A quand une véritable industrie musicale au Togo?

Bonsoirs chez vous, chers lecteurs.
Il est 23h30 chez moi, et je ne dors pas encore. Avec mon petit-frère, nous venons d’avaler un grand bol de dêguê, affalés dans le canapé de nos parents. Comme personne ne veut renouveler l’abonnement des chaînes câblées, nous sommes condamnés à regarder les chaînes locales, malgré nous ! Moi particulièrement je déteste les télévisions togolaises, car en plus de ne rien passer de bon, elles vous dépriment et vous donnent des envies suicidaires. Mais ce mercredi, avec mon petit-frère Mohammed, nous avons réalisé une chose : La musique togolaise a du chemin à faire.
Oh, je ne suis pas Disc Jockey, ni promoteur culturel ; je ne suis pas non plus un arrangeur, ou un ingénieur de son. Je ne suis qu’un simple mélomane ; un insignifiant consommateur. Et en tant que tel, il m’arrive de critiquer des productions musicales, et même de me moquer de certains clips vidéo. C’est vrai, le ministère de la culture ne donne pas grand-chose aux artistes, l’accès aux studios est onéreux, les passages à la radio et télé coûtent un petit pactole, mais disons nous la vérité, chez beaucoup, le talent n’est pas au rendez-vous.
Triste état des lieux.
Les gars, il y a certaines choses qu’on ne souhaite jamais à son semblable, comme un accident, la perte d’un emploi, une maladie incurable… Moi je ne vous souhaite pas d’écouter certaines ignominies appelées par abus de langage, musique: des instrumentaux qui se résument à une guitare d’église, quelques notes de piano, et des applaudissements de la famille ; des artistes qui hurlent à longueur du morceau, oscillant entre du Zabra et du Beethoven, répétant stupidement les mêmes âneries : « Baby don’t leave meeeeeeee ». La musique n’est-elle pas l’art de combiner les sons de manières agréables à l’oreille ? Pourquoi mes frères togolais foulent-ils aux pieds les exigences de la musique ? Portée, solfège, gamme, mesures, mélodie, tout cela ne leur dit plus rien.
Pis, à défaut d’être agréable à l’oreille, ces artistes ne disent rien à l’esprit, ou à la conscience collective ! Aucun message véhiculé, à part de chanter contre des personnes supposées les envier ; prétendre être celui qui dépense le mieux, en boîte de nuit ; dire que l’homme n’aime pas l’homme, et que quelqu’un lui en veut à cause de « sa réussite » (Oui, oui, sortir un single et faire un clip, c’est une réussite, vous aussi !) ; ou encore demander pardon à une copine, lui demander de ne pas partir... Tout ce qu’ils arrivent à faire de censé, c’est de crier, vers la fin de la chanson, le nom de Claudy Siar ; ce nom, c’est comme les papillotes Maggi Poulet que Sinatou met dans sa sauce pour lui donner meilleure saveur. Tout cela, c’est pour espérer passer dans Couleur Tropicales, heureusement que Siar n’est pas dupe. Où sont passés ces chanteurs qui nous faisaient réfléchir en dansant ?
En ce qui concerne la qualité de certains clips vidéo, elle est si mauvaise que même Youtube ne les publies pas. Un appareil photo numérique, ou une caméra de Smartphone, suffit-elle pour réaliser un clip? Je ne vous parlerai point du scénario, du cadre utilisé, et des habillements des figurants. Allez comprendre comment on en arrive à se retrouver à la plage en boubou, en veste sur un terrain de basket, en pyjama sur un parcours de golf….
Pourquoi tant d’amateurisme ?
Eh bien à mon humble avis, la prolifération des NTIC porte un coup dur à la corporation. Avec un logiciel comme Virtual DJ, tout le monde se sent chanteur. Les gens ne sentent plus le besoin de se rendre dans un studio avec de vrais instruments, et de vrais instrumentistes, pour y dépenser une fortune. En plus, il existe de milliers et des milliers de compositions instrumentales en téléchargement libre sur internet. Tu prends ce que tu veux, tu poses ta voix dessus, et hop, te voilà star !
En plus, se pose le problème d’éducation. Voilà des jeunes qui n’ont pas franchi le cap du BEPC, qui ne fréquentent pas les bibliothèques, qui ne lisent rien, et qui veulent quand même chanter. Que voulez-vous qu’ils racontent dans la chanson ? Combien de mots ont-ils dans leur vocable, pour séduire l’auditoire ?
Il n’est une obligation pour personne de chanter en français ! Mais à défaut d’être instruit, ou scolarisé, il faut être mature, mûr, pour pouvoir véhiculer des messages à toutes les classes sociales. Ils sont de plus en plus jeunes, ceux-là qui choisissent le micro. Ce n’est pas forcément mauvais ! Mais être jeune, inculte, et immature, on risque de chanter faux.
Ensuite, après avoir produit un truc impropre à la consommation, il est facile de passer à la radio ou à la télé. Avec 2.000 FCFA, tu passes en boucle durant une semaine, à la radio ; à 5.000 FCFA, tu as droit à deux passages par jour durant une semaine, sur une chaîne de télé. Bien entendu le prix varie selon les chaînes, mais ceci n’est pas un véritable obstacle. Du coup, n’importe quoi et n’importe qui t’agressent dans ta radio ou à ta télé.
Je me dis, en tant que mélomane, qu’avant de chanter, il faut se poser certaines questions comme : pourquoi chanter, pour qui, dans quelle catégorie ma chanson sera-t-elle classée… ?
Il y a certes des artistes qui font du bon boulot, de très jeunes gens qui chantent de façon impeccable. Des chansons dansantes, des chansons d’amour, il y en a ; des chansons à messages sensés, nous en avons également. Mais sérieusement, il faut un peu plus de rigueur, car à écouter certains artistes, je me sens plus talentueux que R.Kelly lorsque je chante sous ma douche. Suivez mon regard.
Avant de fermer cette page, prière écouter ceci : Kollins Dream Face :Kpan gogo.
J’ai dit !
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