Fête des travailleurs au Togo: Un fiasco de plus

Bonsoir à vous ! Je suis conscient que depuis un bon bout de temps, mon blog n’est plus gai ; plus rien d’amusant, ni de croustillant ; rien de sensationnel, rien d’épique, rien de fantasque. Je ne m’en excuse pas, car l’heure est grave. Les évènements actuels m’obligent à oublier, un tant soit peu, mes problèmes à moi, pour me pencher sur les problèmes plus généraux, plus globaux, et malheureusement plus graves.
Grave ou pas, c’est à chacun de se faire une opinion. En tout cas moi, il m’est de plus en plus difficile de clamer ma fierté envers mon pays. Le Togo s’est inscrit dans la triste dynamique de s’enfoncer encore un peu plus, chaque jour, de faire montre de sadisme, et de se couvrir de honte aux yeux de tout l’univers.
Ah le 1er Mai, fête de tous les travailleurs, fête de ceux qui ont un emploi, de ceux qui perçoivent une rémunération, de ceux qui, de façon générale, exercent une activité génératrice de revenus. Le travail ! Le travail ! Le travail. Qu’en sais-je ? J’ai envie de vous réciter mon cours sur le Droit du Travail et sur la Sécurité sociale mais, cela restera pure théorie ! Le travail, je n’en sais pas grand-chose parce que je ne suis pas travailleur. Je n’exerce aucune activité, je ne suis sous l’autorité de personne, personne ne me verse une rémunération, et je ne suis pas déclaré à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Le travail, je n’en sais pas grand-chose !
Mais quelque chose me dit que le Travail, c’est cette activité là qu’on exerce, avec passion et amour, c’est cette activité dont on vit, cette activité qui nous épanouit, qui nous ennoblit, qui nous grandit ! Le travail, à mon humble avis, c’est cette activité qui apporte sécurité, sérénité, à celui qui l’exerce. Le travail, nourrit son homme, mais aussi le rend heureux ! Peut-être suis-je un peu trop idéaliste, mais c’est ma conception de la chose.
Et si jamais je me risque à comparer cette conception qui est mienne, à la situation actuelle des travailleurs togolais, je risque de blasphémer envers les dieux de l’emploi. Mais qui ne risque rien n’a rien n’est-ce pas ? Tout d’abord au Togo, on a fini par comprendre qu’il n’y a plus d’emplois ! Oh ne me demandez pas pourquoi : on nous les casse tous les jours, avec cette affaire d’entrepreneuriat !
Le secteur privé comme le secteur public ne sont plus pourvoyeurs d’emplois ; mais ce n’est pas le nœud du problème ; intéressons-nous à ceux là qui prétendent travailler.
Je n’ai pas de statistiques à vous donner, alors ceci est un appel à contribution : Combien de togolais exercent-ils un métier dans le domaine exact de leur formations ? Combien de togolais ont-ils un salaire inférieur ou égal au SMIG ? Combien de togolais ont-ils un salaire supérieur ou égal au SMIG ? Combien de togolais travaillent-ils en vertu d’un véritable contrat de travail ? Combien de travailleurs togolais sont-ils déclarés à la CNSS ? Combien de travailleurs togolais sont-ils satisfaits de leurs emplois? Combien de togolais sont-ils satisfaits de leurs rémunérations ? Quels sont les secteurs d’activités les plus payants au Togo ? Quels sont les… je m’y perds, chers lecteurs !
Mais je suis conscient que ce n’est pas un problème intrinsèquement togolais ! Et je suis également convaincu, que face à ces genres de problèmes, la grève est la meilleure arme des travailleurs ; c’est également leur droit fondamental. Et ce droit à la grève, eh bien les travailleurs togolais en ont fait usage, il y a de cela quelques semaines. Presque tous les secteurs ont été paralysés : de la santé à l’éducation, en passant par le transport, la banque et même l’armée (tout récemment). Ce droit à la grève, si je me rappelle du cours de ce vieux professeur, est un droit universel !
La particularité togolaise
Eh bien, au Togo, la grève est censée être la particularité des travailleurs originaires d’une certaine région du pays. Selon un ministre dont je tais le nom, les travailleurs originaires du **** du pays, ne grèvent pas, et ne doivent pas grever ! C’est ce que j’appelle, « le principe de la territorialité des problèmes sociaux » ! Sacré Togo.
Et lorsque les travailleurs grèvent quand même, on recourt à la triste et rétrograde méthode de l’intimidation : des listes de présence qu’on fait circuler dans les services, des agents espions qui épient leurs camarades, et qui se livrent à la délation, des menaces de sanctions, de non avancement, et autres… Sacré Togo.
Ces méthodes ont fait que malgré nous, les problèmes se sont amassés, les frustrations se sont accumulées, les besoins se sont diversifiés, et tous les secteurs ont été concernés. Lorsque les enseignants ont cessé de dispenser les cours, les élèves se sont invités à la fête, et ont également manifestés pour leur apporter soutien. Tout le monde sait à présent qu’on a tué deux d’entre eux.
Tout le pays est paralysé par une grève générale, et on invite une fois de plus au dialogue. On leur accorde le bénéfice du doute, ils se mettent à faire du dilatoire ; comme d’habitude. Et pour pousser le cynisme et le sadisme à leur paroxysme, ils réduisent, ce mois, le salaire des fonctionnaires pour cause de grève ! Sacré Togo.
Le 1er Mai, censé être une fête, une réjouissance, s’est, à Lomé, transformé en journée de recueillement. Les travailleurs, en lieu et place des défilés joyeux, se sont livrés à une marche silencieuse, en mémoire des deux jeunes élèves tués par le régime en place. Aujourd’hui à Lomé, il y a eu tout sauf de la joie. Oh, il y a des structures qui ont profité de la fête hein, certains se sont réjouis, c’est vrai ; mais étaient ils contents, étaient-ils heureux?
Travailleurs togolais, la lutte continue. Un droit, cela ne se négocie pas ! Et, vous avez droit à une meilleure rémunération, à de meilleures conditions de vie et de travail.
Dirigeants togolais, faites des hommes heureux, vous les rendez meilleurs , disait l’autre.
J’ai dit !
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