Elections législatives: Mes premières impressions…
Qu’il me soit permis de prendre le pas sur les supers observateurs des élections législatives. Oui, avant les résultats définitifs et surtout avant les sempiternelles conclusions des observateurs (tout s’est bien passé ; les irrégularité notées ne sont pas de nature à entacher la crédibilité des résultats…), permettez-moi de me prononcer sur les résultats provisoires, sur les tendances, données par la CENI.
Selon ces tendances censées être provisoires, il appert clairement que le parti Union pour la République (UNIR, parti au pouvoir) est largement en tête. Je ne vais pas spéculer ; dans le bureau de vote où j’ai été Rapporteur, sur 320 bulletins, 190 sont favorables au parti UNIR, 71 pour le CST, 16 pour l’AEC… Il faut bien qu’il y ait un vainqueur, et ce vainqueur, c’est le parti au pouvoir. De ces résultats, j’ai tiré mes conclusions.
De l’imbécilité de l’opposition togolaise…
- Avant les élections
Alors que le Parti UNIR balisait le terrain, en sensibilisant ses membres, en multipliant des actes de séductions, et au besoin, en achetant des consciences, les partis de l’opposition n’étaient toujours pas encore fixés sur leur participation ou non aux élections. Lorsqu’ils se sont enfin décidés, oubliant les vrais problèmes, faisant fi des véritables réformes qui s’imposent, ils ont subordonné leur participation à la libération de certains de leurs militants, arrêtés dans l’affaire des incendies.
Ils se sont rendus aux élections, sans un véritable travail de fond. Oui, beaucoup de personnes, même à Lomé, ne sont pas au courant de la scission ANC-UFC ; beaucoup ignorent que le parti CAR fait parti d’une coalition ; beaucoup ne savent même pas que NET est un parti politique, et que le STT est un syndicat. Néanmoins, tout le monde sait que l’oiseau blanc dans un carré bleu, c’est le signe du parti UNIR. A qui la faute ?
- Pendant les élections…
Ce que j’ai vu dans mon bureau de vote m’autorise à penser que l’alternance politique ne viendra d’aucun parti de l’opposition, si ce n’est par un sursaut national. Comment espérer arriver au pouvoir, lorsque des délégués de partis politiques dans un bureau de vote, ne savent pas lire, ni écrire couramment français ? Comment voulez-vous être véritablement représenté dans un bureau de vote, en y envoyant de jeunes lycéens et collégiens, demi-lettrés comme délégués ?
Je me suis amusé à faire un cours de droit constitutionnel et de droit parlementaire à tous les délégués de partis politiques, dans mon bureau de vote, ce qui a vraiment détendu l’ambiance, mais aussi et surtout contribué à les maintenir dans une sorte d’infériorité intellectuelle. Ils m’appelaient tous Fovi (Grand-frère), et j’en envoyais même certains me chercher de quoi manger, de quoi boire, et autre… Franchement, parmi ceux là, qui pouvait s’opposer à moi, si je décide d’annuler un bulletin de vote, durant le dépouillement ?
Et comme beaucoup de ces jeunes délégués de bureau de vote l’étaient beaucoup plus par soucis d’argent (et combien encore) que par conviction, ils n’étaient pas capables d’attendre la rédaction des procès verbaux, le scellé de l’urne, et sa transmission, avant de s’en aller. A peine 18h, il n’y en avait plus un seul. Ils ne savent même pas que nous avons dû transporter les urnes sur la tête à 23h, du bureau de vote à la CELI.
Transport des urnes à pieds du BV a la Celi. Je pleure. #tgleg13 #tginfo #nukpola #tg2013 pic.twitter.com/oW5MPau14w
— Aphtal CISSE (@AphtalC) July 26, 2013
- Après les élections…
Les candidats de l’opposition devront tout simplement garder silence, après les résultats, même si le Parti UNIR s’arroge 80 sièges sur 91. Il y a des rumeurs de fraude. J’ai même vu des jeunes vandaliser la voiture d’un député, qui tentait de livrer 10 urnes pleines à la CELI. Hormis ces cas flagrants, les partis de l’opposition ne devront s’en prendre qu’à eux même.

Copyright: Aphtal CISSE
Mon constat le plus amer, est que le peuple togolais est d’une immaturité incontestable. Nous avons tous été témoins de l’achat de conscience qu’il y a eu ça et là, de la part du parti au pouvoir. C’est à la veille du scrutin qu’il y a distribution de billets de banques, de T-shirt, de gadgets, et de promesses plates. Si tout cela a pu vicier le choix des togolais, il n’y avait pas de gendarme dans l’isoloir pour orienter ce choix.
Nonobstant leur misère, leur pauvreté, leur chômage, leur conditions difficiles, les togolais n’ont pas eu la jugeote nécessaire pour sanctionner la gestion calamiteuse de la cité. Hélas, pour un t-shirt, un billet de 2.000, le togolais a encore remis son sort entre les mains du même parti. Félicitations au gagnant : le peuple n’a que le dirigeant qu’il mérite.
D’une certaine redistribution des cartes.
Le fait le plus flagrant de ces élections, est de loin le cinglant désaveu du peuple, du parti Union des Forces du Changement (UFC), qui paye au comptant son alliance avec le parti UNIR, et sa complicité dans l’accroissement de la misère du togolais. Ce parti n’a absolument rien à mettre à son actif, en plus de 7 mois de copinage avec le parti au pouvoir. Eh oui, cela, c’est la #Honte228.
Par contre, les alliances Collectif Sauvons le Togo, et Arc-en-ciel, ont été plébiscités, et seront sans doute la prochaine opposition parlementaire. Je suis curieux et impatient de voir nos nouveaux parlementaires à l’œuvre. Je n’espère pas un blocage systématique de toute action gouvernementale ; mais j’attends quand même beaucoup d’eux.
Certains nouveaux partis politiques ont également fait parler d’eux, et il va falloir désormais compter avec eux, qu’on le veuille ou non. Le NET a fait son baptême de feu, et se place dans une position plus ou moins confortable, même s’il n’arrive pas à gagner un siège au Parlement.
En tout cas, il n’y a pas à mon avis, bipolarisation du paysage politique comme le disent certaines radios internationales. Il y a juste une écrasante majorité parlementaire d’une part, et une disparate opposition parlementaire d’autre part.
De toutes les façons, je suis sûr que les recours seront légions, après les résultats définitifs. Mais toutes sortes de violence est à proscrire. En tout cas, celui qui y recourra fera preuve de lâcheté, et sera coupable d’atteinte suprême à l’intelligence des togolais. Encore faut-il que ces derniers en aient une.
J’ai dit !
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