribuer à la légitimation du pouvoir de Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé. Je ne trouve pas d’autres explications, hélas. Sinon, se faire battre en 2010 dans des conditions pas claires, contester le vainqueur des années durant, accepter participer aux élections législatives, malgré l’emprisonnement ARBITRAIRE de certains de ses militants, en 2013, puis, accepter participer à l’élection présidentielle de 2015, dans des conditions presque similaires à celles de 2010, je cherche toujours ce qui n’a pas marché.

 

Vous allez vous demander si je suis participationniste ou abstentionniste.  Moi je vous pose la question : si on ne s’est pas présenté aux élections là, #çafaitquoi ? Monsieur Gerry Taama qui sillonne actuellement le Nord, que gagne t’il lui ? En quoi fait-il avancer le #Togo ? Messieurs Tchassona et Gogue… c’est quoi le sens de leur candidature à eux ? Jean-Pierre Fabre, oh my god !!! Pourquoi personne (enfin à part le CAR, le parti de Nicolas Lawson,  le Parti des Togolais…) ne pense à mettre le président sortant dos au mur, en le laissant seul dans la course à sa propre succession, tant que certaines questions ne sont pas élucidées ? Awo :’(

 

Déjà en 2013, Tété Enyo disait ceci dans son article :

 

« J’imagine qu’à l’heure actuelle, aucune réflexion n’est menée et aucune action précise n’est entreprise relativement à la présidentielle de 2015. Pourtant, à défaut d’avoir les moyens d’un renversement brutal, on ne peut espérer un vrai changement qu’à l’orée 2020 sur la base d’une stratégie de fédération des forces progressistes issues aussi bien de l’opposition que du pouvoir. La lutte sera forcément au long cours et elle ne pourra pas être remportée par une opposition imbécile. »

 

Que puis-je encore ajouter à ceci ?

 

Eyi Zandé !


#TGPR15: du changement auquel nous prétendons aspirer

Hashtag des élections présidentielles de 2015, au #Togo
Hashtag des élections présidentielles de 2015, au #Togo

 

 

Je fais malheureusement partie de cette jeunesse qui aspire à un CHANGEMENT, surtout à l’occasion des #TGPR15, sans rien faire pour l’obtenir. Nous sommes nombreux, nous qui, excédés par cet immobilisme politique, incarné d’une part par l’actuel Président de la République (candidat à sa propre succession) qui, mine de rien tend à « s’éterniser », et d’autre part par une opposition sans stratégie et complètement stupide (ou elle fait exprès), restons pourtant vautrés dans notre quotidien en admirant tourner la roue du destin.

 

Nous aspirons au changement, pourtant nous ne sommes inscrits dans aucun parti politique ; nous aspirons au changement, cependant nous n’allons à aucun meeting politique, nous ne faisons aucun travail de sensibilisation, à part nous plaindre et nous morfondre. Pis, et c’est là où nous brillons par notre démission, nous sommes les mêmes à dire à qui veut l’entendre que  « l’opposition n’est pas de taille ; il n’y a personne pour être aux rennes de notre nation ; Jean-Pierre Fabre n’a pas la carrure d’un Président… » et patati et patata.

 

Dites-nous, c’est quoi le prototype d’un parfait Président de la République ? Quelle taille doit-il faire ? Combien doit-il chausser ? Ses vestes, Hugo Boss ou Pierre Cardin ? Il doit avoir fréquenté quelle faculté de quelle école ? Combien de sociétés à succès devra-t-il diriger avant d’obtenir notre confiance ? Sérieux, dites clairement ce à quoi doit ressembler un candidat aux #TGPR15, pour pouvoir vous rallier à sa cause ?

 

Après, nous disons untel et untel n’ont pas de programme politique, n’ont pas la carrure… Vous avez-vu Jerry John Rawlings à son coup d’état au Ghana? Bon, comparaison n’a jamais été raison. Mais, programme politique ne veut forcément pas dire volonté de mettre fin au désordre. Parenthèse fermée. Même Alberto Olympio est arrivé, on lui reproche d’être « pédant, déconnecté des réalités locales« …. Bon, on retourne sous l’acajou et on attends le messie.

 

Avons-nous jamais tenté d’approcher l’un d’entre eux, pour avis, conseils, ou même propositions de services, vu que nous avons d’immenses compétences méconnues par le système pérennisé par le Président sortant ? Avons-nous jamais été assez tolérants pour voir en un seul candidat sa perfectibilité ? Qu’avons-nous fait pour y contribuer ?

#TGPR15
De la question d’abstention aux #TGPR15.

A défaut de trouver l’homme providentiel, avons-nous essayé nous, de nous engager pour rallier des gens à notre cause, vu que nous sommes si brillants et si influents ? A part nos statuts Facebook et Tweets incendiaires qui n’ont d’impact que sur nos 1.000 amis ou 1.500 followers (qui pour la plupart ne vivent pas au #Togo), que faisons-nous CONCRETEMENT pour combattre le régime que nous vomissons ? Quels risque sommes-nous prêts à prendre ? Quelle est la véritable portée de notre engagement, au-delà de ces articles et tweets ?

Nous sommes incapables de nous engager véritablement, de trouver un bord politique, ou de créer le nôtre, mais nous trouvons le temps de nous offusquer des engagements des autres. Nous menons tous des débats de fonds avec des militants du parti UNIR, mais moi j’ai honte face à eux, car eux au moins, ont fait un choix qui a le mérite d’être clair. Sincère ou pas, au moins ils ont choisi un camp, et l’assument. Mais nous, nous trouvons des excuses à notre…lâcheté, tout simplement. En tout cas, oui je suis lâche. ( Et je l’assume -_- )

 

J’oubliais ! Il ne suffit pas de reconnaître sous cape que nous sommes pour la limitation de mandats. Il faut le dire haut et fort, sans coup férir, sans frémir, et si possible, du poing sur la table taper. Au lieu de cela, on œuvre pour la consolidation et la pérennisation du pouvoir en place, et on veut nous faire croire en sa bonne foi. Vous serez toujours là dans…20 ans pour nous dire que vous êtes pour la limitation des mandats ? Les mandats, on les limites quand alors ?

 

Nous ne sommes hélas pas artisans de notre « avenir » ou de celui de cette patrie. Nous nous bornons à « dire », (ou écrire, pour ceux qui peuvent) pour ensuite, honteusement, usurper la victoire de ceux qui auront agi ; si victoire il y a. Entendez par victoire, alternance, et défaite du Président sortant. De toutes les façons, l’histoire nous jugera ; ceux qui participent à affermir ce pouvoir, et ceux qui sans le vouloir, ne font fondamentalement rien pour le combattre.

 

Eyi zandé.


#TGPR15 : du président Faure et de son bilan

Hashtag des élections présidentielles de 2015, au #Togo
Hashtag des élections présidentielles de 2015, au #Togo

 

 

Le Président sortant, candidat à sa propre succession a un bilan, qu’on se le tienne pour dit. Et ce bilan est en quelque sorte un patrimoine, comportant l’actif ET le passif.

 

Autant les uns saluent les cantines scolaires, autant les autres déplorent ce vieillot système éducatif ; autant les uns acclament les routes, autant les autres décrient leurs promenades sur lesdites le ventre creux ; autant les uns chantent la gratuité de la césarienne, autant les autres déplorent le manque de coton et de Paracétamol, dans des dispensaires mal paumés dans la préfecture de la Binah… Bref, autant certains se contentent de ce bilan, autant les autres en soulignent les insuffisances.

 

Je fais malheureusement partie de ceux qui voient le verre à moitié vide ! Récitez les mantras que vous voulez pour vous consoler : les Togolais méritent mieux que tout ce qui est brandit pour des branding électoraux. On a passé trop de temps à se contenter de peu, et à acclamer le moindre accomplissement qui, pourtant fait partie du cahier de charge de l’occupant du Palais de la Marina.

 

Le #Togo avance, et alors ? Il ne devrait pas ? Un verre plein au trois-quarts et vide au quart ne ferait du mal à personne. Le changement, ce n’est pas qu’un slogan.