Dictature rime avec culture
Bien le bonsoir à vous, chers lecteurs ! Excusez mon dérangement ! Je ne pouvais point me taire sur cette nouvelle découverte. Oui, une nouvelle découverte, une solution ou plutôt compréhension d’un problème, propre à certains pays africains. Ce que j’ai trouvé pourra se résumer en une seule phrase, qui est d’ailleurs le titre de ce billet : la dictature est une question de culture.
Je sais que vous ne comprenez toujours pas ! Normal, moi je suis un illuminé, vous êtes des néophytes, suivez mon regard… Bon, je m’y mets, et lisez bien.
Ce weekend , j’ai décidé de passer le dimanche chez l’une de mes grandes-sœurs, qui bouclait un congé de maternité. Ce que j’y ai vu, ma replongé dans mon enfance, et m’a fait réaliser pourquoi entre blancs et noirs, c’est toujours le jour et la nuit. En matière de respect des droits de l’homme, les blancs sont toujours en avance, car c’est comme je le disais, une question de culture.
Mocktar, le fils aîné de ma grande-sœur, 4 ans à peine, souffrait de constipation. Ce n’est pas un truc bien grave, cela arrive à tout le monde. Seulement, après avoir fait la douche à son nouveau-né, ma grande-sœur prépare une décoction pas assez nette, faite à base de racines, de piments, de clou de girofle, et d’eau, (enfin je crois), qu’elle conditionne dans une poire. Oui la poire. Au Togo, on l’appelle Bintoua ! Les ivoiriens l’appellent Gbôcôpê. Sans crier gare, elle renverse Mocktar, lui ôtes ses habits, et lui enfonce le bout de la poire dans le rectum.
Mon neveu n’a pas eu le temps de crier sa douleur que ma grande-sœur se met à presser la poire, envoyant direct, la décoction dans les intestins du petit. Cris, pleurs, sanglots ! Ma grande-sœur était intraitable ; lorsque tout le liquide fut envoyé dans le ventre de Mocktar, elle ôte la poire, serre les fesses de l’enfant, le soulève par les pieds, la tête en bas. Elle se met à secouer vigoureusement le petit, qui jusque là n’arrêtait pas de chialer. Au bout de cinq minutes, le petit se mets à dire :
« Maman ça suffit ; ça va sortir, ça va sortir ».
Dès que ses pieds touchent le sol, il se baisse pour évacuer tout ce qu’il avait dans le ventre, histoire de se soulager ! Constipation là est guérie ! Le gamin continue de pleurer, la mère jubile, et est fière de son exploit médical. La scène m’a fait rire, car je sais ce que sait. Bintoua là, on est tous passé par là, dans la famille. Nous avons tous été violé dans notre intimité, filles comme garçons, pour des raisons thérapeutiques. C’est une pratique courante en Afrique, une sorte de culture.
Ce que j’avais compris, en étant témoin des tribulations de mon neveu, c’est que nos droits les plus élémentaires ont toujours été violés depuis notre tendre enfance ; c’est ce qui explique le silence dans lequel nous nous murons, lorsque, grands, nous nous sentons lésés. Vous ne me croyez pas, mais en France, il n’y a pas la poire ; si un petit parisien souffre de constipation, ses parents lui auraient expliqué la procédure :
« Oooh, Jean-Eudes, chéri, ton père et moi sommes vraiment désolés pour ce qui t’arrive, et nous sommes avec toi ok ? Vois-tu, c’est pour éviter cette situation que nous t’interdisons de boire du yaourt avec du pain sec, tu vois ? Mais ce n’est pas ta faute, nous avons été négligeant, et te demandons de nous excuser ok ? Alors nous irons voir le docteur Marc ! Tu le connais ? Tu veux qu’on aille le voir ? Ok, il te donnera un sirop à la menthe, et cela te soulagera d’accord ? Ou si tu préfères, on te fait un suppositoire ! D’accord ? Tu sais ce que c’est ? »
Et on expliquera à Jean-Eudes ce qu’est un suppositoire ; il choisira alors entre ce dernier, et le sirop à la menthe. De toute façon, il sera aussi guéri de sa constipation !
Entre Mocktar et Jean-Eudes, qui sera plus apte à exiger des explications, lorsqu’un policier le coince à un feu tricolore ? Lequel cherchera à comprendre le comportement des élus de la nation, lorsqu’ils prennent des lois contraires à la constitution ?
Mocktar n’a jamais eu droit à la parole ! Dès qu’il semble malade, Gbôcôpê, lui sera automatiquement administré ; lorsqu’il n’a pas l’appétit, sa mère lui fera avaler sa bouillie de force, en plaçant une main entre ses mâchoires pour les écarter, et verser de la bouillie, directement dans son estomac. Tout se fait par la force, et le petit n’a pas droit de citer. Ses envies, ses désirs, tout cela ne compte pas ! Un tel enfant, une fois grand, pourra-t-il revendiquer ses droits, de façon réfléchie, vigoureuse, s’opposer à des exactions, et exposer son point de vue ?
Si aujourd’hui, les présidents modifient la constitution, la poire en est pour quelque chose ; c’est à cause de Gbôcôpê que le Camerounais devient immortel, sinon éternel, à la CAF.
Le respect des droits des enfants passe par l’arrêt de la poire ! Demandez notre avis avant de nous faire Bintoua. Le dialogue, cela s’apprends ; et l’enfance est le meilleur moment pour acquérir les bons réflexes. Laissez nos rectums en paix, et convainquez nous !
J’ai dit !
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