Pitié, Seigneur, pas moi

Franchement ce soir, mon programme était ficelé d’avance: Sortir du boulot à 18h au plus tard, aller avaler quelques gorgées de levures, puis me la couler douce, pour la nuit. Mais, franchement, cette affaire de Maya là, me prend la tête, et donc, à l’instar de Bela, de Florian, et de Faty, moi aussi j’ai décidé d’écrire une lettre. Sauf que la mienne, elle s’adresse directement au Grand Barbu, assis sur un tronc de cailcédrat, délicatement posé sur un nuage plein de gouttes de pluies (Probablement celles qui vont tomber, demain, pour le Bang Bing). Bon je me jette à l’eau:
« Cher Dieu, Donc dans amusement là, Tu veux nous buter demain pour de vrai? Sérieusement? Seigneur, j’avais confiance, je me me moquais de ces gars nus et trapus, aux visages scarifiés et tatoués, mais ce matin quand je me suis levé là, Lomé avait un air bizarre! L’harmattan qui refusait de venir depuis, s’est brusquement abattu sur ma ville aujourd’hui, rendant difficile le lever, et compliqué la douche. Il faisait froid et le soleil hésitait. Du coup, en me rendant au boulot, Oh Doux Papa, je me posais des questions: Donc Tu vas te débarrasser de nous demain, comme ça? Ce qui m’agace, Seigneur, c’est que j’ignore comment cela va se passer, et j’ai l’impression que Tu veux jouer avec mes nerfs; Toi même tu sais que j’ai peur de la mal-mort (différent de la mort hein, chers lecteurs; la mal-mort, c’est cette mort bizarre, façon violente là). Dieu, si je t’envoie ce courriel, (j’avoue que je me suis pas préparé à publier ce soir), c’est que j’hésite encore un peu.
Mais comme on ne sait jamais, je viens Te voir pour plaider ma cause, Oh Saint et Généreux Père! Moi, ton fils non-unique, moi Aphtal, que Tu as conduit par Ta houlette dans la vallée de l’ombre de la mort, moi Aphtal que tu as jugé bon de faire naître d’un père musulman, moi ton gosse préféré que tu as autorisé à se balader dans les parvis de Ton église, Seigneur, moi Aphtal que Tu as initié sur le fil d’un rasoir, moi Ton Aphtal hein, moi ton fils chéri, épargne moi de ce qui pourra advenir demain. Seigneur, je vais répéter ce qu’avait dit mon Grand-frère, lors de sa dernière virée terrestre: « S’il est possible que cette coupe passe loin de moi! » Moi je m’arrête ici car ce que mon grand-frère a ajouté lui a valu des clous contre deux morceaux de bois. (Papa pardonne-leur).
Seigneur, moi Aphtal, qu’est-ce que j’ai fait de mal hein? Moi je produis pas de gaz à effet de serre, moi je pollue rien, moi je suis même pas allé sur la Lune pour jeter des débris la-bas; moi je n’ai pas pris un fusil d’assaut pour tuer des petits enfants, hein; moi je n’ai pas refusé d’aider financièrement ma sœur comme Émile; Seigneur, moi je n’ai pas renié mes origines, je ne suis pas devenu Baoulé comme David; Papa châties-les, mais moi, aie-pitié. Je sais pas comment ça va se passer demain, mais prends moi et puis dépose moi à ta droite en attendant. A la fin, envoie moi repeupler la terre toute entière.
Seigneur, j’aurai voulu jouer la carte de la solidarité, plaider la cause de mes camarades, de mes amis, de ma famille, de mes amours, de tout ceux que j’aime, et de mes ennemis. Mais c’est Toi qui sonde les reins et les cœurs, et tu sais que je suis trop petit et trop faible pour porter la croix de tous ces pauvres pécheurs. Seigneur merci pour la qualité de ton écoute, merci parce qu’à moi, tu ne refuses rien! Merci parce que je serai l’élu demain, advienne que pourra. Ziad, Rita, Faty, Mamady, Serge, Emile, David, Florian, Axelle, Danye, l’autre malgache là, et les autres, Seigneur aie pitié de leurs âmes, et fais comme je te le demande. Merci Papa, car, j’ai prié avec l’assurance qu’aucune prière n’est vaine. Amen!!
Dans l’attente d’une suite favorable, et d’une collaboration future, daigne agréer, oh Tendre Père, l’expression de mon profond respect. A Samedi donc Dieu, dans la case commentaire. Ton fils, Aphtal »
J’ai dit!
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