Ce leadership que nous comprenons différemment…
Cher devancier Tété, c’est avec un plaisir inégalé que j’ai pris connaissance de votre lettre ouverte à moi adressée. Je l’ai lu et relu, afin d’être sûr d’en avoir saisi toute la portée. Mes lecteurs peuvent lire ladite lettre à cette adresse.
Qui m’a écrit et pourquoi ?
J’avoue m’être livré à cet exercice, histoire de « connaître » mon interlocuteur. Est-ce le Tété qui « s’oppose » aux prises de positions de Lovejoyce Amavi ? Est-ce le « Tété de la diaspora » qui s’est senti visé par le Tweet en question ? Est-ce tant le Tweet en question qui cause problème ou « l’acclamation à tout rompre de Lovejoyce » ? Bref, ce peut bien être la même personne. Je remercie cette dernière pour la missive qui d’une part, me sort de la léthargie dans laquelle je plonge ce blog, et d’autre part me force à dévoiler des pans des prochains billets prévus.
Là où vous péchez par « hors sujet »…
Le mois dernier, l’un de mes oncles paternels est rentré d’Allemagne avec sa petite famille. Ils ont loge chez nous. Un matin, l’oncle se réveille après une longue nuit (prolongée à loisir bien plus par la flemme que par le décalage horaire) et me remets la clé de sa voiture afin que je la lui mette au propre. J’ai ri et refusé, parce que je suis plus âgé que son fils aîné de 22 ans qui manipulait son Iphone avec la connexion internet que JE paye. Je vous épargne tous les petits détails familiaux.
Deux semaines plus tard, la femme de mon oncle, me demande si j’ai des contacts au sein de certaines banques à Lomé, histoire de l’aider à trouver de l’emploi. Je lui ai répondu qu’il y a des togolais ici plus diplômés qu’elle (elle a un BAC+2) qui se tapent des stages gratis. Elle a visiblement mal pris ce que je lui ai dit. Conséquences ? J’ai été repris par mon oncle et par mon père à qui on aurait fait le Compte Rendu de mes « nombreux manques de respects. »
Je fais alors le Tweet que vous mentionnez dans votre lettre ouverte ; tweet malheureusement incompris, tant par Lovejoyce que par vous, cher Tété. Mais soit ! J’ai joué le jeu.
Je disais plus haut que j’ai prévu en faire des articles ; l’un d’entre eux aurait été titré « Cette diaspora qui rate son retour ».
Là où vous m’inspirez de nouveaux titres…
Votre lettre ouverte me donne des idées de titre dont… « Ce discours qui manque à l’intelligentsia togolaise », ou surtout « De la condescendance de ces expats’ », inspiré de votre passage qui dit
« Au lieu de chercher les vraies raisons de votre mal-être afin d’y remédier, vous jetez votre dévolu sur des personnes qui pensent bien faire en proposant leurs services et leurs compétences à la nation dont ils sont issus. »
Très souvent, vous (expats’ et tous ceux aux noms desquels vous croyez parler) pensez à tort que ceux qui sont resté au pays vivent une indescriptible souffrance. Selon vous, quel est le « mal être » dont je souffre ? Vous avez cette tendance à croire que ceux qui ne sont pas partis éprouvent un sentiment de raté, d’amertume, de « mal-être ». Et c’est cette piteuse condescendance que nous sert le candidat aux #TGPR15, le Sieur Alberto Olympio, tout le long de la première partie de son bel ouvrage.
Je le cite ici, parce que c’est à lui que vous avez certainement pensé en lisant mon Tweet. J’en fais économie car ce que je pense d’Alberto Olympio, je le réserve dans un article ultérieur ; tout comme ce que je pense de tous ces acteurs politiques qui prennent en otage toute perspective d’évolution et d’épanouissement de tout une nation.
Je passe sous silence l’injurieuse comparaison faite avec « ces fanatiques du Front National ». Dieu vous voit !
Vous parlez d’ostracisme. Je préfère en rire. Dois-je vous rappeler que j’ai demandé à rencontrer en tête à tête le candidat Alberto Olympio ? Dois-je vous dévoiler que j’ai plusieurs fois demandé à rencontrer JP Fabre, Apevon et Kissi, alors même que ceux-ci me traitent, qui d’espion à la solde du régime en place, qui de « petit turbulent qui pense qu’on a son temps » ? Dois-je vous rappeler que des hommes politiques tels que Jean KISSI refusent d’être pris en photo, même dans un lieu public ? (Sylvio Combey en fut témoin, lors d’une conférence à l’Hotel Sarakawa). Ces termes mal employés…
Qu’un rictus me soit permis, en ce qui concerne le reste de votre paragraphe. Le quidam paraphrasé, c’est moi. Et le tweet en question n’a absolument rien d’irrespectueux ni envers votre candidat « ayant réussi à l’étranger », ni envers vous, ni envers tous ces valeureux togolais qui font notre fierté au-delà des frontières, mais qui malheureusement hésitent à prendre le risque du retour, à cause de l’actuelle situation que nous connaissons et déplorons tous.
Le piteux parallèle entre le Burkina et le Togo.
Touchante anecdote, cher devancier Tété. Mais vous savez mieux que moi que les situations dans les deux pays diffèrent tellement. A moins que votre séjour prolongé au pays des hommes intègres vous fasse perdre les réalités du Togo. Ce qui s’est passé au Burkina peut très bien arriver au Togo. Oui des jeunes peuvent marcher sur le Palais de la Marina. Mais les choses ne seront JAMAIS PAREILLES. Les circonstances diffèrent ; les acteurs diffèrent. D’ailleurs nous avons tous chanté l’hymne en l’honneur de l’imbécilité de l’opposition togolaise.
Je le disais à un aîné dans une discussion, que nul n’est indispensable. Blaise n’est plus aux affaires, pourtant le Burkina n’est pas dans le chaos. Faure ne sera pas aux affaires que le Togo ne s’en portera pas plus mal. C’est mon point de vue.
De l’ambition pour le Togo.
J’ignore ce qui vous donne le droit d’établir un diagnostic psychologique et sociologique, pas très logique, de la jeunesse togolaise. Vous ne savez absolument rien de mes ambitions à moi, ni de ceux de nombreux autres togolais. Faure n’est pas le plus instruit ni le plus méritant des togolais. Idem pour Alberto, ou pour tous ces candidats, locaux ou rentrés de l’étranger.
De l’ambition pour notre #Degnigban, on peut en avoir, sans forcément être Président de la République. Si jamais mon Tweet incriminé avait un quelconque lien avec la politique, je le défendrai en disant que ce n’est pas un péché que d’exiger des candidatures de qualités, pour le poste de Président de la République. Ladite qualité n’est pas conférée par des réussites professionnelles, qu’elles soient en affaires ou en musique. Pas plus qu’elle n’est conférée de façon héréditaire.
Je le défendrai en disant, qu’il faut un peu d’immersion au sein de la population qu’on aspire à diriger ; je le défendrai en demandant un peu d’expérience de la part des candidats. Je comprends que cet argument ne tienne pas, dans un pays où les élections locales sont repoussées aux calendes grecques, et où les législatives semblent être a chasse gardée d’une certaine classe politique en désuétude.
Cependant, la candidature d’Alberto n’est pas l’ultime preuve d’un amour ou d’un dévouement plus grand que celui de ces togolais, (banquiers ou avocats, médecins ou commissaires) qui, restés sur place, agissent dans l’ombre pour soigner le « mal-être » dont souffrent leur compatriotes. Et justement rester dans l’ombre, ce n’est pas une démission ; rester dans l’ombre, ce n’est pas ne pas avoir de l’ambition ; rester dans l’ombre, ce n’est manquer de leadership; rester dans l’ombre, ce n’est pas un symptôme clinique de la pathologie psychodramatique de l’ère Eyadéma que vous semblez maîtriser.
Lorsque vous, Tété, ou ces autres togolais, aurez compris qu’il n’y a pas que la Présidence de la République qui renferme l’effectivité du pouvoir, lorsque vous aurez compris que les plus puissants œuvrent dans l’ombre en tenant les Présidents de Républiques en laisse, lorsque vous aurez compris qu’être Président n’est ni une réussite ni une fin en soi, alors vous comprendrez ce pourquoi nous autres, « regardons d’un œil torve » , ceux qui rentrent avec un BTS et rêvent de diriger des banques, ceux qui rentrent avec une Licence et demandent à ceux qui ont un Master de leur laver la voiture, ou même ceux qui rentrent après avoir avoir envoyé une fusée sur la lune, et ne rêvent que de diriger ceux qui sont resté sur place.
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Au finish…
La lutte politique n’a absolument rien d’une guéguerre par intellectuels interposés. (Si tant est que par abus de langage, JE me considère comme intellectuel). D’ailleurs, vous m’en convainquez tous les jours, à travers les fructueux débats que vous menez sur Twitter.
Je m’amuse généralement à comparer cette lutte à une guerre dans laquelle, la diaspora est comparable à un drone. Elle fait souvent des frappes chirurgicales, et parfois des bourdes déplorables. Dans tous les cas, elle vient en appui aux troupes au sol, formées par ceux qui sont restés au pays. Les drones ont peut-être une vue plus générale que les troupes au sol ; mais ces dernières sont les plus exposées et les plus laborieuses. Je suis convaincu que la sagesse dont vous faites montre nous évitera de tomber sous des tirs de notre propre camp.
On peut mourir au front d’un tir ennemi, tout comme crever d’un friendshoot. On peut vaincre ou mourir ; mais que ce soit dans la dignité. Je m’en vais rejoindre mon douillet lit, cher devancier, pour une nuit paisible, car contrairement à vous, votre article ne me privera pas de sommeil, durant tout un weekend. Et ce n’est point pour sembler impertinent à votre égard, mais il vaut mieux avoir un cachet de Valium à portée de main, chaque fois que vous lirez un de mes tweets #Gnadoè. Vous le dites si bien, je n’en suis pas à mon « coup d’essai dans le genre. »
Dans l’attente d’ultérieurs échanges nous permettant de grandir, de mûrir, et d’émerger comme vous l’aspirer, cher devancier Tété, veuillez lire en ces lignes, l’expression de mon profond respect ; celui d’un individu voulant être leader sans forcément être Président de la République si jamais Faure tombe.
J’ai dit !
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