Ce pourquoi je n’irai pas à la fête de la bière…

Bonsoir à vous, chers amis. C’est toujours un plaisir pour moi de savoir qu’il y a des personnes qui perdent quelques minutes de leur vie pour cliquer sur un lien les conduisant dans mon petit univers de togolais frustré ! Bon, j’ai vu comment vous vous êtes moqués de moi dans mon précédant article hein, alors pour cette fois, je ne vais plus raconter une mésaventure ; je vais juste essayer d’exposer les raisons pour lesquelles je n’irai pas à la fête de la bière.
Oh, excusez-moi si le thème devient surabondant ; je sais que beaucoup d’encre a coulé sur le sujet. D’ailleurs un magnifique billet écrit par mon aîné Lovejoyce que je vous convie à lire, fait force en la matière. Soit ! Mais bon, je vais dire pour moi aussi pour me libérer.
Les origines de la fête de la bière ? Lovejoyce dit ceci :
La fête de la Bière, cette tradition allemande, sûrement aussi belge, vieille de plus de 200 ans, nous aurait-elle été léguée, par la colonisation ? Je me le demande. Il apparaît, en tout cas, que célébrer cette fête de la bière, dans des conditions peu brillantes – l’abus d’alcool, étant dangereux pour la santé – soit devenu institution dans notre pays. Comble !
Les origines de cette orgie, moi personnellement je n’en ai rien à foutre. Ce pourquoi moi je la boycotte :
Raison N°1 : Je n’ai pas d’argent.
Je serai bien hypocrite de passer sous silence cet aspect de la chose. Cette fête tombe mal pour moi, j’avoue. Mais bon, ce n’est pas la seule raison. Une bouteille à la fête de la bière me revient plus chère que de la siroter tranquillement à Cacaveli. Sérieusement, me taper le déplacement, le ticket d’entrée, et le gobelet de bière à la plage, l’équivalent me rendrait déjà ivre chez moi hein ! Petit calcul :
Rien que pour le déplacement :
Aller |
Retour |
Taxi-moto Cacaveli-Adidoadin = 150 FCFA | Taxi-moto Adidoadin-Cacaveli = 150 FCFA |
Taxi Adidoadin-Grand marché = 400 FCFA | Taxi Grand marché – Adidoadin = 400 FCFA |
Taxi-moto Grand Marché – Hôtel de la paix = 100 FCFA | Taxi-moto Hôtel de la paix – Grand Marché = 100 FCFA |
Il paraît que le ticket d’entrée est à 200 FCFA. En gros juste pour mettre pied dans l’espace réservé à la beuverie, il me faut, au bas mot 1.500 FCFA. Pour moi seul hein. Si jamais je veux m’y rendre avec une certaine Pascaline, ou avec ma fiancée, il va falloir compter double. Une fois à l’intérieur, je dois débourser pour boire (puisque c’est la raison de ma présence), ou avaler deux ou trois brochettes de viandes avariées d’âne, de mouton, ou de saucisses.
Pils à 350 Castel à 300 Guiness GM à 700… C’est clair qu’ils veulent enivrer le peuple togolais avec leur fête de la bière #Gnadoè
— Aphtal CISSE (@AphtalC) October 21, 2013
Je sais que vous marmonnez « Oh le pingre, 1.500 FCFA seulement et il se plaint ? » Ouais je me plains parce que le coût du déplacement seul équivaut à trois bouteilles de bières dans un bar à côté. Vous me direz, « Ouais mais et l’ambiance, et tout cela ? ». Ambiance hein ? Quelle ambiance ? Celle de ces jeunes filles impubères aux cuisses dénudées, celle de ces jeunes collégiens pas du tout mignons voulant ressembler à Eminem ou à Wiz khalifa dans leur sape à deux balles ? Pitié, je préfère rester à Cacaveli hein. Je ne suis pas fumeur mais je dois prévoir ma capsule de Ventoline et quelques anti-allergies, car là où il y a alcool, il y a cigarette ; je vais donc y devenir fumeur passif. Bref…
Raison N°2 : j’ai déjà goûté à toutes les bières…
En fait je reprends ici la simple question que m’a posée mon ami Razak : Quelle bière on n’a jamais bu même? Et je lui donne raison! Sincèrement, la fête de la bière n’apporte aucune valeur ajoutée dans la vie des soûlards togolais. Moi, je traverserai vents et marées, monts et vallées pour me rendre à la fête de la bière, si et seulement si, on nous faisait découvrir et déguster des bières étrangères. Franchement, si c’est pour les mêmes Awooyo, Flag et Castel, autant rester chez moi hein, ou prétexter une visite à la charmante Trysha; elle au moins en a, de la bonne bière blonde. J’aurai aimé aller tremper mes lèvres dans une bière blonde allemande, américaine, australienne, ou même ghanéenne, ivoirienne ou sénégalaise. Comment peut-on célébrer la bière, et se limiter à celles qu’on avale tous les jours ? Je n’ai pas assez d’argent hein, mais s’il faut encore le dépenser pour aller boire votre Pils et Lager là, non merci.
Raison N°3 : Je cherche un emploi, pas une promotion éthylique
Les gars, sérieusement, vous avez vu toutes les sociétés qui sponsorisent cette fête de la bière ? Avez-vous une fois essayé de déposer un CV et une demande d’emploi dans l’une de ces sociétés ? Bon, ok la nouvelle chanson actuellement à Lomé, c’est l’auto-emploi et l’entrepreneuriat. Avez-vous déjà soumis un projet à l’une de ces nombreuses sociétés ? Sinon, qu’attendez-vous ? Si oui, quelle fut leur réponse ?
Je ne sais pas pour vous hein, mais dans ce pays, les priorités sont ailleurs. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il n’y a que ces genres de manifestations qui réussissent le mieux au Togo ? Ah, vous avez certainement oublié que l’une des premières sociétés togolaises à obtenir la certification ISO 9000 est la Brasserie de Lomé. Eh oui, on ne boit pas n’importe quoi comme bière hein, les gars.
Et ne dépensez pas trop pour la fête de la bière ! D’autres joyeuses échéances approchent, chers togolais. Des échéances plus joyeuses, plus festives, et sûrement plus arrosées.
Il y a eu foire Adjafi. Maintenant c’est fête de la bière. Ensuite ce sera Foire Int’le de Lomé. Puis la quinzaine commerciale. Hmmm #Gnadoè
— Aphtal CISSE (@AphtalC) October 21, 2013
Cette conclusion du pré-cité Lovejoye mérite d’être reprise ici :
Moi, comme l’autre, éternel apprenti chrétien, je dis non, à cette fête de la bière. Même si, malheureusement, mon avis ne compte pas ! Mais gardez-vous bien, qu’un jour, elle ne compte vraiment. Parce que ce jour, vous apprendrez, qu’à préparer d’abord et surtout, l’avenir et le progrès, au lieu de s’enliser sans cesse, dans le loisir inutile et néfaste, on met à l’abri de la disette, en élevant l’esprit de la jeunesse, un, comme le Togo, Pays Pauvre Très Endetté.
Dans une nation dont la bonne partie de la population active passe le clair de son temps à être ivre, on se demande si elle a assez de temps de lucidité pour plancher sur les vrais problèmes qui lui sont inhérents. Bien malin qui voudra « noyer » ses soucis dans la bière. Certains problèmes excellent en apnée, et deviennent plus compliqués, une fois le nez dehors.
De la bière ? Les miens en consommerons, jusqu’à leur propre mise en bière. #RIP, peuple ivrogne
— Aphtal CISSE (@AphtalC) October 21, 2013
J’ai dit !
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