Ma prochaine lettre de motivation est prête…

Hier, je procédais à l’inauguration de mon fast food. Ce n’est pas un McDo, ni une grande enseigne. Juste un endroit tranquille et propre pour déguster en toute tranquillité de savoureux mets. Inutile de vous dire que j’y suis le Chef cuistot. Peu d’entre vous savent que j’ai fait seulement six mois en Hôtellerie Restauration, avant de m’inscrire en Droit, sous la pression de mon géniteur. Oui je fais ma propre pub, et alors ? En fait je vous parle de cette inauguration, car elle m’a permis de faire une rencontre, et pas des moindres.
Entre deux services, je me fais accoster par un client, plutôt âgé, élégant, rieur, et affable. Il se met à me taquiner, à me demander pourquoi je fais un truc de femmes. Je lui réponds, et lui dit que je suis juriste de formation. Son visage s’illumine, et il se présente à son tour, comme avocat au barreau de Lomé. Lorsqu’il finit de manger, il me fit encore appeler :
« Mon cher ami, appelle-moi après ! Mets à jour ton CV, rédige une petite lettre de motivation, et viens me voir d’accord ? Je n’ai pas grand chose à te donner mais, je suis sûr qu’on pourra s’entendre. Allez, on se dit à bientôt ? Bonne soirée »,
Me dit-il en me tapotant les épaules. J’étais tout excité, à l’idée de décrocher un autre petit job, dans mon domaine, et de façon si inopportune. Mais ce matin, j’ai repensé à notre discussion de la veille, et dans ma lettre de motivation, j’ai décidé de jouer la carte de la franchise. Je vous la soumets, en attendant vos avis, avant de l’expédier à Maitre Aliboron !
Lomé, le 17 Février 2013
Aphtal CISSE
Objet : Demande d’emploi.
Honorable Maître,
Ce n’est pas vraiment un honneur pour moi, de m’accouder à une table, pour rédiger une fois de plus une lettre destinée à convaincre un hypothétique employeur. Si mon chômage ne suffit pas à vous convaincre de ma motivation, c’est que vous pensez que c’est un plaisir pour moi de passer mes journées à la maison.
Maître, comme je vous le disais hier, je suis nanti d’une Licence en Droit Privé, Options Affaires et Fiscalités. J’ai fait partie de la première promotion du prestigieux Institut des Hautes Études des Relations Internationales et Stratégiques, IHERIS-TOGO. En outre, cette année, si tout va bien, j’obtiendrai une autre Licence en en Droit Privé, Option Profession Judiciaires, à la Faculté De Droit de l’Université de Lomé.
Vous vous direz peut-être que je me contente trop de ma Licence, mais si notre pays avait une spécialité en Droit Maritime, croyez-moi, je serai en train de préparer mon Master 2, cette année. Rassurez-vous, au-delà de l’aspect purement théorique de notre cursus universitaire, j’ai acquis une expérience professionnelle non négligeable.
J’ai passé deux années de ma vie au sein d’une étude d’Huissier de Justice, 03 mois au sein d’une respectable compagnie d’assurances, et 03 autres au Service Achat et Approvisionnements du Département Moyens et Logistiques de la plus grande société de Télécommunication du Togo.
Du coup, je me dis que ce serait surement très excitant de travailler avec vous, mais je sens que je n’ai plus grand-chose à apprendre. Je ne suis pas le plus diplômé ou le plus expérimenté du Togo, mais moi aussi je peux me vendre cher, je crois.
Je voudrais alors que certaines vérités soient dites : Je n’ai pas fréquenté gratuitement, moi ! Ma mère s’est endettée pour me scolariser, et je me suis tué pour avoir les cours polycopiés, et effectuer des recherches. Je ne vous parlerai pas de la petite fortune qu’a coûté les déplacements, jusqu’à l’obtention de la Licence. Si je dois travailler pour vous, Maître, il ne faudra pas ignorez cet aspect des choses. Je ne travaillerai plus GRATUITEMENT pour qui que ce soit, et j’exige un contrat de travail en bonne et due forme, avec une rémunération respectable et une déclaration à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.
Demandez à tous mes ex-employeurs, je suis un jeune motivé, assidu, respectueux, élégant, éloquent, intelligent, rigoureux envers moi-même et amoureux du travail bien accompli. Et plus, je suis Apprenti-blogueur sur une plate-forme de RFI. Vous êtes Maître, certes, mais moi non plus je ne suis pas n’importe qui.
Ce sont mes seules conditions, et j’espère que ma lettre reflète assez clairement avec qui vous avez à faire. Je suis disposé à discuter sur mes horaires de travail, si vous consentez à me retenir, mais aucune négociation ne sera admise sur les autres points. Soit vous me prenez à ces conditions, soit vous me laissez à mes casseroles dans mon fast-food.
Dans l’attente d’une collaboration future, veuillez lire en ces lignes, Maître, l’expression de mon profond respect ».
J’ai dit !
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