Voleuses de maris, honte à vous!
Je me souviens que lorsque j’ai choisi « le silence » comme thème de mon blog, Ziad et consorts ont tenté de m’en dissuader, arguant que « le thème est trop solennel, trop sérieux ; qu’il faut quelque chose de plus gai, qui en dit long ou qui donne un aperçu de mon blog… ». J’ai compris leur inquiétudes, mais heureusement je ne l’ai pas changé. Pourquoi ? Juste parce que le Silence a une symbolique hautement initiatique dans ma vie, et je m’amuse lorsque certaines personnes font montre de diarrhée verbale, ce qui n’a rien à voir avec l’éloquence et la décence.
On y va ! S’il y a une gente qui appréhende mal la valeur du Silence, c’est la gente féminine. Bien sûr, il y a des exceptions, mais la catégorie la plus abjecte, est celle des « deuxième bureaux ». Vous savez, ces femmes qui entretiennent des relations douteuses avec la décence, qui se contentent des maris d’autrui, qui s’en accaparent, et qui se laissent à leur charge totale, effective et permanente. C’est de celles-là que j’aimerai parler.
Pour une fois que je ne suis mêlé ni de près ni de loin à cette vilaine affaire, j’ai eu le privilège d’en être un fameux témoin oculaire, auditif et olfactif. Eh oui, j’ai vu, entendu et… senti la situation. Et si on allait droit au but ?
Mercredi dernier, sur le tronçon Campus-bar Senghor, entre treize heures et quatorze heures. J’étais sur un taxi-moto, la tête un peu dans les nuages, admirant les belles voitures qui me dépassaient, et surtout les belles étudiantes qui longeaient la clôture de l’Université, tenant fermement leur cartables contre leur poitrines bombées. J’en admirais encore une, au teint clair, aux fesses particulièrement protubérantes, debout au bord du passage clouté, près du poteau des feux tricolores, lorsqu’un bruit de ferraille me fit sursauter. « gbooob »… puis s’en suit des éclats de verres sur l’asphalte. Une vieille Toyota Corolla venait de cogner l’arrière d’une superbe, magnifique et neuve Toyota Highlander V8.
Très rapidement les feux de détresse de la grande voiture s’allument et la porte côté chauffeur s’ouvre sur une jeune fille, très belle, à la fière allure. Portant une jupette, et un corsage ouvert sur le buste, hauts talons très pointus, avec des lunettes solaires devant coûter trois tranches de prime d’un étudiant togolais. La jeune conductrice se dirige vers l’arrière de son véhicule pour constater les dégâts. Elle ôte ses lunettes, et darde le conducteur du second véhicule d’un regard noir. L’autre porte s’ouvre, et la conductrice (car il s’agit d’une femme également), sort à son tour pour constater les dégâts.
Se sachant fautive, la deuxième conductrice, beaucoup plus âgée, sobrement habillée, cheveux sans grands soin, lunettes médicales sur le bout du nez, sortit l’air franchement désolée, humble, essayant de calmer la jeune et fraîche victime. A les voir, on les confondrait facilement à une mère qui interdit à sa fille de sortir dans une tenue pas vraiment respectueuse. Vous connaissez la pudeur africaine, suivez mon regard… Le feu était désormais vert, mais comme je voulais assister à la fin de l’affaire, et pourquoi pas, attirer le regard de la jeune et belle conductrice (elle devait soit avoir le même âge que moi, ou être mon aînée de… deux ans seulement ! Alors quoi ?), je libère mon taxi-moto, puis feint de sortir mon téléphone pour appeler la police routière. C’est toi qui n’a jamais crédit dans Samsung là, et c’est toujours toi qui a ton portable collé à la tempe tout le temps. Je m’approche, regarde aussi les dégâts, puis tente de calmer les protagonistes ; enfin celle qui était la plus belliqueuse. La petite ne voulait rien entendre.
« Vous êtes vieille au lieu de trouver des chauffeurs, et embaucher les jeunes, vous faites les avares et vous causer des accidents stupides. Non mais franchement, on est où là ? Si je l’avais causé, cet accident, j’aurais compris ; si c’était la nuit, d’accord ; s’il y avait embouteillage, on comprendrait votre bavure, mais se faire rentrer dedans, comme ça, sur une route quasiment déserte, en plein jour, je suis horriblement choquée, bon Dieu de bon sang ! Heureusement que je viens de payer ma prime d’assurance ! Eh meeeeeerdeuuu.»,attaqua la plus jeune.
L’autre dame était plus calme, s’excusant, proposant un arrangement, allant même jusqu’à proposer la prise en charge totale des frais de réparation. Niet ! La victime ne voulait rien entendre. « Réparer ? Réparer quoi ? Non, je n’ai aucune envie de vous ruiner ma vieille, j’appelle mon assureur ! Non j’appelle mon mari », rétorque t-elle.
Quelques passants commencent par s’attrouper, un policier dont le crâne disparaissait sous son large képi, réglant la circulation à un carrefour plus loin, s’approche aussi pour régler le litige, et pourquoi pas, trouver quelque chose pour la popote. La jeune fille était inconsolable, refusant de se calmer, allant et venant, menaçant tout le monde, prévenant la vieille contre l’arrivée très prochaine de son mari. Oh, la vieille quant à elle, sachant que son mari serait surement occupé au bureau, et surtout pouvant affronter les frais sans son intervention, ne songea point à alerter ce dernier. Elles s’expliquent une fois de plus devant le policier crasseux et nécessiteux, sans grand succès. Le mari de la conductrice de la Highlander était en route, et ne tardera plus à arriver, donc plus de négociation ; tonton viendra tout arranger.
Eh, les gens ont la chance hein, me dis-je ! Petit problème comme ça, son mari est prêt à intervenir ? Oh mais c’est génial, fantastique ; ce sont ces genres de maris qu’on souhaite pour Danielle, pour Sinatou, pour Oumou ; des maris attentionnés, prêts à tout sacrifice, prêts à agir, comme les troupes de l’intervention Serval au Mali. Pas des hommes CEDEAO, qui tergiversent, qui prétendent être occupé, comme le mari de cette pauvre vieille dame. Oh la la, comme le disent les gens du pays de Bela, « elle va prendre drah ».
Eh bien, je noircissait davantage sous ce soleil de pays tiers-mondiste lorsqu’une Mercedes noire débarque du côté de la Résidence du Bénin (c’est là où se trouve le British School of Lomé), à allure maitrisée. Elle se gare sous l’abri réservé aux bus de l’université, puis un chauffeur en descend précipitamment ouvrir la porte arrière. Nul doute, c’était le « mari » de la jeune fille, victime de l’accident causé par la vieille avare qui ne voulait pas embaucher des jeunes chauffeurs. Un pied, délicatement posé à terre, puis le buste sort du véhicule. Un monsieur à forte carrure, tiré à quatre épingles, en sort, puis s’approche de la foule, s’approche de nous ! La jeune fille, voyant son mari arriver, se remit à se plaindre, et marchait vers le nouvel arrivant ; la vielle dame, celle là même ayant causé l’accident, lève à son tour la tête, puis… reconnut Michel, son mari.
C’est là que j’ai vu femme est forte.
La dame plus âgée, renoua fortement son pagne, ajusta ses binocles sur son nez, puis avança à grande foulée rencontrer l’homme venu porter secours à sa « femme ». Michel était sur le point de prendre la jeune fille dans ses bras, lorsqu’il aperçoit Philomène, la dame âgée, son épouse légitime. Cette dernière était déjà au niveau de la jeune fille, et comprit tout de suite, sans qu’on lui fasse un dessin.
« Ahaaa, Michel, donc c’était vrai ? Michel, c’était vrai ? En tout cas bonne arrivée ». Sur ce, elle attrape la jeune fille par les cheveux, et lui assena une gifle si violente, que tous ceux qui étaient présents, portèrent la main à la joue. Deux gifles, trois gifles, là sous le regard de Michel, du policier, et d’Aphtal. Philomène, calme tout à l’heure, suppliante, reprit ses grands airs, et passa brièvement cette impolie à tabac. Pour finir, elle lui arrache son sac à main, et le vida de son téléphone, de son argent, et surtout… de la clé de sa belle Toyota Highlander. La jeune, sonnée par les coups, tentait difficilement de se relever, lorsque Philomène ouvre la porte de la superbe et neuve voiture. Avant de monter à bord, elle intima un dernier ordre :
« Monsieur l’agent, voyez avec mon mari, il vous indiquera l’adresse à laquelle conduire ma seconde voiture, d’accord ? Tenez, voici les clés ; venez et je m’occupe de vous, d’accord ? Oh, Michou, retourne au bureau d’accord, on se voit à la maison ce soir. Rentre vite s’il te plait, je prépare ta sauce agouti ce soir. Allez bye ».
La jeune fille était là, impuissante, regardant sa voiture s’éloigner, essayant de se demander ce qui était en train de lui arriver. Le policier, ne voulant surtout pas avoir à faire au Monsieur, démarre aussi la petite et vielle voiture laissée par l’épouse légitime, et suit la grosse Toyota. Monsieur Michel, (Michou pour les intimes), sortit un billet de 10.000 FCFA et la tendit à la jeune et superbe fille, puis regagna sa voiture. Il retourne au bureau, et rentrera probablement manger la viande d’agouti, avec son épouse et ses enfants.
La foule commence par se disperser, et un jeune étudiant, habile et intelligent, arrive et gare sa moto Dubaï à hauteur de la jeune fille, ex-conductrice d’une grosse cylindrée, et piétonne du jour au lendemain. Pour éviter la honte et echapper aux moqueries de la foule et des passants, elle monte, sans même se poser des questions. Ah, jeune étudiant va manger fraichini cet après-midi ! Ce sont dans ce genre de situations que je regrette ne pas avoir de moyens de déplacement. Merde, ça aurait pu être moi…
De toutes façons, moi j’ai compris une chose : Plusieurs jours pour le voleur, un seul jour pour le propriétaire. Hommes, honorez vos épouses, chérissez-les, respectez-les, et laissez les jeunes filles, vos filles, tranquilles. Laissez les jeunes filles aux jeunes garçons. Et même si vous êtes si animal au point de céder à vos bas instincts, soyez équitable, et que votre épouse légitime, jamais ne sois lésée. Vous autres, jeunes dames qui pensez trouver bonheur en semant zizanie dans le couple d’autrui, soyez brave, et attendez votre tour, au lieu de brûler des étapes, et tomber lamentablement de votre piédestal, et vous retrouver à la rue.
Que votre lit conjugal soit exempt de toute souillure.
J’ai dit.
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