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    Le Bruit du Silence...
      10. oct.
      2012
      Littérature-Poésie
      4

      Ligne 20: destination septième ciel

      Image: Google

      Depuis un certain temps, une Société de Transport (SOTRAL) a été mise sur pied pour faciliter le transport urbain dans la ville de Lomé. Au début, je ne pouvais en bénéficier car le quartier que j’habite n’étais point encore desservi. Progressivement, une nouvelle  ligne fut créée, la Ligne 20, ralliant le Grand Marché de Lomé à Adidoadin. Loué soit Jésus-christ ! Moi aussi je peux me taper un transport public. Du coup j’ai commencé par prendre du poids parce que je pouvais à présent économiser 1 euro par jour, à cause de la réduction du coût du transport.

      Je peux affirmer avec fierté que je fais partie des tout premiers utilisateurs de la Ligne 20. Nous étions à peine cinq dans un mignon, neuf et chic bus de 50 places. La clim était à fond, et le chauffeur faisait passer des chansons dansantes. C’était juste superbe. A la fin de la journée également, je faisais la queue à Lonato pour avoir une place assise dans le bus climatisé. C’est la nouvelle élite quoi. Puis petit à petit, les togolais ont commencé par comprendre l’avantage économique des transports publics. De cinq, nous sommes passés à 13, 25, 41 passagers chaque matin. Ce n’était pas bien grave, parce que j’arrivais quand même à trouver une place assise. De bouche à oreille, les bus de Sotral sont appréciés, attendus, et pris d’assaut. Surtout que les vieilles revendeuses du grand marché ont commencé par l’utiliser également.

      Ce lundi, je devais me rendre au bureau plus tôt que d’habitude, histoire d’imprimer des documents comptables pour la réunion des Associés du jour. J’arrive donc quelques minutes plus tôt à l’arrêt du bus. A mon étonnement, il y avait déjà grand monde qui, comme moi, attendaient le bus. Soit. Je m’éloigne un peu du groupe en plaquant fièrement ma cravate en soie contre mon estomac. Le temps de m’adosser à un mur, le bus s’annonce. La foule se rassembla immédiatement, près à pénétrer le long et luisant bus, tout climatisé.

      Je réussi à prendre un ticket puis monte à bord. Seigneur! Le bus était plein. Je n’avais d’autres options que de me tenir debout, cramponné à une barre latérale. Des arrêts plus loin, il y eut plus de voyageurs, et les rangs durent se resserrer. C’est là mon voyage devint plus intéressant.

      En effet, à l’époque où nous n’étions que cinq utilisateurs de la ligne 20, il y avait une très jolie dame qui s’asseyait parfois à côté de moi. Elle est bien plus âgée que moi, mais son âge n’a pas eu raison de ses rondeurs. C’est une dame bien gâtée par dame nature, qui lui donnait de jolies, fermes, grosses mamelles. Son arrière-train était tout aussi superbe. Une forte hanche, bien arrondie, des fesses et une croupe capables de soutenir un verre de vin de debout. Parfois elle porte des pantalons bien moulants, mettant en évidence sa chair, souvent elle arbore de jolies robes fleuries courtes, dévoilant un slip qui… Bref, je l’ai toujours admiré mais bon, je suis trop jeune pour elle, et d’ailleurs, je suis trop petit pour penser à ces choses. Retournons au bus, ce lundi

      J’étais en train de penser à tout et à rien, maudissant la dense circulation, enviant les motocyclistes, luttant contre les fortes odeurs de poissons séchés que transportaient ces vieilles mégères bruyantes du grand marché, lorsque je sentis que le rang se resserre autour de moi. Bof, ça arrive. Sauf que la dame que j’ai décrite plus haut était juste devant moi, me tournant le dos. Quand le rang se resserra, elle plaqua littéralement ses fesses contre mon bras ventre.  Pudiquement, je recule de quelques pas, en tenant toujours fermement la barre latérale. La dame recula à son tour. Je ne pouvais plus reculer; j’étais pris en sandwich entre elle devant, et un vilain mec à la barbe mal rasée derrière. Le doux contact revint donc et je n’y pouvais rien, cette fois. Elle recula encore, et bloqua carrément mon z*z* entre la raie de ses fesses! Misère. Une bouffée de chaleur m’envahit. Je n’avais que la force de la pensée pour m’évader de cette chaleureuse et douce étreinte. Je me mis donc à penser à autre chose: à la circulation, à mon responsable, aux associés qui devraient travailler sur des documents que leur fournirai. Rien n’y fit. Je sentis quelque chose se durcir sous ma ceinture, et à épouser impeccablement le moule de la raie des fesses de cette mignonne négresse devant moi. Je me met à penser à la situation du pays, au chômage, au gouvernement togolais, au Président Faure. Arrivé sur ce dernier l’érection se fit plus dure. Oh non, « tu ne convoiteras point la femme de ton prochain », parole du Seigneur. Je jette un rapide coup d’œil à la main gauche de l’allumeuse, agrippée à la barre latérale. Aucun anneau. Ouf! Au moins cela.

      Le chauffeur freina brusquement, balançant ainsi tous les passagers debout vers l’avant. la dame ne bougea pas trop, mais cabra ses reins. C’est là c’est gâté. Je suis rentré dedans waaaaa, et elle a senti qu’il y a un petit vicieux dans son dos. Je fermais les yeux, priant qu’elle ne s’en prenne point à moi ouvertement, dans ce bus empli de togolais de tout bord. Lorsque le bus se stabilisa, elle tourne la tête et me glissa tranquillement dans l’oreille: « oh, tonton, c’est quoi qui est dur la bas comme ça? » Un peu rassuré, je souris aussi et roucoula « une torche ». Elle éclata de rire puis me répondit, une fois calmée: « Ta torche là, c’est en pâte à modeler ou quoi? elle se courbe, elle se lève, fait zigzag dans ton pantalon comme ça? C’est quelle marque même »? Hmmm Je me gardais de répondre, mais me contentai de sourire innocemment. Elle appuya une fois de plus son arrière train contre mon ventre, en le tournoyant imperceptiblement dans le sens de l’aiguille d’une montre. Je n’en pouvais plus. Ni physiquement (à cause de l’épuisement de la position et la durée du trajet), ni émotionnellement (à cause de son âge et de son manège).

      J’étais à quelque minutes de mon arrêt. Elle le savait. Lorsque le bus s’arrêta ,et que j’essayai de me dégager pour sortir, elle me remit son ticket bien plié, en me demandant de le lui jeter, une fois dehors. Je m’éloigne du bus et par curiosité déplia le ticket. Elle avait griffonné au dos du ticket un numéro de téléphone. Sans trop réfléchir, je range le ticket dans ma poche, j’enregistre le numéro une fois au bureau. Mais depuis, j’hésite à composer le numéro; j’hésite à l’appeler. Toi, cher lecteur/lectrice, à ma place, que ferais-tu?

       

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      06. oct.
      2012
      Littérature-Poésie
      3

      Génération cul-sec.

      Crédit image: Google

      J’ignore comment cela se passe dans d’autres pays hein, mais chez moi au Togo, la jeunesse, est loin d’être la relève de demain. Parce que pour parler de relève, il faut avoir des économistes chevronnés, des chirurgiens qualifiés, des juristes bien éduqués, des journalistes bien aguerris, des enseignants-chercheurs déterminés, des militaires républicains, bref, tout les corps de métiers valablement représentés. C’est déjà un principe acquis que le gouvernement togolais n’a cure des problèmes d’éducation nationale, et la formation des jeunes est le cadet de ses soucis. Cependant, posons-nous la question suivante : « Jeunesse togolaise, qu’as-tu fais pour toi-même ? »

      Je ne dis pas que le jeune togolais est paresseux hein, loin de là. L’étudiant togolais est le plus battant, en Afrique de l’ouest. Seulement, les jeunes togolais boivent de plus en plus des boissons alcoolisées. C’est effrayant, effarant, et désemparant. Les bibliothèques se vident chaque jour un peu plus, au profit des bistrots ; les centres culturels sont aux abois, alors que la filière Bar-buvette connait ses heures de gloire. Les jeunes togolais ne rivalisent plus en dictée-question, rédaction ou orthographe, ou culture générale. Leur jeu favori est le « cul-sec ».

      Hampathé Bâ, Kourouma, Dongala, Dogbé, Verlaine, Ronsard, Senghor, et même Aphtal Cissé… tous ces noms si grands ne leur disent plus rien. Pourtant, ils vous feront un cours complet sur  la Vodka, Jacks, Castel, Pils, Guinness, Lager, Zlatopramen, Tchoukoutou… C’est devenu une habitude. Non, une culture. Le togolais préfère t’offrir une bière que de te faire un prêt de 1.000 FCFA. Il a du mal à rassembler 6.00 FCFA pour photocopier un cours, effectuer un déplacement, venir en aide à un proche, mais il a toujours 550 FCFA pour une bouteille bien tapée.

      Ce qui est encore plus grave, c’est que le gouvernement, ou en tout cas l’état togolais  se prête au jeu. Voulant maintenir la majorité des togolais, (des étudiants et jeunes en particulier) dans un coma intellectuel, annihiler sa capacité de réflexion, son sens du pragmatisme, son esprit critique, et son aspiration à la liberté et au mieux-être, il ne manque pas d’initiative. Toutes les occasions sont bonnes pour permettre aux « abrutis de demain » de se gorger de levure de bière. Concerts géants, Foire artisanale, Foire « Adjafi » des jeunes entrepreneurs, Foire des vacances, Foire de la quinzaine commerciale, Foire Internationale de Lomé, Fête de la bière, fête traditionnelle Evala…. Les évènements se succèdent et se ressemblent, avec pour facteurs communs la bière et son corolaire, le sexe. Toutes les respectables sociétés qui sponsorisent tous ces évènements éthyliques s’inscriront aux abonnés absents, s’il s’agit d’un évènement littéraire, artistique, plus culturels. Ainsi va mon pays. Tellement de foires ont vu le jour, togolais est devenu enfoiré.

      Ils nous font tellement bien boire, que l’une des rares sociétés togolaises à avoir reçu la prestigieuse certification ISO 9001-2008, est la Brasserie, BB – SA. Vous voyez ? Même notre bière là, c’est bière certifiée ISO 9001. C’est un rare privilège donc jouissent les togolais hein. Mieux encore, saviez-vous que la meilleure Guinness du globe au Togo ? Ah, je vous informe. Il y a chaque année un concours mondial en fabrication de Guinness et la dernière fois, c’est la brasserie Togolaise qui a remporté ce concours. Nous ne buvons plus n’importe quoi hein. Qualité supérieure seulement. Même là où Arthur Guinness a fabriqué pour la première fois sa boisson là, nous on maitrise plus qu’eux.

      Nous délaissons les vers, pour les verres, nous troquons les bouquins contre les bouteilles, nous négligeons les pensées et citations contre les adresses des bistrots où la bière est la plus fraîche. La facilité d’ouverture d’un débit de boisson n’a d’égal que la difficulté à créer une SARL, ou une SNC, ou une SA. Quel que soit le niveau de la crise, les togolais trouvent toujours le moyen de s’offrir une bouteille, certifiée ISO 9001, s’il vous plaît.

      Au même moment, les salaires sont demeurés bas, les impôts ont été augmentés, les taxes également, mais bon, on  fait semblant de ne rien voir. L’éducation nationale est un véritable désordre, l’enseignement supérieur est un chaos sans pareil, et pourtant « la relève de demain » ne dit rien. On emprisonne un ex-ministre, en viole le domicile d’un ancien premier-ministre, ancien président de l’assemblée nationale, la jeunesse ne fait rien. On attaque à l’artillerie lourde, la résidence d’un parlementaire en fonction, dans une supposée affaire d’atteinte à la sûreté de l’état, les togolais ne se sont point posé de questions. Un organisme d’état, qui ne fait qu’encaisser de l’argent sans le débourser, tombe en faillite, les togolais sont demeurés indifférents. Un ministre en fonction, s’évanouit dans une chambre d’hôtel en train de vivre des sensations fortes avec une plus jeune que lui, il ne fut point inquiété. Un émirati arrive et crie à l’escroquerie, le togolais a encore croisé les bras. Tcho ! Moi je vais avoir bière certifiée ISO 9001, en plus de la meilleure Guinness au monde, et puis je vais me faire du souci ?

      A ce rythme, on toilettera la Constitution, sans la moindre réaction du peuple ; on fera des élections législatives dans des conditions fort douteuses, togolais ne dira rien ; on votera des lois suicidaires, togolais va accepter. On vendra même la patrie aux étrangers, togolais fera silencieusement ses bagages pour aller s’installer ailleurs.

      Je n’invente rien, et je ne suis point fataliste. Je suis juste réaliste, et dubitatif quant à l’avenir de cette nation, si les jeunes qui sont censés en être les futurs maitres sont incapable de mener une réflexion logique, incapables de remettre en question certaines réalités, incapables de dire non à certains agissement, incapables de demander une certification ISO 9001 pour l’enseignement supérieure, incapables de réclamer ses droits et de s’affirmer en tant que peuple, en tant que majorité opprimée, en tant que seuls détenteurs de la souveraineté nationale, en tant que futurs décideurs.

      Pour le moment, je ne sonne pas le glas de ma patrie, mais ma réflexion s’arrête ici pour le moment, et tout ce monologue m’a donné soif. Je m’en vais m’offrir une petite bouteille d’Awooyo dans la cafète en face. A la mienne !

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      03. oct.
      2012
      Société
      5

      Être et paraitre

      Image: Google

       

      Être et paraitre… c’est le titre que j’ai choisi pour mon deuxième roman. J’y raconte l’histoire d’un jeune gosse de riches capable d’user plusieurs faces de sa personnalité. Le manuscrit est toujours en relecture aux éditions Awoudy. En attendant, il y a eu un évènement qui a fortement consolidé ma conception selon laquelle, au Togo, priorité est donnée à l’apparence. Tu te négliges, on te néglige. Une sorte d’appréciation au faciès, quoi.

      Point plus tard que le vendredi dernier, je fus épuisé par une longue et pénible lessive qui s’imposait à moi. Je l’avait tellement évitée, repoussée puis reprogrammée, qu’il ne me restait plus grand chose à me mettre; déjà que ma garde-robe n’est pas terrible. Vendredi donc, j’ai passé toute la journée à blanchir mes vêtements. J’en était tellement lessivé moi-même, au point où j’ai dormi tel un nouveau-né tout l’après-midi. Je crois même avoir sucé mon pouce, ce jour là, tellement sommeil-là était doux et reposant. J’ai fini par me réveiller en sursaut, parce que je devais aller à la banque du coin, récupérer des sous qu’un cousin bien-aimé a eu la condescendance de m’envoyer par Western-Union. Un coup d’œil furtif à l’horloge: il ne me reste plus que 45 minutes pour rejoindre l’agence Ecobank d’ Agoè, avant la fermeture. Sans trop réfléchir, je me rue vers la douche et me débarbouille avec trois poignée d’eau fraiche. Je file m’habiller, mais mon armoire est désespérément vide. Je cours désespérément vers la corde à sécher pour vérifier si une chemise était en état de servir. La seule qui avait le mieux séchée, était un peu humide dans la zone des boutons et du col. Aucun pantalon n’était en état de servir. Soit! J’irai à la banque dans ma chemise à moitié humide, sur un jean baggy, avec des chaussures bata, en peau de bête. Je saisis mes documents officiels (carte d’identité, d’étudiant, carte bancaire), puis le fameux papier sur lequel j’ai griffonné les dix chiffres magiques qui me permettront d’entrer en possession de mes 35.000 fcfa. Le trajet de chez moi à la banque dura 26 minutes, exactement. Lorsque je tentai d’ouvrir la porte, le vigile me héla avec un air empli de mépris et de méchanceté. « hé toi là, tu vas où comme ca? Vous attendez quand l’heure est finie pour venir déranger les gens! il ya quoi? », me lança t-il. Je lui expliquai l’urgence du moment, mais il ne semblait point convaincu. Il finit par me laisser rentrer, non sans avoir minutieusement vérifié mes pièces d’identités.

      J’arrive tout en sueur à la caisse réservée pour les opérations de Western-Union. Je devais être servi dans moins de  quatre minutes car la dame que je suis était en train de vérifier le montant qu’on lui a tendu. Elle s’éloigne, je m’approche de la vitre qui me sépare du caissier. Celui-ci me regarde avec une indifférence glaciale. Il reluque surtout ma chemise coloriée mal séchée et non repassée, et mon front tout en sueur. Il prend mes papiers que je glisse sous la vitre, les regarde, puis tape quelques trucs sur son clavier d’ordinateur. Il regarde à nouveau ma carte d’identité puis me tend un papier à remplir, ce que je m’empresse de faire. Il regarde les informations que j’y ai inscrites, consulte à nouveau son ordinateur, puis me dit que les informations sont erronées. Comment ça? Le prénom que j’aurai mis ne correspond point à celui de l’envoyeur.

      « Oui mais, puisque c’est du même gars, habitant la même ville, ayant envoyé la même somme, fais moi l’opération non? » Lui répondis-je sur un ton presque suppliant.

      – « Il est l’heure », répond-t-il en dénouant sa cravate bleue et en éteignant l’écran de son ordinateur. « Reviens demain », ajouta t-il pour enfoncer le clou.

      Malgré ma haine, mon mécontentement, et tout ce que vous connaissez comme sentiments qui suivent la perte d’un gain escompté, je me tut puis tourna les talons. J’avais véritablement besoin de cet argent. Le week-end allait être hard, si je ne touche pas à cet argent.

      Ce samedi, j’avais une conférence à l’auditorium de l’IHERIS (Institut des Hautes Etudes des Relations Internationales et Stratégiques), conférence animée par l’éminent Pr Eric David. Le protocole exigeait donc un costume. J’étais le plus beau de la conférence, dans mon ensemble Pierre Cardin, avec une magnifique cravate slim grise, unie. La conférence, heureusement se termina assez rapidement, ce qui m e permit de repasser par la banque avant de rentrer. Les samedi, la banque faisait demi-journée, donc avec un peu de chance, je peux toucher au transfert.

      A une dizaine de mètres de la porte d’entrée, le vigile en faction, le même de la vieille, accourut me souhaiter la bienvenue. Le temps de lui répondre, il s’empara de la poignée de la porte pour me l’ouvrir. Je ne le remerciai même pas, puis me dirigeai vers la caisse. Le même caissier de la veille, tout sourire, me souhaite la bienvenue et me demande la raison de ma visite. Je lui remet le bout de papier, le même que la veille, qu’il parcourt rapidement. Il fait une petite vérification, puis me demande poliment si l’envoyeur n’a pas un autre prénom que je connais. Exprès je lui réponds non, en lui disant que c’est mon cousin, et surtout en lui rappelant la ville dans laquelle il vit. J’ajoute même que je viens de recevoir un appel de lui comme ça.

      « votre carte d’identité s’il vous plait, Monsieur », dit-il. Je la lui remet, puis quelques minutes après, il me sort le cash, l’argent, le xaalix, que je prends et fourre fortement dans la poche interne de ma veste. Je signe le reçu qu’il me tend, reprends mes papiers, puis ressort. Le vigile, m’attendant, m’ouvre de nouveau la porte puis me souhaite bonne journée. Je lui remets une pièce de 100 FCFA qu’il prend en se pliant en deux, et en remerciant mes ascendants et bénissant mes descendants. Je fais semblant de minimiser, puis je resserre ma cravate, avant de me diriger vers l’arrêt de taxi.

      C’est là j’ai compris qu’au Togo là, si tu fais malin pour être sale, c’est là on va faire malin pour essuyer les pieds sur toi.

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      02. oct.
      2012
      Littérature-Poésie
      0

      Mal éduqué…

      Crédit image: Google

       

      Je n’aurais jamais dû poser les pieds à cette école.

      Je n’aurai pas dû porter cette culotte longue, cet uniforme,

      Ces chaussettes, cette ceinture, et ces godasses difformes.

      Je n’aurai pas dû, comme eux, nouer autour de mon cou, ce faux-col

      Je regrette de m’être assis sur cette table, face au tableau sombre

      Regarder ces calligraphes hypocritement couchées avec du plâtre,

      Reluquer cet instituteur maigre et moche, dans sa blouse grisâtre,

      Ces dix premières années de mon existence, furent les plus sombres.

      Je regrette ces heures passées à hurler à tue-tête

      Des lettres et des liaisons incomprises, juste pour être alpha-bête

      Ces multiplications, ces soustractions, ces additions, ces stupides opérations

      Qui nous ont fait raté l’essentiel ; ignoble et infâme aberration !

      Je regrette d’avoir mécaniquement soulevé mes fesses

      Chaque fois que l’instituteur, dans la classe, pénètre ;

      Je regrette cette terreur qui emplissait tout mon être,

      Aux redoutables heures de calcul mental. Je regrette, je confesse.

      Je regrette de m’être tu ; je regrette d’avoir été sage.

      Cette assimilation, aujourd’hui, m’emplit de rage.

      Cette éducation figée, calquée et forcée,

      Cette imposture, cette bavure qui,

      Dès l’enfance nous torture

      Je la regrette ! Oui je regrette

      Cette éducation abjecte.

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      02. oct.
      2012
      Littérature-Poésie
      0

      Arouna (suite)

      Il sonnait vingt et une heures lorsqu’ Arouna gara la vieille Mercedes de sa mère devant la maison d’ Emefa. Ahmed hésita quelques instants avant de descendre ; Arouna lui, tambourinait déjà la porte.

      La porte s’ouvrit quelques instants plus tard, et Arouna reconnut le visage de celle qui serait sa belle-mère. Elle aussi a pris de l’âge, son visage est plein de rides, et sa dentition semble avoir disparue. Elle avait l’air si fatiguée, et surtout semblait réveillée par le bruit de la porte. Elle ne reconnut pas Arouna, au premier abord, et s’enquit sur les raisons de sa visite, sur un ton peu invitant. Ce n’est qu’à l’approche d’Ahmed que le visage de la vieille se décrispa. Elle salua ce dernier de façon fort courtoise et se retourna vers Arouna, le visage illuminé :

      « C’est bien toi, Arouna ?», s’enquit-elle avec empressement en poussant un léger cri de joie qui ameuta le reste de la maisonnée. Elle les invite à rentrer, les introduit dans le salon, puis ordonna à un rejeton qui trainait par là d’apporter de l’eau. Arouna parcourt rapidement le petit salon. Rien n’a véritablement changé, à part la nouvelle télé, les canapés refaits, et le portrait du feu père de la famille. Le père d’ Emefa mourut quatre années après le départ d’ Arouna. Il en fut d’autant plus affligé, sachant la complicité qui existait entre Emefa et son père. Un frisson lui parcourt le dos, lorsque ses yeux croisent le regard pénétrant du militaire immobile sur la photo. Le bambin apporta l’eau dans un gobelet qui a connu de meilleurs jours. Par respect, Arouna trempa les lèvres dans l’eau puis passa le récipient à son jeune frère. Tout le monde sait que de retour d’Europe, ou en tout cas des pays des blancs là, on ne boit pas automatiquement l’eau du robinet. On commence d’abord par l’eau minérale, puis les sachets de « pure water ». Les salutations reprennent, et on échange des nouvelles.

      Arouna parlait depuis déjà un quart d’heure, lorsqu’une femme fit son entrée. Elle était bruyante, et avait l’air négligée. Son crâne était recouvert d’une mèche pas assez récente, avec un front légèrement bombé et un nez discrètement épaté trônait au centre d’un visage dont la couleur hésitait entre le coca-cola, et le Fanta. Pour ne pas dire que sa peau ressemblait à une carte de géographie, disons plutôt qu’elle a une peau Fanta-cola. Les flasques mamelles mal cachées par un soutif usé lui donnent facilement trente ans.

      « Emefa, woezon », dit la vieille à l’endroit de la nouvelle arrivante. Elle répondit sur un ton agacé, en essayant de dévisager les visiteurs. Elle demeura interdit sur le pas de la porte du salon lorsqu’elle reconnut Arouna. Son Arouna, son doux Arouna, son tendre Arouna. Son amour qu’elle pensait ne plus jamais revoir. Instinctivement, Emefa se rua vers Arouna qui, jusque là, ne comprenait pas grand-chose. Il se leva quand même et la prit dans ses bras, la retint quelques instants puis essaya de se dégager afin de mieux reluquer celle que la vieille vient d’appeler Emefa. Il se mit à la regarder sous tous les angles. C’était impossible. Il ferme les yeux, pour chasser l’image de celle qui était en face de lui, pour se remémorer la douce et agréable Emefa qu’il a connu ; la sucrée et appétissante Emefa qu’il a jadis possédé, la pétillante Emefa qui le maintient en vie, celle a qui il dédie son diplôme de médecine. Non, Emefa, la jolie Emefa aux seins fermes, aux cheveux crépus, au magnifique teint d’argile cuite, aux lèvres d’amandes, aux fesses vertigineuses, à la hanche forte et à la chaloupant démarche, sa douce Emefa, polie, respectueuse, véridique, franche, pure… Il rouvre les yeux : une fille moche et maigre comme un clou de cadre pour photo. Ahmed, tapis dans son fauteuil, s’y vautra d’avantage, en essayant de ne pas trop imaginer la peine de son frère aîné.

      Tandis qu’ Arouna tenait Emefa, ou du moins ce qu’il en reste, du bout des bras, un marmot se traina délicatement au sol un peu crasseux du salon, puis vint s’agripper au pagne négligemment noué de cette dernière. D’un seul geste, Emefa saisit l’enfant, le remonta au niveau des reins, dévoila une des mamelles puis enfonça le bout dans la bouche du gosse. Ce fut la scène de trop. Arouna réussit à maitriser ses pulsions. Il fit preuve d’une maitrise de soi inégalable. Sans placer mot, il tourne les talons puis se dirige vers la sortie.

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      27. sept.
      2012
      Littérature-Poésie
      2

      Hommage à toi

       

       

      Annita, jolie camarade loméènne ayant acceptée poser pour moi

      Hommage à toi, belle femme africaine!

      Adorable femme au skin d’ébène.

      Dans le profond silence de ma « négrologie»,

      Je fais ta louange en litanie.

      Toi dont la couleur reflète la rigueur,

      Pondérée et soumise tu excites ma vigueur.

      Ta cuisine pimentée fait sauter ma langue ;

      Goulument je dévore ton Yassa à grand renfort de langue

      Accroupie, tu me présentes le lait caillé,

      Dessert en ce pays si fort apprécié

      Tes dents blanches reflètent la blancheur

      Des matinées s’annonçant en de vagues lueurs.

      Quand tu vas au marigot dans ta camisole claire,

      Trempée, se fait voir la touffe gracieuse de ton pubis ;

      Alors, confus, je n’arrive plus à retenir

      La bosse qui, progressivement se forme entre mes cuisses.

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      27. sept.
      2012
      Littérature-Poésie
      1

      Les frasques d’Arouna

      Lorsqu’Arouna boucla sa dernière valise, il était tout autant excité de revoir sa douce et tendre Emefa que sa Da’a. La première, c’est sa complice, la seconde, sa génitrice ; les deux femmes les plus importantes de sa vie. Avant de ranger son passeport dans la poche interne de sa veste, il reluqua une dernière fois son billet. Un aller simple Toulouse-Lomé. Une courte prière adressée au ciel, il sort rejoindre ses amis qui l’attendaient au salon, venus lui dire au revoir, et surtout lui confier quelques colis pour la famille restée au pays. Ils s’embrassent, s’échangent quelques blagues puis direction aéroport. L’enregistrement des bagages fut rapide, et l’appel ne se fit point attendre. Quelques minutes plus tard, Arouna prit place sur le vol Air France, en direction de sa patrie.

      Il sortit la photo qui jamais ne le quittait. Le visage innocent, calme, souriant, serein, envoutant, et enivrant d’Emefa ne fit qu’amplifier sa détermination à rentrer au pays. Arouna faisait partie de ses jeunes gens qui croyaient au travail libérateur. Orphelin de père, et aîné de deux frères, il vécut à la charge totale, effective et permanente de sa mère. Conscient de sa situation, il ne trouvait du réconfort que dans les fortes notes que les enseignants lui attribuaient. Après son Bac II, il réussit à s’inscrire en faculté de médecine dans une université du sud de la France. Là aussi, il réussit brillamment et obtient son doctorat au bout de huit années d’études, et deux années de stage pratique. Dix ans donc qu’il avait quitté le Togo, dix ans passé loin du giron maternel, loin des câlins d’Emefa. Il demeura sourd aux supplications de ses compatriotes, et était convaincu que sa place était au pays ; il sentait la nécessité de retourner assouvir les pleurs de sa nation.

      « …. Veuillez s’il vous plaît attacher vos ceintures…. » La douce voix de l’hôtesse ramena Arouna à la réalité. Il respira un grand coup, rangea la photo, puis attacha sa ceinture. Il ne dormit point, durant le vol, et son excitation redoubla durant l’escale de Dakar. Rentrer au pays, revoir les camarades, embrasser à nouveau sa mère, blaguer avec ses petits frères, faire l’amour avec Emefa,… tout cela le rendait à la fois heureux et nerveux.

      Le dernier virage effectué par l’avion pour se positionner sur la piste d’atterrissage dévoile Lomé sous un angle qu’Arouna n’a jamais vu. Lomé, à cette heure de la nuit, était à la fois si vive, si animée, si éclairée, si vivante, si accueillante, et  si…  L’avion,  après d’interminables minutes, finit par s’immobiliser. Arouna faillit bousculer tout le monde pour sortir le premier. Mais, la sagesse, et surtout son nouveau statut de Médecin-généraliste reprirent le dessus.

      Il récupère ses bagages, accomplit les formalités douanières, puis sortit du hall. Il n’eut point à attendre longtemps. Quelqu’un hurle son prénom et se jette presqu’aussitôt à son cou. Il serra fortement l’inconnu contre lui avant de reconnaître son petit frère Ahmed. Permettez que je passe sous silence la scène de liesse de l’aéroport.

      On s’échange les salamalecs d’usages, on prend les nouvelles de toute la famille, on rigole des minutes durant, on remercie le Ciel pour ses bienfaits, puis on congédie tout le monde, afin de laisser Arouna se mettre à l’aise, et se reposer. A chaque jour suffit sa peine.

      Le nouvel arrivant retrouve sa chambre d’adolescence, dans le même état où il l’avait laissé. La même couleur sur les murs, les meubles et le lit toujours aux mêmes endroits, et une bonne odeur de javel, témoignage d’une récente mise au propre. Arouna dormit comme jamais il ne l’a fait, ces dix dernières années. Il sonnait presque quinze heures lorsqu’il ouvrit les yeux. Rapidement, il prend une douche, et rejoint Da’a. il s’entretint des heures durant avec sa mère qui visiblement faiblissait sous le poids de l’âge. Arouna refusa poliment mais fermement d’aller saluer ses oncles et tantes comme sa mère le lui avait demandé, et préféra réserver sa toute première sortie à Emefa. Il demanda à Ahmed de mettre au propre la voiture de Da’a, et de s’apprêter lui-même à l’accompagner.

      Emefa savait qu’Arouna se préparait à rentrer, mais ignorait la date exacte de son arrivée. Celui-ci voulait lui faire la surprise. Il prit donc un petit sachet dans lequel se trouvait un petit présent, un parfum Chris Adams. Il réservait le gros du cadeau pour les prochaines visites, et surtout lorsqu’Emefa viendra chez lui. Il s’habilla légèrement mais de façon fort élégante. Une magnifique Paul Smith blanche, boutonnée à moitié, un pantalon de velours, une Rolex au poignet, et surtout ce parfum insistant, embaumant, léger, et agréable qui caractérise tous ceux qui reviennent à peine de la métropole.

      Arouna cachait mal son excitation, et Ahmed avait du mal à le comprendre. Il était également surpris par la facilité avec laquelle son aîné se retrouvait dans cette ville qui a beaucoup changée. Les rues n’étaient plus vraiment les mêmes, les quartiers avaient complètement changés. En dix ans, Lomé s’était vraiment métamorphosée. Pourtant, Arouna semblait n’avoir jamais quitté la ville. Il s’y retrouvait avec une facilité déconcertante. Ne sachant pas vraiment où ils allaient, surtout qu’Arouna roulait vite, le petit frère préféra discuter de choses banales. Il sonnait vingt et une heures lorsqu’Arouna gara la vieille Mercedes de sa mère devant la maison d’Emefa. Ahmed hésita quelques instants avant de descendre ; Arouna lui, tambourinait déjà la porte.

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      23. sept.
      2012
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      Faut-il combattre le phénomène de la juridictionnalisation du Droit International?

       

      Les évènements du siècle rendent nécessaire la mise en place d’un nouvel ordre mondial, capable d’assurer à tous les habitants de ce qu’il convient d’appeler « village planétaire », une stabilité, une paix et une sécurité. Ce nouvel ordre mondial, acclamé et adulé par certains, décrié et diabolisé par d’autres, s’installe tant bien que mal, avec des volets quasi-stables et des volets hésitants. A l’ordre de ces derniers, nous pourrons inscrire le phénomène de la juridictionnalisation du droit international.

      Par juridictionnalisation du droit international, il convient d’entendre le mouvement de plus en plus croissant par lequel l’ordre international est soumis au droit, et donc au juge international qui en assure l’interprétation et l’application, en vue d’en sanctionner les violations.

      Jadis, le droit international était un droit dominé par le plus fort. Qui disposait d’une impressionnante puissance militaire, avait droit de citer, dans le concert des nations. Cependant, de plus en plus de conflits sont soumis au règlement pacifique des instances internationales, d’où la nécessité de créer des juridictions pour la résolution desdits conflits.

      Ce fut donc une salvatrice innovation que d’avoir institué la Cour Permanente de Justice Internationale, ancêtre de la Cour Internationale de Justice. Progressivement, d’autres juridictions internationales firent leur apparition, enrichissant le paysage juridique international.

      La question que l’on doit se poser au vu de tout ceci est de savoir si la juridictionnalisation est une aubaine. Si oui, faut-il encourager ? Sinon, faut-il la combattre ?

      J’ai adopté une position fort nuancée, par rapport au sujet sur lequel je planche. En effet, la juridictionnalisation du droit international est vivement souhaité, même s’il faudra véritablement encadrer le phénomène.

      UNE JURIDICTIONNALISATION SOUHAITEE :

      La prolifération, ou en tout cas, l’émergence des nouvelles juridictions internationales se trouve justifiée par les tares congénitales des toutes premières juridictions, et la montée en force de nouveaux acteurs et besoins du Droit International Public.

      –          A la fin de la première guerre mondiale, l’idée est venue de soumettre les conflits à un règlement pacifique, en dotant l’ordre international d’un ordre juridictionnel compétent pour se saisir des questions relevant de l’application du droit international public. Ainsi, fut créée la Cour Permanente d’Arbitrage, et la Cour Permanente de Justice Internationale. Ces juridictions, bien que dotées de compétence universelle, n’admettaient leur compétence qu’à l’égard des litiges interétatique. Les personnes physiques étaient donc exclues du champ de compétence de ces juridictions. Elles ne pouvaient ni saisir, ni êtres citées devant lesdites juridictions. Il convient d’ailleurs de souligner qu’à cette époque, la pénalisation des relations internationales et la sanction étaient des notions inconnues. La sanction étant une condition nécessaire à l’efficacité et à l’effectivité du droit international… nous ne pourrons non plus occulter le fait que le sujet exclusif et originaire du droit international était l’Etat. Les statuts instituant la CIJ et la CPA se justifiaient à l’époque, mais apparaissent à présent obtus et dépassé, avec l’émergence de nouveaux acteurs et besoins du droit international.

      –          Le besoin d’individualiser la responsabilité pénale, très tôt ressenti en droit international, fut longtemps mis à mal par l’absence des juridictions pénales internationales compétentes. L’article 277 du Traité de Versailles qui rappelait le principe de la responsabilité exclusive de l’homme, posait les prémices de la création des Tribunaux Pénaux Internationaux chargés de combler le vide créé par les statuts de la CIJ. C’est désormais un principe plus ou moins acquis que les personnes physiques peuvent se rendre coupable de crimes internationaux. De Nuremberg au Rwanda, en passant par Tokyo et l’ex-Yougoslavie, les Tribunaux Pénaux Internationaux ad hoc se sont multipliés et sont désormais, à tort ou à raison, source d’inquiétude. Plutôt que de s’en inquiéter, il faille plutôt encadrer le phénomène.

       

      UNE JURIDICTIONNALISATION ENCADRÉE

       

      Le nouvel ordre mondial, doit encadrer le phénomène de la juridictionnalisation du droit international. Il en va de sa stabilité. Cet encadrement, selon moi Aphtal CISSE, passe nécessairement par deux axes majeurs : l’harmonisation de la jurisprudence internationale, et la renégociation des statuts des tribunaux pénaux préexistants et à venir.

       

      –          L’intitulé de cette sous-partie de mon article paraît limitatif, mais l’idée qui le justifie se veut plus large. Au sens où nous l’utilisons, l’harmonisation de la jurisprudence est sujette à celle de la législation internationale. En effet, si l’on doit instituer les juridictions, il faut que ces juridictions puissent disposer d’un véritable arsenal juridique textuel sur lequel s’appuyer. En l’absence de Code Pénal International, ou plus généralement, en cas de carence de législateur international, il ne saurait y avoir de juge international. S’il y en a, celui-ci manquerait de textes pouvant servir de socle à son métier. Certes, il existe des conventions internationales bilatérales ou multilatérales. Mais leurs dispositions pénales sont fort éparses et elles ne lient que les parties à la convention.

      Il convient donc d’harmoniser, en amont toutes les dispositions pénales à caractère international. Un code pénal universel, applicable à tous les états et erga omnes. Ceci étant, l’interprétation des textes ainsi codifiés devra également être harmonisée. Les hauts magistrats de ces cours internationales appartiennent tout d’abord à des états, et donc sujets à l’idéologie et influence de ces états. Un juge issu du Commonwealth aura-t-il la même appréciation qu’un juge français ? Je propose qu’il soit institué une école universelle, où tous les magistrats internationaux s’inscriront. Ceci aidera fortement à l’harmonisation, à la formation, à l’interprétation, et à l’application de la loi pénale internationale.   A défaut, il faudra passer à la renégociation des statuts des TPI.

       

      –          S’il existe un moyen pour limiter la juridictionnalisation du Droit International, c’est bien celui du changement radical des statuts desdites juridictions. Selon moi, les statuts des Juridictions internationales comportent en eux-mêmes leur frein : compétence ratione temporis, ratione loci…. Expressément manifestée… en limitant les tribunaux dans le temps et dans l’espace, l’on est obligé d’en créer plusieurs, afin de couvrir tous les faits de la surface du globe. En créant des juridictions avec des compétences territoriales plus élargies, on en limite ainsi le nombre, et leur contrôle sera beaucoup plus aisé. Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) est spécialement institué pour le Rwanda, et pour des faits précis. Ensuite quoi ? Faudra-t-il créer un Tribunal Pénal International pour le Togo, ou pour le Mali ? Un Tribunal Pénal International pour l’Afrique n’est-elle point plus opportune ?

       

      La juridictionnalisation du droit international est un phénomène qui indéniablement prend de l’ampleur. Mais plutôt que d’en avoir peur et tenter de le freiner, il urge de l’encadrer et de prendre des dispositions idoines en la matière.

      J’ai dit.

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      22. sept.
      2012
      Politique
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      Echec et Mât

       

      Bien que médiocre aux jeux de sociétés, j’ai toujours nourri une certaine fascination pour le jeu d’Echecs. Je n’y comprends pas grand-chose mais je trouve les pions si jolis, si élégants, si nobles et si sombre. Les fous, les rois, les tours, les reines, et les chevaliers, tout cela me paraît si beau et si inaccessible. En bref, tout ce que je savais de ce jeu, c’est qu’il fallait tout faire pour sauver la reine. (Enfin, je pense). Mais cette innocente fascination a tôt fait de se muer en véritable passion lorsqu’après une conférence sur les régimes politiques, j’ai rapidement fait le parallèle entre Jeu d’échec et Monarchie (aujourd’hui, République).

      Au fait, cet article est consacré à une partie de jeu qui se déroule actuellement dans le royaume des  Gnassimgbé, en terre togolaise. Cette partie de jeu, je la nomme PASCALGATE, en référence au has-been Ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, Monsieur Pascal A. Bodjona. Visualisez l’échiquier comme le royaume Gnassland, et que le Roi, soit Faure Gnassimgbé. Il se trouve donc bien entouré de ses cavaliers, de ses tours, et surtout, une bonne rangée de fous se trouve à sa disposition pour sa défense. Seulement, l’équipe adverse est tout aussi bien nantie, et l’enjeu de la partie, ce sont les 25.000.000.000 FCFA qu’un certain émirati Abass Youssef aurait perdu à la faveur d’un « réseau international d’escrocs ». la partie a débutée depuis plus d’une année, aucune des parties ne semble prêter le flanc à la défaite. Puis tout à coup, un pion est sacrifié : Agba Bertin. Très rapidement, il est mis au chaud puis la partie continue. L’on ignore la véritable raison de pareil coup, mais les règles étaient claires dès le départ : Pion touché=pion joué. 25.000.000.000 FCFA, ce n’est pas rien.

      Le jeu semblait jusqu’alors équilibré, sauf que les déplacements effectués par l’équipe Gnassland faisaient redouter un sabordage pur et simple. Des fous tels qu’un juge d’instruction, un procureur, un président de Cour ont été avancés et rapidement engloutis par la partie adverse. Un grand cavalier, Président de la Cour suprême, fut également sacrifié. Pourtant, le capitaine ou plutôt le Roi demeurait impassible, silencieux, calme et serein. Il avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Un autre coup, et le pion touché n’était autre qu’un Cavalier et point des moindre : Pascal Bodjona. Souvenez-vous de la règle d’or : Pion touché=pion joué. Sauf que la Reine n’était pas n’importe quel pion. C’est l’un des pions les plus essentiels de l’échiquier ; par ricochet, Bodjona était une pièce maitresse du royaume Gnassland. Et pourtant, il a bel et bien été touché ; sera-t-il joué comme les autres pions ? Avec mon regard d’amateur, je ne peux que me contenter d’une phrase : Cette partie est vraiment de très haut niveau. La conduite à tenir, c’est de s’asseoir, la main droite sous le menton, la main gauche sur un genou, et regarder attentivement les déplacements des grands joueurs. Que se passe-t-il à Gnassland ? Si jamais la Reine venait à être sacrifiée, que restera-t-il du royaume ? Qui pourra la remplacer ? Quel sang versera-t-on pour expier le péché d’escroquerie internationale ? Faut-il faire confiance au Roi qui avance sans sourciller ses plus proches pions ? A quoi joue-t-on ? Au poker ou aux échecs ? Full aux as, ou échec et mât ?

      J’ai dit.

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      Dans le Silence, on n'entend plus que l'essentiel

      Auteur·e

      L'auteur: Aphtal CISSE
      Togolais de nationalité, citoyen du monde par nature et juriste de formation. Les seules règles que je respecte sont celles que je me fixe moi-même! Et la première d'entre elles, est le RESPECT! Pour le reste, que les bénédictions soient!

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