Votez pour moi, mes chers amis! Votez pour moi.

Je sais que certains d’entre vous penserons directement à la chanson ivoirienne du même titre que celui de ce billet. (Seuls les anciens se la remémoreront, d’ailleurs). C’est peut-être dans la même optique que ladite chanson sauf que là, je ne suis pas artiste, et je ne compte pas amuser la galerie !
Là je suis un jeune togolais, qui ambitionne de briguer un mandat parlementaire ! Oui, je veux être un élu de la nation, je veux être un parlementaire. Pour ce faire, il me faut convaincre mon électorat, advienne que pourra:
#Togo #législatives 2013 c’est la première semaine du mois de juillet prochain, selon Mme Dola Aguigah, présidente de la CENI ».Suis candidat
— Aphtal CISSE (@AphtalC) 14 mai 2013
Braves gens de Sokodé, (chacun retourne faire campagne dans sa localité d’origine hein), votez encore pour moi et vous ne serez pas déçus. J’ai encore des projets pour vous, pour nous, pour notre localité, que je n’ai pas fini de réaliser. Je vous jure. Regardez, toutes ces mosquées que nous avons réalisées, regardez ces minarets ! Vous-même vous êtes témoins, et Dieu m’est témoin : l’école primaire est gratuite ici oui ou non ? Hein ? Oui, ou bien ? Vous ne vous êtes jamais demandé grâce à qui ? Wallaye billaye c’est moi qui me suis battu pour l’école gratuite à Sokodé. Oui, c’est bien moi Aphtal, votre fils, votre enfant chéri !
J’ai encore besoin de vous, parce que vous aussi vous avez besoin de moi ! Vous ne voulez pas accoucher gratuitement, à Sokodé ? Vous ne voulez pas qu’on vous distribue gratuitement des moustiquaires imprégnés, des antipaludéens, des antibiotiques, des vermifuges et des préservatifs gratuitement ? Eh bien votez seulement pour moi ! Moi je suis différent, et vous-même vous savez. Moi, même le Président de la République a peur de moi parce que je suis le seul à dire la vérité. Moi on a peur de moi à Lomé, tout le monde a peur de moi, parce que moi je ne suis pas comme les autres députés : moi je me souci de mes électeurs d’abord et de moi-même après !
Vous connaissez François Hollande ? Le président de la France : c’est mon camarade. Je vais chez lui comme je rentre dans la case de ma femme. Je vais faire comme lui, si je suis député, wallaye !
Moi député de Sokodé, il n’y aura pas d’autre Dieu qu’Allah, et Mahomet sera son seul et unique prophète, wallaye. Votez pour moi, et la Charia sera notre Constitution, les Hadith seront les références à toutes nos lois, je vous jure ! Takhbir… Allahou Akbar !
Moi député de Sokodé, il n’y aura plus de grossesses non-désirées,il n’y aura plus de grossesses précoces, il n’y aura plus de professeurs qui engrossent les élèves, les écoles, si jamais on en construit, seront des lieux exemplaires et exempts de tout vices moral, social : wallaye !
Moi député de Sokodé, il n’y aura plus d’aléas climatiques, il n’y aura plus de pluie qui arrive sans prévenir, ni de soleil qui tape trop fort et brûle les épis de maïs : parole d’Aphtal !
Moi député de Sokodé, le Tem sera la langue nationale, j’exigerai même qu’on l’enseigne dans les écoles du pays, et elle sera la langue officielle à l’hémicycle, le Kotocoli est une race pure, noble et supérieure, il lui faut un guide comme moi pour le conduire à l’accomplissement de sa gloire, wallaye !
Moi député de Sokodé, il y aura éclipse du soleil chaque année, durant tout mon mandat, je le jure ! On m’a dit que vous avez aimé la dernière éclipse, et que la prochaine n’aura pas lieu avant plus de mille ans, mais moi député, il y aura éclipse toutes les années, wallaye billaye !
Moi député de Sokodé, je ferai construire ici, dans cette ville même, l’Ambassade d’Allemagne, pour vous éviter les tracas de Lomé. Vous n’aurez même plus besoin d’apprendre l’Allemand pour aller à Dortmund, ou à Berlin ! Wallaye, juste avec votre permis de conduire, vous aurez le visa pour l’Allemagne, si et seulement si vous votez pour moi.
Moi député de Sokodé, au nom d’Allah, je ne construirais plus de maison pour ces petites filles qui veulent briser mon mariage en s’offrant généreusement à moi. La politesse Kotocoli m’interdit de refuser tout cadeau offert avec le cœur (surtout si elles y ajoutent la chair), mais rassurez-vous, je ne me gaspillerai plus à cela.
Moi député de Sokodé, je construirai des stades de football, plus grands que le Maracaña, ou celui de l’Orlando. Nous Kotocoli, aimons le football, alors il y aura autant de terrains de foot que de mosquée, et Emanuel Adebayor deviendra Kotocoli, je le jure ; il jouera même pour Semassi, wallaye !
Moi député de Sokodé, le lait caillé sera gratuit, le maïs sera gratuit, les feuilles de baobab pour votre sauce seront gratuites, pour la moutarde « tchotou », n’en parlons même pas ; vous mangerez à votre faim, vous vivrez à mon image : vous vivrez bien !
Moi député de Sokodé, Sokodé sera comme la Silicon Valley ; chaque enfant aura un compte Twitter dès sa conception ; il aura un Smartphone à sa naissance, animera sa propre page Facebook dès l’âge de cinq ans, et pourra être Community Manager avant dix ans, c’est Aphtal qui vous parle !
Moi député de Sokodé, je ne conduirai pas de grosse Mercedes ni de Pathfinder, je ne resterai pas éternellement à Lomé, loin de vous, je ne dînerai pas tous les soirs au Beluga, je n’enterrerai pas d’argent dans un trou dans ma grande maison, wallaye billaye !
Moi député de Sokodé, mon immunité parlementaire couvrira tous les habitants de cette belle et paisible ville qu’est Sokodé, notre joyau commun, on pourra tuer qui on veut, voler qui on jalouse, violer qui nous excite, sans en être inquiété : nous jouirons tous de notre immunité parlementaire ! Wallaye !
Moi député de Sokodé, aucun de mes enfants n’étudiera à la Sorbonne, à Lille ou à Bruxelles : ils seront tous inscrits à Komah II, au collège de Didaouré ou de Kpangalam, puis à l’Université de Kara, dans la brousse là-bas, c’est moi qui vous le dis, croyez-moi !
Humm, moi député de Sokodé… Je ne vais pas beaucoup parler ! D’ailleurs je me tais comme ça ! Vous savez que nos destins sont intimement liés, et je sais que vous n’avez pas besoin d’être convaincus pour coller votre pouce pourri, imbibé d’encre, juste à côté de ma photo. Je n’ai pas besoin de tous ce discours, car vous ne comprenez rien, de toute façon, et je sais que je vous ennuie.
Ne vous en faites pas, au moment venu, je ferai multiplier des tricots et des Lacoste avec mon visage dessus ; je vous distribuerai aussi des boites de sardines, et quelques savons, et notre contrat sera signé pour de bon.
A bientôt, chers électeurs. A bientôt, pauvres cons !
@aphtalc Boe chance, tu as mon vote
— Moudwe Daga (@Moudwe) 14 mai 2013
Comprenne qui peut.
J’ai dit !
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