Profession: blogueur (?)
Je vous adresse mes cordiales salutations, chers lecteurs.
Ceci est un article que j’ai pensé et repensé plusieurs fois, avant de le rendre public. Peut-être l’ai-je mal pensé. Mais je m’en fous désormais. Ceci n’est pas un bilan personnel, ou toute cette littérature stérile à laquelle se livrent les internautes. Vous êtes probablement lecteur de ce blog depuis sa création en 2012, ou pas. Mais si c’est le cas, vous saurez que l’année qui s’écoule, fut la moins prolixe sur cet espace ; 2015 est l’année où j’ai été le moins présent sur ce blog, en matière d’articles. Paresse ? Panne d’inspiration ? Occupations ? Préoccupations ? C’est un peu de tout cela.
2015 a été l’année où, loin de tout engagement prétendu, loin d’une quelconque cause à porter et à défendre, l’année où j’ai été le plus confronté à moi-même. 2015 a été l’année où je me suis le plus regardé dans le miroir, après avoir vu mes propres photos que je publiais ; 2015 est l’année où ma conscience me demandait des comptes après avoir publié des histoires sur les réseaux sociaux… 2015 a été l’année où j’ai distribué le plus de cartes de visites, tout en me présentant comme autre chose que ce qui y est inscrit ; 2015 a été l’année où il a fallu se positionner.
Chers lecteurs, chers amis, je serais ingrat, sinon idiot de dire que ce blog ne m’a rien apporté. Cette magnifique famille que vous êtes à travers le monde, ces formidables amis que je me suis faits çà et là, ces chaleureux foyers prêts à m’accueillir partout où mes pas pourront me porter, je le dois essentiellement à ce blog, et à la plate-forme qui l’héberge. Sachons raison garder, je ne dirai pas que je ne suis rien sans ce blog ; mais ce que ce blog m’a apporté en 3 années d’existence est tout simplement inestimable. Je ne jette de fleurs à personne en particulier (je suis allergique au pollen), mais oui, envers ce blog, j’ai une reconnaissance éternelle.
Cependant, si la question m’est désormais posée, je répondrais : je ne suis pas blogueur. Ma profession n’est pas « blogueur », parce que justement cela ne répond à aucune catégorie professionnelle, et je ne vis pas de mon blog. Personne ne me paye pour les articles que je publie, je ne reçois ni rémunération, ni défraiement, mais aussi et surtout, vos mentions « like », vos RT et autres ne payent pas ma bière.
D’autre part aussi parce que je suis citoyen d’un pays où on n’a point besoin d’autorisation préalable pour créer un blog. Contrairement à ces pays où il faut s’inscrire sur une liste étatique, avoir une autorisation, subir des contrôles, frôler les geôles, au Togo, il faut le reconnaître, la liberté d’expression nous est plus ou moins accordée.

La question pourra être posée autrement : est-ce que j’attends d’être payé pour écrire ? Non (quoique je ne refuserai pas). Mes écrits changent-ils quelque chose ou quelqu’un quelque part en ce monde ? Peut-être ! N’est-ce pas là une satisfaction morale ? Cela ne paye pas les factures !
Je suis adepte du bloguer utile ; mais je ne suis pas de ceux qui pensent que le blogueur doit impérativement être engagé pour une cause. On peut s’engager pour la beauté de la grammaire. La sempiternelle question de l’art pour l’art…
J’en suis arrivé au point où, il ne suffit plus de bloguer pour exister. Il ne suffit plus de se présenter comme blogueur pour se donner une quelconque contenance sociale. Oui, grâce à mon blog, j’ai pu interpeller plein de personnes, et mêmes des personnalités sur des sujets précis. Grâce à mon blog, j’ai eu à m’asseoir à des tables de discussions avec des gens que je n’aurai jamais rencontrés si je n’écrivais pas. Mais une discussion politique avec le Président de la République ne se mentionne pas sur un Curriculum Vitae. Vous pensez être incontournable, parce que pleins de gens veulent écrire et interagir avec vous. Au finish, vous êtes celui qu’on utilise pour de la visibilité, et qu’on oublie très rapidement parce qu’au fond, vous n’êtes pas plus qu’un gadget à la mode.
Je me refuse de m’ériger en donneur de leçons pour les camarades blogueurs qui émergent, grâce à leur talents et à leur détermination. Mais je sais une chose, la course aux likes sur les réseaux sociaux est d’une vanité sans pareille. Et je ris ouvertement chaque fois que l’un d’entre eux se présente comme « blogueur ». J’ai juste envie de lui demander son numéro de sécurité sociale.
Avoir de l’influence (qui se limite aux réseaux sociaux), c’est bien. Mais avoir de la compétence à revendre et à monnayer, c’est encore mieux ! La génération « Y » est celle à laquelle on raconte des fables selon lesquelles le diplôme seul ne suffit pas. L’avènement de l’Internet, et la vulgarisation des terminaux mobiles a créé pleins de métiers bâtards qu’on peut exercer sans formation préalable. Ainsi, sans aucune formation en communication, les gens se ruent sur la communication digitale parce qu’ils sont blogueurs ; tout le monde devient Community Manager parce qu’ils savent faire des calques dans Photoshop ; les gens sont devenus expert dans des matières dont ils ignorent grand-chose à force d’en parler à longueur de tweet.
Oui, le blog permet de voyager (là aussi, ce n’est pas donné) ; oui le blog se fait assez pertinent dans une procédure de recrutement ; oui le blog, oui le blog, oui le blog, oui le blog… Si le blog suffisait pour être, David Kpelly serait déjà Secrétaire général de l’ONU. On n’a pas besoin de diplôme pour tenir un blog ; mais tenir un blog quand on est cadre à la BCEAO, c’est encore plus classe !
Parce qu’à certains moments de la vie, l’on n’est plus jugé sur les convictions prêchées sur les réseaux sociaux, mais sur les accomplissements professionnels et personnels, sur les compétences intrinsèques, et disons-le comme nous le sentons, sur l’indépendance financière (en même temps, il fait pas mignon d’être riche et con).
Ceci est certainement mon dernier billet de l’année 2015. Je place, en ce qui me concerne, l’année à venir, sous le signe de l’apprentissage, et du véritable accomplissement ; celui qui se fait derrière les écrans d’ordinateurs, celui qui se passe en dehors de tout réseau prétendu social. Ceci est probablement mon dernier article publié à cette adresse. Cela ne veut pas dire que j’aurai cessé d’écrire.
J’écrirai ; je continuerai d’écrire. Non pour n’exister qu’au travers de vos clics et like, mais parce que je prendrai rien que du plaisir à le faire. Mais d’ici là, je vais me chercher une profession, une vraie.
Excellente fêtes de fin d’année, très bonne et heureuse année 2016 à tout un chacun ! Sachez-le, il sera fait à chacun selon sa foi !
Eyi zandé !

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