9 janvier 2013

Eau glacée brûle parfois…

Clarita (Image: MorgueFile)

Je ne sais pas trop comment débuter ce billet, tellement le vin que mes collègues m’ont fait boire ce soir pour mon anniversaire, était… en tout cas, j’ai passé une merveilleuse journée d’anniversaire. J’ai bu au bureau, mon supérieur hiérarchique m’a filé un joli billet des Colonies Françaises d’Afrique, ma famille m’a offert de la bonne pâte d’igname pilée (foufou),  mon voisin de quartier m’a offert deux bouteilles de bière, j’ai dormi comme un nouveau né ; je crois même avoir sucé mon pouce durant le sommeil. Bon voilà pour le côté festif de mon 08th January.

En rentrant du bureau ce soir, la dernière chose à laquelle je m’attendais était une querelle, ou une scène de ménage ; en tout cas à tout sauf à un tohu-bohu digne de ces quartiers périphériques de Pays Pauvre Très Endetté. En descendant de mon taxi-moto, sifflotant un air gai, prenant mes précautions pour ne pas tituber, et desserrant ce nœud papillon de mon cou, je me fais dépasser par des badauds qui hâtent le pas pour aller je ne sais où ; un malappris failli même me pousser à terre. Tchrouuuuuuuu. « Que se passe-t-il encore dans mon quartier ? hein ? ». C’est arrivé à mon portail, j’observe tout le beau monde qui s’est attroupé dans la cour commune qui fait face à notre demeure. Eh Merde ! Encore un con qui boxe sa femme. Dommage, me dis-je ! Mais en ôtant mes chaussures dans ma chambre, je pus prendre le pouls de la foule, par ma fenêtre : elle était plutôt joyeuse, semblait attentive et amusée. Bon Dieu ! Cacaveli est si bizarre que ça ? Que Diantre se passe-t-il ?

J’ai pour habitude de ne jamais me mêler des déboires du quartier, surtout en ce qui concerne cette cour commune, mais…bon, sait-on  jamais ! Quelque chose ne peut se passer sous ta fenêtre à ton insu ce n’est pas sécurisant. Peut-être a-t-on trouvé un puits de pétrole, une mine d’or, là, sous ma barbe, autant m’y rendre afin d’en avoir le cœur net. Je me change, puis rejoint la foule agglutinée dans la cour, avec toute l’attention tournée vers la salle de bain, comme les mahométans le font à la Mecque. J’essaye d’avoir un contact visuel, mais rien à se mettre sous la dent. Je pose alors la question à une dame à côté qui me résume la situation, et me convie à rester jusqu’à la fin, pour connaître le dénouement de l’histoire. Bon, je vous relate ce que la dame m’a raconté, en y ajoutant des informations pour votre bonne compréhension.

Brama est un jeune homme j’admire particulièrement. Mignon garçon, 25 ou 27 ans, déclarant en douane, locataire d’un deux pièces dans cette cour commune. Sa discrétion n’a point  d’égale. Toujours élégant, il quitte la maison à 7h pour ne revenir qu’à 21h. Il vit seul, ne se mêle de rien, n’a point d’amis dans la cour, ni dans le quartier, et pourtant semble épanoui. Son train de vie laisse présumer un jeune homme aisé, pourtant, il n’avait pas d’amis, personne ne le visitait chez lui, et quand je dis personne, c’est personne, même pas de fille… Du coup, son orientation sexuelle prêtait à confusion, et alimentait certaines conversations du quartier, des habitants de la cour commune spécialement, et de Chérita, particulièrement.

Chérita, ménagère de son état, mère d’un mignon garçon, est la commère attitrée du quartier. S’il existait un dictionnaire togolais, je suis sûr que sa photo serait à côté du mot « ragot« . Nous l’avons même affectueusement surnommée « Rita CIA », tellement elle est affairée. C’est cette dame là qui faisait courir les rumeurs les plus folles sur mon cher Brama. Parfois, elle le faisait passer pour un homosexuel,d’autres fois, il le traitait tout bonnement d’éjaculateur précoce, d’impuissant, d’impotent, de « djôfôlô , évo koukounô, eau glacée ». Le dernier surnom fit fureur. Eau glacée, pour désigner quelqu’un dont le levier de commandement baisse la tête devant un joli trou barbu (excusez le terme). On savait tous dans le quartier que c’est Chérita qui faisait circuler de telles informations, sauf que Brama lui-même ne faisait rien pour faire taire les mauvaises langues. Il ne faisait pas entorse à ses habitudes, et c’est toujours zéro fréquentation. De quoi je me mêle? Que quelqu’un ait ses érections ou pas, ou qu’il préfère les hommes aux femmes ? Tant que j’aurai cette bosse visible de mon pagne à mon réveil chaque matin, alléluia. Pour les autres, je m’en fiche, oui !

Donc, Chérita passait son temps à traiter Brama d’impuissant, au point où il fallait nécessairement une opération choc, pour prouver le contraire ; il lui fallait prouver sa virilité, il lui fallait sauver son honneur. Hier donc, selon ce que la dame m’a raconté, Brama était rentré un peu plus tôt, et était assis dans la cour devant sa porte. Chérita sortit pour prendre sa douche, avec un pagne noué à la taille, tenant son sceau d’eau, son éponge et quelques trucs intimes. En dépassant Brama, elle cambra sa hanche pour bien relever son arrière-train, comme pour dire à Brama « Dommage que ce c*ul te fasse pas bander, gros c*n »… Dès qu’elle entre dans la douche, elle n’eut pas le temps de poser le sceau et de verrouiller la porte de cette douche de cour commune, qu’elle se fit rejoindre par Brama. C’est ce dernier qui se chargea de fermer la porte et…

De stridents cris ont commencé par fuser de la douche, vous savez, ces cris de femmes qui ne font rien toute la journée et qui désirent défrayer la chronique. Les cris étaient si hauts, si véhéments, si vindicatifs, qu’on aurait pensé que Chérita etait tombée sur un serpent dans la douche… Euh, apparemment, c’est serpent qui est tombé sur Chérita, car après quelques combats, après une brève lutte entre les occupants de la douche, un premier silence vint puis…

« aaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh, éwooooéééééééééééééééééééé, miva hônam loooooooooooooooooooooooooooooooooooooo », au secours au secours, il veut me tuer, commença t-elle.

 

Ce sont ces cris qui ameutent les voisins, et le quartier. Très rapidement, les cris de détresse se font moins entendre, faisant place aux… halètement, mélangés à des pleurs.

« ah ah ah ah ah ah, oh oh oh oh oh oh oh oh oh…. Hmmm hmm hmm hmm hmm hmmm hmmm, Braaaaamaaaaa, c’est à moi tu fais ça? Brama je t’ai fait quoi ? Brama pourquoi tu fais ça ? hein ? Pourquoi ? Pourquoi ? Brama pourquoi ? Brama mes seins ! Brama mes seins ! Brama tête mes seins, Brama tête mes seins ! Au secours… Brama c’est à moi tu fais ça ? ah ? ah ? ah ? ah ? Brama pourquoi tu change de position ? Brama non pas comme ça ! Brama doucement ! Brama arrêtes ; non non ! Brama mon ventre ! Braaaaama… sssssssssssssss ; ahem Brama mes fesses ; brama tape mes fesses ; Brama tape ça hein, Bramaaaaaaaaaa… »

C’étaient les cris de la mégère qui se faisait corriger par son voisin de cour. Moi je ne sais pas vraiment ce qui se passait à l’intérieur. Brama violentait-il sa voisine ? La chérissait-il ? Eh Brama, sacré Brama. Le quartier était là, attendant d’avoir le cœur net sur la virilité de Brama, une bonne fois pour toutes. Quelques minutes après mon arrivée, Brama poussa un cri bruyant, court et sexy à la fois : « ooooooooookkkkkkkkk ». Puis c’est tout. Silence….

La porte de la douche s’ouvre sur Brama tout en sueur, essoufflé, paupières à moitiés closes, qui, ignorant la foule, regagna sa chambre, avec une bosse entre ses cuisse. J’attendais aussi que Chérita sorte, mais on entendit quelques éclaboussures d’eau, puis des cris stridents « fils de chien, impuissant, salaud…. » La foule compris, et commença à rire. Hypocrite de Chérita.

Je retourne chez moi prendre ma douche pour aller honorer le rendez-vous de mon pote. Eh oui, belle façon de faire taire les mauvaises langues, que celle-là. Le mensonge a beau perdurer, la vérité éclate toujours, tôt ou tard, et très souvent, elle survient devant d’innombrables témoins comme les habitants de mon bled.

On peut s’amuser à inventer des informations sur un homme, mais de grâce, celles touchant sa virilité sont difficilement pardonnables. Ce qui s’est passé hier, seuls Chérita, Brama et la douche le savent.

J’ai dit.

Aphtal Cissé

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Commentaires

fiagan
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ha ha ha ha! je suis MDR. fofovi Aphtal wo séssé.

Aphtal CISSE
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Awo, fogan Fiagan, C'est Dieu qui est fort loo

KABA Madigbè
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Hilarant et bon billet mon pote Aphtal. Il m'a fait trop rire. Tu passes mon salut à ce Brama et également à la bien recompensée Chérita.

Aphtal CISSE
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T'inquiète, Kaba. Je crois que je vais lui chercher amitiés.

RitaFlower
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APHTAL,affairage.com.Tu n'a pas ton pareil pour raconter ses petites histoires de la vie quotidienne.Peut-etre que cette chère Chérita"a pris son pied qui sait".Brama lui a donné ce qu'elle cherchait depuis longtemps sans oser le dire.Ah les femmes!il suffisait qu'elle lui dise qu'il l'intéresse au lieu de ruiner sa réputation d'homme. P.S.tu écris à une telle cadence,c'est impresionnant.Billet très drole,j'ai bien ris ooh.

Aphtal CISSE
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Hmmmmmm Merci grande soeur. Eh oui, je suis sûr que Chérita a pris son pieds. Elle a même pris ses orteils, c'est sûr, façon elle haletait la.

Mouinat
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Mdr cet article fait trop rire.la commère a eu ce qu'elle méritait

Aphtal CISSE
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Ah bon? Oumou, c'est toi qui dit ça?

Mouinat
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C'est vrai que je suis totalement contre les violences faites aux femmes surtout les violences sexuelles;seulement cette fois ci je trouve que la commère a eu ce qu'elle méritait.eh oui c'est moi qui le dit Aphtal

Aphtal CISSE
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Ok j'ai compris! Toi qui fait circuler des rumeurs disant que je suis gourmand là, il faut continuer, on verra

Edem
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à l'aise collègue, à l'aise est ton article... eh oui,c'est mon poooooooooooooooote

Aphtal CISSE
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Ah, comme quoi, tu as été aux premières loges de sa publication, Edem... Merci gars! On est ensemble
Cordialement Aphtal