Aphtal CISSE

Togo-Cameroun: ce tribalisme qui nous dessert…

Crédit image: blog Anti-Tribalism Mouvement!

 

 

J’aurai aimé plancher seul sur ce sujet délicat, sinon épineux! Je n’ai pas toujours trouvé le meilleur angle pour l’aborder, tant il y a des abrutis qui ont tôt fait d’édulcorer tes dires. Bon, pour cette fois, j’ai décidé d’inviter sur mon blog mon collègue et ami camerounais, Ulrich Tadajeu Kenfack. Il est étudiant camerounais, actuellement en Master  Histoire Politique à l’Université de Dschang dans la ville de Dschang au Cameroun et s’intéresse à l’actualité, au savoir et aux Technologies de l’Information et de la Communication. Il anime également un blog à cette adresse.

 

Le Cameroun est reconnu comme étant un pays diversifié avec plus de 200 ethnies. Ces ethnies, au lieu d’être de véritables atouts pour l’intégration nationale sont des freins dans la mesure où elles sont instrumentalisées et deviennent des facteurs de division, de peur et de méfiance à l’égard des autres. Comment se manifestent ces problèmes ethniques au Cameroun ?

Au Cameroun, l’ethnie existe. C’est vrai. On est bêti, bulu, bassa, bamiléké…L’existence de cette ethnie n’est pas un problème en soi. Car chacun a une identité et c’est la rencontre des différentes spécificités des différentes identités qui forme un tout authentique. Le problème n’est pas tant l’existence de cette ethnicité que l’instrumentalisation et l’utilisation qui en est fait pour des fins uniquement politiques et égoïstes.

 

Cher ami, pour avoir beaucoup lu des écrits des camarades blogueurs du Mboa, j’ai fini par croire que Cameroun et Togo sont même père-même mère ! Ce n’est pas totalement faux, si on se réfère à l’histoire coloniale de ces deux contrées : d’abord les allemands, ensuite les français ! Du coup, nous avons, (à des nuances près), les mêmes galères, les mêmes bêtises. Les ethnies, nous en avons également une multitude au Togo. Les Ouatchi, les Tem, les Kabyès, les Mobas, les Akposso… Toutes ces ethnies n’ont pas forcément de colorations politiques, à cause du peu d’intérêt de certains hommes pour la chose, mais oui, comme au Cameroun, il y a une manipulation de la fibre ethnique.

 

La première pratique qui est souvent mise en avant au Cameroun et qui dénote un tribalisme sans nul autre précédent est certainement la conception du poste et du pouvoir politique. En effet, les partis politiques sont toujours les partis du village. Ce qui fait que les revendications donnent l’impression d’être des revendications d’un village ou d’une ethnie précise.

La nomination à un poste ministériel est toujours perçue comme une réussite ethnique. Ainsi, après chaque nomination, le village envoie une lettre de remerciement au chef de l’État pour avoir nommé un des leurs dans un ministère. S’en suit des revendications d’autres ethnies qui estiment qu’elles aussi méritent d’avoir un fils au gouvernement ou alors d’avoir une université comme on l’a vu encore récemment. Le pays est considéré comme un gâteau national sur lequel chaque ethnie doit venir se servir peu importe la compétence.

Cette situation entraine comme une sorte de rivalités ethniques. Telle ethnie se dit favorisée, l’autre se dit défavorisée. Certains se considèrent comme des victimes. On rentre dans une situation de tribalisme avec l’idée selon laquelle l’autre est plus favorisé que moi, qu’on ne nous aime pas. Tout ça est entretenu par les politiques qui s’en servent pour se positionner.

« En Afrique, vous savez, la compétence comme le génie s’arrange toujours pour fleurir brusquement dans la région ou dans l’ethnie de celui qui détient le pouvoir » (Emmanuel Dongala, Jazz et Vin de palme)

Pour vous est bien hein ! Vous avez des Universités que telles ou telles régions réclament. Nous n’avons que deux Universités publiques au Togo : celle de Lomé et celle de Kara. Bon, Lomé, c’est la capitale. Kara, je ne sais pas ; il paraît que c’est la deuxième ville du Togo, ce que moi je réfute totalement. Allez voir de la manipulation ethnique ; Kara est la localité d’origine du Président. Mais j’aurai penché pour une Université à Sokodé. Quoi ? Oui je suis Kotocoli originaire de Sokodé, mais en plus, Sokodé, c’est le vrai centre du pays ; c’est plus grand et plus beau que Kara ; il y a plus d’activités économiques. C’est mon avis aussi hein ; que le Kabyè de Kara qui n’est pas content aille écrire son propre article.

Plus sérieusement, il y a une sorte de primauté ethnique, dans l’attribution de certains postes dans la république ! Les transports ou le Sport pour les kotocoli ? L’armée pour les Kabyè ? La finance pour les Ouatchi ? Les Télécoms pour les Moba ? Non, je rigole, il n’en est rien, quoique

 

Par ailleurs, les différents rapports et idées construits par la société et les familles autour des autres ont des élans péjoratifs qui traduisent un tribalisme. Dans certaines tribus, il y a un nom précis avec lequel on qualifie les autres soit pour marquer un ressentiment, soit alors une distance. Les Bamilékés qualifient les autres (Littoral, Est, Centre, Sud…) de « Nkoa ». Les Nordistes (ceux qui peuplent le grand nord du Cameroun) qualifient les autres de « Gadamayos » alors que les béti, bassa qualifient eux-mêmes de « graffi » les Bamiléké. Bref, il y a des noms utilisés pour qualifier les autres ethnies qui dénotent une sorte de méfiance, de discrimination et de rapport à l’autre plus ou moins meurtrière.

 

 Tu sais, Kotocoli et Moba sont des cousins à plaisanterie ! Nous les appelons « nos esclaves », et ils nous appellent « nos rois » ! Ouais, les wawa sont nos esclaves et cela a toujours été ainsi. Tu vois, les Douti, Kolani, Doumnangue, Babiegue et autres familles sont des « esclaves » pour nous autres rois comme Cissé, Touré, Traoré, Sabi, Tchakala, Ouro-sama… Mais quand je me souviens des fessées que m’a administré un surveillant au lycée (de l’ethnie Akposso), pour avoir traité d’esclave une fille Moba avec laquelle je partageais mon banc, je me dis que les togolais ignorent leur propre histoire, et que les politiques ont de beaux jours devant eux ! Sérieux, une plaisanterie dont personne ne se plaint, toi tu en fais tout un plat, et fait preuve d’excès de zèle sur les royales fesses du Kotocoli que je suis !

 

Enfin, il y a la question anglophone. Nous parlons de cette question parce qu’elle est l’un des éléments qui peut briser  l’unité nationale en construction du Cameroun. En effet, les ressentiments entre anglophone et francophones sont de plus en plus récurrents. Même si l’élite gouvernant tente de la mettre sous silence, ce problème existe. Il nait du fait que certains camerounais ressortissants du Cameroun autrefois dominé par l’Angleterre estiment qu’ils sont toujours marginalisés et s’excluent eux-mêmes de la vie publique. Et de l’autre côté, les préjugés que certains « francophones » ont au sujet de ces Camerounais. Des termes sont utilisés pour les qualifier « ils sont à gauche », « c’est un anglophone qui a fait », « c’est un bêti… ».

Bref, on explique la bêtise par l’appartenance ethnique ou linguistique alors qu’en elle-même la culture n’est pas productrice de bêtise.

 

Oh ? Donc au fait vous avez eu trois colons hein ! Non, le Grand Architecte de l’Univers nous a épargné la domination anglaise ! Nous ne l’aurions pas supporté. Du coup, ici, ces petites allusions diffamatoires ne sont pas dirigées contres des « anglais », mais contre les populations du Nord. Pas du grand nord hein, juste un peu au nord, dirigés contre les gens d’une certaine ethnie que je refuse de nommer. Pas seulement ; contre nous les Kotocoli aussi hein. Disons nous la vérité, ce sont des choses qui existent toujours, (quoique moins fréquent) ; et tu verras des gens traiter d’autres d’  « espèce de Kabyès ; sauvage du Nord…, chauffeur de kotocoli.

D’après ce qu’on m’a dit, les populations du Sud (côtières), ont été les premières à être entré en relation avec le colon ; du coup, ils se prennent pour les premiers civilisés, les premiers instruits, les premiers intellectuels. Ce qu’ils ignorent, et ce qu’on ne leur dit pas, c’est qu’à Sokodé (chez moi), avec l’arrivée de l’Islam, nous on savait déjà lire et écrire l’arabe.  Ah ouais hein, il faut le dire aussi. Je sais, je fais mon chauvin, mais bon…

Honnêtement, les petites blagues, les petits tacles entre ethnies, cela n’a absolument rien de méchant, et on doit pouvoir se les faire, en fair-play. Moi cela ne me dérange pas qu’on me traite de chauffeur ou de chauffard, parce qu’étant Kotokoli. Mais ça me chagrine quand on veut lancer une petite boutade à un Kabyè, ou à un Losso, et qu’il le prenne mal. Les ivoiriens sont peut-être les premiers à avoir compris que rire des ethnies peut jouer en faveur de la réconciliation. Confer « Guéré à Abidjan » de Yodé et Siro.

 

 La culture est essentiellement ouverture sur l’autre dans un esprit de tolérance, pour se découvrir soi-même et découvrir l’autre. La diversité ethnique en elle-même peut être une source de richesse et de créativité si elle n’est pas instrumentalisée comme elle l’est actuellement. Or, l’expression de son ethnicité à travers les langues, les us et coutumes, l’artisanat peut permettre à notre pays d’avoir un répertoire assez varié et de proposer au monde une carte culturelle et donc touristique intéressante.

 Il est grand temps que nos dirigeants et les populations camerounaises cessent avec ces pratiques qui, au final, n’ont rien d’humain. Car qui sommes-nous pour juger, exclure, qualifier les autres à partir de facteurs qui en fait ne dépendent pas d’eux ni de nous ? Avons-nous décidé ou choisi de naître de telle ou telle autre ethnie au point d’en faire une barrière entre nous ? Qui sommes-nous finalement ?

Pour ma part, nous sommes des Hommes qui sommes nés chacun dans un contexte géographique, social, culturel bien précis sans forcément choisir cela. Alors, ce contexte et cet environnement ont permis de se construire. Maintenant, faut-il se juger en fonction de cette appartenance qui ne dépend pas de nous ou en fonction de notre humanité ou camerounité ?

 

Cher ami, moi Aphtal je ne peux jamais détester aucune autre ethnie au Togo ! Sérieux ! Les lianes Kabyè hein mon frère il faut les voir pour savoir si on peut détester cette ethnie ! Tu descends un peu au Sud, pour mater la croupe des Akposso ; tu vas à Bassar, tu monte vers Doufelgou, Kanté, Mango et Dapaong… Tu regardes toutes ces beautés, toutes ces filles, toutes cette diversités, et tu ne peux que conclure : j’aime le Togo dans sa diversité ethnique !

 

 


Au Président de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé…

Bien le bonjour chers lecteurs! Ceci est une correspondance que je compte déposer au secrétariat de la Mairie Centrale de Lomé. Comme nous l’avons précédemment fait en ce qui concerne notre Télévision nationale, je désire recueillir vos avis, afin de parfaire ma lettre. « Togolais viens, bâtissons la cité » !

Letter

                        Lomé, le 15 Janvier 2014

Aphtal Salomon CAYAMAGA

BP : 04 BP 353 Lomé-TOGO

Aphtal2001@gmail.com

Tél :

                                                                                                                                             A

                                                                                                                                             Monsieur le Président de la

                                                                                                                                             Délégation Spéciale de la Commune de  Lomé

                Objet : demande de construction de dos d’ânes

Sur la voie Agoè-Adidogomé

 

Monsieur le Président de la Délégation spéciale,

 

Qu’il me soit tout d’abord permis de vous formuler mes meilleurs vœux de santé, de prospérité, d’abondance, de foi et de sagesse, à vous vous, votre famille et à votre administration.

Monsieur le Président, depuis un peu plus de dix sept années que ma famille et moi avons aménagés à Cacaveli, j’ai pu assister à la lente mais certaine transformation de ce quartier, dont l’aboutissement est la construction de la voie bitumée qui la traverse, reliant la Nationale N° 1 (Agoè) à la Nationale N°2 (Bd du 30 Août -Adidogomé-). J’ai alors eu l’irréfutable preuve de l’importance des infrastructures routières dans le développement d’une nation, tant les différentes activités génératrices de revenus se sont multipliées dans notre cité.

Malheureusement, la dangerosité de cette route pour la paisible population de Cacaveli est inquiétante. Du manque de panneaux de signalisations, à celui des feux tricolores, les déficiences sont légions, rendant la circulation assez particulière, sur le tronçon Terrain de Foot Agoè- Cour d’Appel de Lomé. Ce tronçon est celui de tous les dangers, à cause de l’absence de feux tricolores et de panneaux de signalisations.

Que dis-je ? Il y a effectivement des panneaux, annonçant les passages cloutés, les arrêts de bus, mais aussi et surtout, des panneaux interdisant l’installation des baraques et des hangars. Quid des panneaux portant limitation de la vitesse ? Quid des panneaux signalant la sortie des élèves ? Quid des panneaux signalant les virages dangereux ? Quid des panneaux signalant la présence d’un hôpital (Centre Médico-social de Cacaveli) ?

Tout ceci fait que les véhicules, privés ou de transports publics, poids légers ou poids lourds, à deux ou à quatre roues (et même plus), se livrent à une conduite totalement indécente, défiant les dieux de la vitesse et de la prévention routière, mettant ipso facto la vie de la population riveraine en danger, et menaçant la pérennité des infrastructures (poteaux d’éclairages publics…).

C’est fort de ce triste et amer constat, que je demande à la commune de Lomé, de faire mettre des dos d’ânes sur ladite voie, (au moins 10, à raison de 5 par sens) à partir du dernier feu tricolore (rond point Hôtel Blue Angels), à celui du Carrefour Caméléon (ou Carrefour Bodjona). Ce tronçon est celui qui est le plus usité par la population riveraine, et je n’ai aucune envie que ce soit une zone de non droit.

 Contraindre  les usagers au respect des panneaux de signalisations peut-être difficile, j’en conviens, mais nous pouvons les astreindre à conduire plus lentement, et par ricochet, les forcer à préserver leur propre vie et surtout à respecter celle des autres.

Espérant une suite favorable à ma requête, veuillez agréer, Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé, l’expression de mon profond respect.

 

 

                                                                                                                                                             Aphtal S. CAYAMAGA

Lire aussi :  Nos routes nous tuent, nos policiers s’en foutent…

J’ai dit!


La liane, la perruque et le cocu…

Camarades, bonjour !

Je ne pourrais publier mon tout premier billet de la nouvelle année, sans vous faire mes vœux ! Faites ce que vous voulez de votre année, cela ne regarde que vous ! Qu’elle soit bonne ou mauvaise, cela dépendra (en grande partie) de vous ! Donc, à chacun son année ! Soit !

Je sais que cela devient à la limite fatiguant, de parler des fêtes, des vœux, et de tout ce qui va avec ! Mais il me faut en parler, il me faut raconter, cette histoire. Pour une fois que je ne suis point le malheureux de l’affaire, je m’en donnerai à cœur joie !

31 décembre 2013, l’année vient de prendre officiellement fin ! Minuit tapante, j’étais à la messe, avec les tympans pleins de cantiques chrétiens, et le cervelet ivre de versets bibliques ! Nous nous sommes donnés de chastes baisers, nous nous sommes embrassés ; pour les esprits tordus… Il ne s’agit que d’accolades fraternelles s’il vous plait. Nous avons en outre jubilé, chanté, prié, puis nous nous sommes séparés ! C’est la fête hein, la messe est finie, et il fait nuit ; les chats sont devenus subitement gris. Suivez mon regard…

Je décide quant à moi d’aller rencontrer Fafa (ah, je consacrerai volontiers une série d’articles sur la liane là) qui, après quelques minutes de causerie, me laisse tout seul, penaud, sur le grand boulevard de Cacaveli ! Il sonnait un peu moins de deux heures du matin, aucune envie de rentrer à la maison. Je m’en vais poser mon postérieur dans l’une des nombreuses buvettes de Cacaveli, histoire de voir comment les « voisins » passent le réveillon. Je m’accoude à l’une des meilleures tables du bar ; celle-là qui permet de lorgner et de pester contre les riches qui se tapent du bon vin dans la cave en face, et d’autre part de t’indigner contre les motocyclistes qui abordent le virage serré de Cacaveli à vive allure. Je passe ma commande : une Malta et quelques morceaux de viande. Vive 2014 !

Voilà la partie

J’espace volontairement mes gorgées, afin de passer le plus de temps dans cet endroit sans trop dépenser. Entre deux morceaux de viande, une charmante liane traverse la route, vient vers le bar, pour… aller rejoindre un tonton déjà assis à la table en face de moi. Pour être belle, la liane l’était ! Un superbe legging de couleur rouge, savamment assorti à un décolleté sombre, perchée sur des chaussures aussi hautes qu’une marche de podium aux Olympiques. Des filles comme Dieu n’en fabrique plus ! Tout Cacaveli était témoin : une déesse était dans le coin.

La liane vient poser ses douces, pulpeuses et langoureuses lèvres de carpe hors de l’eau contre la joue velue du tonton qui s’impatientait devant deux bouteilles de bière ! Soit son attente fut longue, soit il avait vraiment soif. La fille pose ses divines fesses, et ouvre un sachet plastique qu’elle dépose sur la table. J’ignorais ce qu’il contenait ; mais ce devait être de la viande, puisqu’ils se mirent à prendre chacun un morceau, l’un après l’autre. Ah, ces instants où tu maudis ton célibat

Le « doyen » n’a pas fini de mâcher son morceau lorsqu’un jeune homme, pas plus âgé que moi, pas plus riche que moi, et pas plus beau que moi, bref, un jeune de la même galère que moi s’approche de la table, le salue et lui serre la main, comme entre vieux camarades. Il se tourne ensuite vers la fille, et lui fait une bise sur sa joue droite. Ils s’échangent quelques mots. On pouvait sentir une sorte de gêne entre eux, un peu comme une tension d’ailleurs. Sans crier gare, le jeune homme reprend le sachet de viande posé sur la table, et dans lequel l’autre tonton s’apprêtait à piocher un autre morceau. Sans demander son reste, il se met à chercher une table vide dans le bar, pour finalement s’asseoir à côté de moi. On échange les salamalecs, puis il se met à me conter sa mésaventure :

« Tchalé, il faut avoir peur de la femme hein !! Je te jure…

La sorcière qui est assise là bas, c’est ma copine. En tout cas, c’était ma copine. J’étais avec mes sœurs ce soir, lorsqu’elle m’appelle au téléphone pour solliciter mon aide : elle est chez la coiffeuse, mais n’a pas suffisamment d’argent pour honorer la facture. Je la rejoins avec toutes mes économies, histoire de proposer une sortie à deux, après le salon.

C’est bien elle qui a choisi un bar dans mon quartier, à Adidogomé. Je commande à peine nos boissons et un poulet, qu’elle reçoit plusieurs coups de fil. Rien de grave ! Après un appel, elle m’annonce devoir rentrer, prétextant que sa sœur aurait urgemment besoin d’elle à la maison ! Oh ? Ah ok ! Je lui fais emballer le reste du poulet, puis envoie des bises à sa sœur !

Mais bon, je ne sais pas ce qui m’a pris ; j’ai trouvé ça un peu trop facile ; alors je pris une moto pour la suivre, et voilà où elle est arrivée ! Ce qui m’a fait mal, ce qui me chagrine le plus hein, c’est qu’elle a ouvert mon petit poulet là pour manger avec un autre monsieur ! Pourquoi les femmes font comme ça, hein ? »

J’ai souri, et me suis remémoré ma propre mésaventure, il y a à peine quelques semaines.  On a échangé des blagues, puis je lui ai clairement avoué mon admiration pour son sang-froid et son courage.

« Quel sang froid ? C’est ce sang-là qui est froid et puis elles nous prennent pour des moutons non ? Elle va ôter sa perruque là tout de suite ; j’irai la revendre pour rentrer dans mes fonds » !

Me rétorque-t-il. Je ne comprenais pas très bien, jusqu’à ce qu’il retourne à la table occupée par sa copine et son amant ; ce dernier voulut intervenir, comme pour interdire tout mouvement au gars.

« Monsieur, quand je suis venu je t’ai demandé quelque chose ? Pardon laisse moi reprendre mes cheveux et puis elle est toute à toi. » dit-il, en se tournant vers sa copine, enfin son ex comme vous le dites. Il lui demande calmement d’enlever les jolis cheveux qu’elle avait sur sa tête ; elle a voulu résister, faire la grande gueule, avant de se confondre en supplication. Le gars était tellement intraitable, que la nana, la belle liane, la jolie Kardashian de tout à l’heure, se sépara de sa belle coiffure !

Crédit image: la jolie liane de la #Teammondoblog, Marine F.
Crédit image: la jolie liane de la #Teammondoblog, Marine F.

Hein ? Si cela m’était conté, je donnerais mon cou à pendre qu’il s’agit d’une fable ! Si j’avais bu de l’alcool, j’aurais plaidé l’excitation éthylique. Mais la scène se déroulait là, sous mes yeux, et c’était vrai en plus !  Le type me rejoint avec la perruque de sa copine, qui se lève et demande au tonton de quitter les lieux ! Oh, une fois debout, j’ai pu voir son vrai crâne chauve de vautour, au long cou pelé ! Même le monsieur hésitait à la suivre de près et à lui désigner sa voiture.

J’ai crié à la serveuse de servir une bonne bière fraîche à mon nouvel ami ! Ouais en voilà un garçon, qui n’a pas froid aux yeux et qui n’aime pas qu’on le prenne pour un imbécile !

J’aime la femme, et je la respecte, mais que voulez-vous ? On ne peut respecter que le respectable ; on ne peut adorer que l’adorable. Je comprends certains hommes qui hésitent à donner à la femme tout le respect qui lui est dû : c’est parfois la faute à la gent féminine elle-même !

Mais quoi qu’on dise, elles sont adorables nos lianes, non ? Bonne et heureuse année, et qu’il soit fait à chacun selon sa foi !

J’ai dit !


Le Bruit du Silence à l’African Media Leaders Forum

Bonsoir chers lecteurs ! Cet article, je sais que je l’ai promis depuis ; en tout cas à vous qui me suivez sur Twitter ou sur Facebook. Je crois que cette fois c’est la bonne ; je n’ai aucune envie de débuter la nouvelle année avec une dette, la promesse en étant une ! Alors voilà en textes, sons et images, le récapitulatif de mes activités à Adis Abeba.

Du 6 au 8 Novembre 2013, s’est tenu à Adis Abeba, la huitième rencontre des leaders des médias africains, à laquelle j’ai eu le privilège de prendre part. C’est une rencontre annuelle, qui regroupe journalistes, hommes de médias, et décideurs qui, ensembles, planchent sur le métier de l’information, en faisant une sorte de récapitulatif de l’année écoulée, et en prenant des résolutions pour l’année à venir.

J’ai été invité à ce forum, notamment pour intervenir sur le thème : «  Effet d’annonce ou réelle opportunité ? Le crowdsourcing ou le journalisme citoyen génère-t-il de la valeur et permet-il une fidélisation en hausse constante ?» !

 

Il s’agissait pour moi d’une part de partager mon expérience de blogueur/journaliste-citoyen, et d’autre part et surtout, présenter l’une des formidables expériences francophones en crowdsourcing, qu’est la plate-forme Mondoblog. Inutile de vous dire que la pression a été plus ou moins grande ! Mais bon, un Cissé est un Cissé hein ! (Ouais, je fais mon vantard). La première partie de mon speech a servi à tacler les journalistes, et à présenter le net avantage qu’ont les blogueurs sur les journalistes. Dans une seconde partie, j’ai présenté le projet Mondoblog, en insistant sur l’aspect de la diversité et du caractère international du projet. Ils ont été bluffé par le blog de Gaïus Kowene, celui de René Jackson et de Serge Katembera. Mais ils ne m’ont pas loupé, lors des séances questions. Ouais, un blogueur n’a pas le droit de trop la ramener, devant un parterre de journaliste!

Bon, il y a eu plusieurs panels de discussions programmés tout au long du forum, de la cérémonie d’ouverture à celle de la clôture. Il y a eu entre autre des panels tels que :

–          Are african media capable of transforming the continent ?

–          African media : taking stock of the last 50 years to prepare for the next phase

–          Africa speaking for and about herself : creating an informed, inclusive and representative continent

–          Hype or real opportunity ? Does crowd-sourcing/citizen journalism add real value and grow real audience ?

 

Outre les grands hommes de médias présents à cette prestigieuse rencontre, il y a avait d’illustres hôtes, comme :

 

–          William Ruto, Vice président de la République du Kenya

–          Halemariam Desalegn, Premier Ministre Éthiopie

–          Donald Kaberuka, Président du groupe de la Banque Africaine de Développement

–          Dr Nkosazana Dlamini-Zuma de l’Union Africaine

–          Dr Carlos Lopes de l’UNECA

–          Amadou Mahtar Ba, de l’AMI

–          Sasha Rubel, de l’UNESCO

–          et beaucoup d’autres grandes personnalités dont je ne me souviens plus vraiment du nom. Et puis il il y a moi-même, n’oubliez pas ! :p

 

Les échanges ont été de haut niveau. Mais les échanges étaient encore plus nourris, plus éloquents, plus houleux et plus abondants sur les réseaux sociaux. Des tweets, il y en a eu un peu plus de 300.000 durant le forum. Et c’était pour cause. Les participants, tweetaient, les journalistes n’ayant pas pu faire le déplacement le faisaient également; mais aussi et surtout, la forte et courageuse communauté de journalistes éthiopiens, qui décriaient la tenue d’un tel forum « dans un pays où les journalistes étaient emprisonnés tous les jours ».

 

Quelques tweets lors des échanges:

 

 

 

je sais pas ce que ça veut dire mais…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait de la Déclaration de l’Initiative des Médias d’Afrique:

L’Initiative des Médias d’Afrique  (AMI) a engagé depuis un certain temps les leaders politiques éthiopiens dans des pourparlers que nous espérons vont améliorer l’environnement des médias locaux et aider à la libération de journalistes éthiopiens emprisonnés.

Nous nous sommes embarqués dans cette aventure très risquée car nous avons foi en un dialogue respectueux et franc;  après tout, cette stratégie d’impliquer directement les leaders politiques  a aidé à libérer des journalistes au cours de cette année dans deux autres pays africains.

Au-delà de garantir la libération de nos collègues, nous élaborons aussi une stratégie à long terme pour l’amélioration du climat dans lequel les journalistes éthiopiens travaillent. Nous désirons aussi aider à renforcer le niveau de compétence des journalistes locaux et des patrons de presse afin de les aider à jouer leur rôle de manière plus efficace dans une Ethiopie en pleine mutation.

Nous notons que notre décision audacieuse d’organiser notre Forum des Leaders des Média d’Afrique annuel à Addis-Abeba a eu un effet totalement bénéfique  en attirant l’attention de nouveau sur la situation critique de nos collègues. Nous restons persuadés que cela contribuera à accélérer la recherche d’une solution définitive.

Au cours des mois précédents, des membres de notre conseil d’administration ont eu de nombreux entretiens avec les leaders politiques éthiopiens, y compris avec le Premier Ministre Dessalegn et bon nombre de ses ministres. Nous avons fait de même avec les membres des familles des journalistes.

Nous avons relevé un degré d’ouverture assez significatif au cours des échanges avec les autorités, même un certain désir de régler ce problème que nous considérons totalement inutile et même nuisible au regard des grandes ambitions de l’Ethiopie.

En dépit des refus catégoriques d’autoriser les diverses délégations étrangères, y compris les délégations européennes et  américaines à rendre visite aux journalistes emprisonnés, les officiels éthiopiens ont finalement consenti à autoriser les leaders d’AMI à visiter la prison à Addis-Abeba le mercredi 6 novembre 2013. Alors qu’un malheureux désaccord, survenu dans l’enceinte de la prison à propos des personnes autorisées à assister à notre réunion avec nos collègues, a temporairement fait avorter la mission, nous espérons que nous serons  bientôt autorisés à avoir de nouveau un accès direct afin de faciliter leur libération.

Nous restons persuadés que beaucoup de dirigeants de premier plan en Ethiopie partagent notre avis qu’il est grand temps pour nos collègues d’être libérés. Nous souhaitons remercier le premier ministre et la plupart des membres de son cabinet pour cette ouverture,  et nous espérons un règlement rapide.

(…)

Pour finir, nous notons avec déception la décision mal avisée du Parlement kenyan de voter une nouvelle loi restreignant les libertés de la presse. (…)

Nous jugeons encourageant le fait que le président kenyan a exprimé son scepticisme à propos du projet de loi, et nous tenons à exprimer clairement notre opposition à ce document.

Addis-Abeba, le 8 novembre 2013

      Fin

Bon ok, quelques images, sur lesquelles je fais ma star…

 

Un montage de quelques images:Photo: Aphtal
Un montage de quelques images:
Photo: Aphtal

 

 

 

Le jour de ma présentationPhoto: Aphtal CISSE
Le jour de ma présentation
Photo: Aphtal CISSE

 

 

 

Avec un intérvenant, dans la Conference Room 2
Avec un intérvenant, dans la Conference Room 2
Quelques gâteries auxquelles j'ai eu droitPhoto: Aphtal CISSE
Quelques gâteries auxquelles j’ai eu droit
Photo: Aphtal CISSE

 

Impossible d’être un parfait blogueur, si on ne produit pas ses propres contenus vidéos; alors voici celles que les dieux de la connexion togolaise m’ont permis de mettre en ligne.

Vous savez, étant grand cuisinier moi-même,  je suis un fin gourmet, et je ne rate aucune occasion de titiller mes papilles gustatives.

 

Une vidéo prise lors du dîner de Gala

 

 

Amateur du beau que je suis:Photo Aphtal CISSE
Amateur du beau que je suis:
Photo Aphtal CISSE

 

SI si, je ne devrais pas les poster, mais bon, vous saurez pas que j'en ai déjà mangé alors...
SI si, je ne devrais pas les poster, mais bon, vous saurez pas que j’en ai déjà mangé alors…

 

 

Une danse folklorique nous a été présentée, histoire d’avoir un aperçu sur la riche culture éthiopienne.

 

 

 

 

 

L‘AMLF a été un succès, au vu des échanges, du franc dialogue qu’il y a eu entre journalistes et décideurs. Certains diront que c’est assez ironique, le choix d’un tel pays pour pareil évènement. Mais au moins, il aura eu le mérite de permettre à des journalistes éthiopiens de s’adresser, aux yeux du monde, à leur Premier Ministre, pour demander la libération de leurs collègues!

J’ai dit!


Faisons une mise à jour de nos traditions…

Danse traditionnelle (Image Google)

Salam aleykoum, chers lecteurs. J’espère que vous vous portez tous bien, par la Divine Providence. En ce qui me concerne, je me porte plus ou moins bien ; je viens de sortir d’un long et pénible conseil de famille auquel j’ai été convoqué ad hoc. J’en suis encore tout sonné ! Mais avant tout, avant de débuter mon bla-bla, sachez que je suis… bref !

Je suis togolais ; cela vous ne l’ignorez guère. Je tiens en outre à préciser que je suis de l’ethnie Tem ; je suis Kotokoli, originaire de Sokodé. Vous savez, on dit souvent des Kotokoli qu’ils ne fréquentent pas, qu’ils sont que des chauffeurs de taxi ou de bus ou de camion ; on dit que nous sommes sales, crasseux, belliqueux, mesquins ! Mais bon, ce sont des railleries entre ethnies, et si la réconciliation nationale doit passer par là, pas de souci, je suis Kotokoli et fier de l’être. Wallaye !

Malgré toutes mes convictions personnelles, religieuses, sociales et philosophiques, je tiens également à vous préciser que je suis très respectueux des coutumes de chez nous : se baisser pour saluer les aînés, se déchausser avant de rentrer voir ses parents, s’humecter le visage des crachats du patriarche qui te bénit, payer la faba aux ayant droits… Ce pourquoi j’ai été convoqué en Conseil, c’est justement pour la faba.

Chez nous, la « faba », c’est une somme d’argent symbolique, ou tout autre présent, qu’un oncle offre à ses neveux, fils de sa sœur ! Cette somme se donne également entre cousins, bref, il y a toute une panoplie de règles qui entourent la chose…

Voici l’historique 

Dans ma famille, j’ai un neveu plus âgé que moi ; oh bien plus âgé que moi. Mais la coutume c’est la coutume : c’est l’oncle qui verse la faba, sans égard à l’âge. Mon neveu a une façon particulière de réclamer sa faba : il est violent, et parfois agressif. On en ri tous dans la famille, et c’est devenu le signe par lequel on le distingue. Lui il ne négocie pas sa faba, il l’exige et la reçoit. Et si tu résistes, il s’empare de ton téléphone, de ta montre, de ton sac, bref de tout ce qui pourra t’obliger à lui payer, quitte à t’endetter.

J’ai eu le malheur de croiser mon neveu à des funérailles : il m’a dépouillé de mon seul billet de 1.000 Francs CFA ; on s’est croisé une fois dans un super marché : il m’a obligé à payer sa tablette de chocolat ; on s’est croisé par pur hasard à une cérémonie de baptême : sans honte, le gars me réclame encore la faba.

Son fait d’armes le plus célèbre, demeure cette soirée où, nous nous sommes croisés à Agbalépedogan, chez une vendeuse de frites, chacun accompagné d’une charmante liane. Ce jour là, il me menaça de me foutre la honte, si je ne lui achetais pas de la viande sur son plat à lui. Malgré toutes mes supplications, il passa la commande en mon nom, et pire, se permet une bouteille de boisson. J’ai dû priver ma cavalière de viandes, de jus de bissap, et de frais de déplacement pour pouvoir « respecter la tradition ». Dieu m’est témoin : deux ans déjà, je suis toujours à la case « restons amis », avec ladite liane.

Ce qu’on me reproche :

Samedi dernier, j’ai décidé de dépenser le seul billet bleu qu’il me restait, en sucreries et autres plaisirs puérils. Je me rends donc dans le Shell-shop (ces boutiques dans les stations d’essence) d’Agoè, pas loin de chez moi, pour y prendre des chocolats, du dêguê, et autres. Pour ceux qui connaissent l’endroit, il y a une agence Ecobank juste à côté, avec en plus un distributeur automatique de billets. C’est là que je me suis rendu, après mon achat ; juste pour saluer un camarade qui y est en stage.

C’est en ressortant de l’agence Ecobank, les bras chargés du joli plastique du supermarché, et d’un calendrier, que j’aperçois un type au loin, se frottant les mains et s’approchant de moi, à grands pas assurés. J’ai fini par reconnaître le neveu, qui, une fois à ma hauteur, pose un bras sur mes épaules, puis tente de regarder l’intérieur des plastiques, sans même me saluer, sans prendre de mes nouvelles, sans demander d’après la famille. Je réagis de façon à ce qu’il perçoive mon gêne :

    « Onclo, tu me connais hein ; ouvre le plastique là on va partager, ou bien tu me remets 1.000 F là bas tranquillement ! Allez fais vite.

      C’est parce que tu ne me connais pas que tu continues par m’embêter de la sorte. Colle-moi la paix. Si tu n’as pas honte, il faut avoir pitié des autres, ou au moins avoir peur de Dieu. Je te le jure tu n’auras rien cette fois. »

Ceux qui comprennent Kotokoli savent combien ma réplique peut-être sèche, dans le dialecte.

Nous étions en train de traverser en diagonale la station d’essence ; il pensait me surprendre en essayant de saisir de force les plastiques avec sa main gauche, en m’immobilisant avec son bras précédemment posé sur mes épaules. Dès que j’ai senti la moindre pression sur moi je me suis mis à hurler :

« Au voleur ! Au voleur ! Au secours ! Aidez-moi ! Aidez-moi ! Au secours ! Au voleur ! C’est un voleur ! Mi va hô nam looooo »

Imaginez vous-même l’effet que peuvent produire les cris de détresse d’un jeune homme qui vient de sortir d’une banque, d’une agence Ecobank, en ce mois de décembre, en ces périodes de fêtes !

J’ai moi-même été surpris par la promptitude des militaires en faction devant la banque. Le neveu a tenté de rigoler avec les militaires en leur expliquant les liens qui nous unissaient ; on ne lui a pas permis de placer plus de deux mots : une première gifle, une prise de karaté puis le nigaud est rapidement mis à terre. Hein ! Les gars, ne vous amusez jamais avec militaires togolais hein. Bref moi j’ai tout de suite tourné les talons, le laissant seul à son sort.

C’est lors du conseil de famille que j’ai appris qu’il a passé le week-end au commissariat d’Agoè, avant d’être libéré le lundi à midi. Ils ne m’ont pas non plus permis de placer un seul mot durant le conseil. Mais je leur en suis reconnaissant, sinon je leur aurait craché que j’emmerde leur tradition, j’emmerde mon cousin, et que je les emmerde tous, eux qui ne savent pas comment je survis dans cette capitale, mais qui veulent m’obliger à entretenir un abruti de cousin qui s’est érigé en escroc au nom de la tradition.

Je suis Kotocoli et fier de l’être ! Je continuerai de payer la faba aux neveux qui le méritent, et dans la possibilité de mes moyens. La tradition, si elle a pour but de me ruiner, eh bien je l’emmerde!

J’ai dit!


Ces messages qui nous enchaînent…

Crédit: Google

 

Je vous adresse les salamalecs les plus cordiaux, lecteurs. Je sais cela fait quoi , trois, quatre semaines que je n’ai plus rien écrit. Bon, heureusement personne d’entre vous ne m’a écrit pour s’en plaindre, alors je suppose que tout le monde s’en fout ! Bref, cet article n’en est pas vraiment un ; c’est du pur Gnadoè, du pur kpakpatoya, du pur Kongossa.

 

Hier, j’ai défié les tarifs de connexion, en me connectant avec mon téléphone (oh oui, l’internet mobile au Togo demeure un luxe), histoire de lire très rapidement des notifications Facebook, et quelques tweets. Je reçois alors un message qui m’a été envoyé depuis Whatsapp ; vous savez cette application qui vous fait envoyer des SMS et photos gratuitement, dès que vous accédez à internet. Le message était tout ce que j’abhorrais le plus, dans les rapports humains. Il disait exactement ceci :

 

« Essaie de lire et transférer ça. C’est une histoire vraie ; une femme très malade rêva que Jésus lui donne de l’eau à boire ; quand elle se réveilla le matin, elle était guérie et elle a vu un bout de papier à côté de sa table sur lequel il était écrit J’ESUS EST LE VRAI DIEU VIVANT… Elle raconta aux gens ce qui lui est arrivé. Un policier entendit l’histoire de la dame, la transféra par texto à 13 personnes et il a eu à l’instant une promotion au travail. Un autre monsieur reçoit le message et le supprime à l’instant ; il souffre d’une grande perte pour 13 jours. 

Stp envoie ce message à 13 personnes et tu verras quelque chose. Désolé de te déranger ; mon nom c’est Dieu, j’ai vraiment le temps pour toi. Je t’aime et te bénis toujours. Tu dois prendre 30 min de ton temps avec moi aujourd’hui ne prie pas glorifie juste. Aujourd’hui je veux ce message à travers tout le monde entier avant minuit, peux-tu m’aider ? stp ne coupe pas ce message et je t’aiderai avec quelque chose dont tu as vraiment besoin. Ou propose-moi quelque chose dont tu as besoin. Une bénédiction est sur ton chemin si tu crois en Dieu, envoie ce message stp n’ignore pas ça. Tu es en train d’être testé. Dieu va fixer deux grandes choses à ton choix ce soir dans ta vie. Si tu crois en Dieu envoie la totalité du message et demain, fais passer le message et demain sera un jour meilleur pour toi ; ne brise pas la chaîne. Envoie ce message à 14 de tes amis en 10 minutes. »

 

Des conneries pareilles

La classe non ? Dieu en personne possède un Smartphone là-haut, et il nous envoie des messages directement.  Vous doutez ? D’ailleurs, vous n’avez jamais cherché à connaître la marque de téléphone de Dieu, alors qu’Il a donné des tablettes à Moïse ! Hommes de peu de foi !

D’habitude, je ne vais jamais au bout de la lecture de tels messages et je ne réponds pas, en tout cas spontanément, à l’expéditeur. Et ce que je ne faisais jamais, c’est de faire suivre le message à mes contacts.  Mais pour une fois, j’ai lu avec amusement le message de bout en bout. Pis, je l’ai envoyé à 14 personnes, comme le demande celui qui l’a initié. Oui j’ai envoyé le SMS là aux 14 premières personnes sur lesquelles je suis tombé sur mon répertoire. Et depuis, j’attends les promesses. Depuis là, les bonnes bénédictions promises par le message ne sont toujours pas là ! Pourtant je crois en Dieu, j’ai réussi à son test, j’ai pris 30 minutes de ma triste vie à envoyer le message que Lui-même a composé à destination de toute la terre. Tchayiii ! Bon je m’arrête ici pour ne point tomber dans le blasphème…

 

Je vous dis ma vérité en même temps 

Écoutez, ne m’envoyez plus jamais des foutaises pareilles d’accord ? Si vous avez envie de faire large diffusion du SMS de Dieu, qu’il vous plaise d’ignorer mon numéro. Sérieux !

Dieu, le Bon Dieu lui-même, se débrouille comment pour écrire SMS aux gens et puis moi je ne reçois jamais ? Dieu ne connaît pas mon numéro à moi ? Pourquoi c’est toujours par vous qu’Il passe ? Vous dites vous-même la dame s’est réveillée et a vu un morceau de papier à son chevet. Pourquoi Jésus ne me fait pas pareil, à mon réveil ?

Donc, malgré ma vie, malgré toutes les grâces que Dieu m’accorde chaque instant, malgré toutes les richesses dont je suis pourvu sans effort, malgré ma bonne santé, malgré la vie de ma famille et celle de mes proches, malgré tout cela, c’est seulement un SMS que Dieu me demande d’envoyer pour être béni ? Comme si le fait d’être déjà capable de lire votre connerie n’est pas une bénédiction en soi.

Ce qui m’agace le plus dans ces débilités, c’est qu’il y a toujours un mauvais sort qui frappe celui qui refuse de diffuser le message ; comme en l’espèce, un monsieur qui souffre d’une grande perte après suppression du message. Sérieux, vous voulez faire peur à qui ? Si vous n’êtes pas mécréants vous-même, vous auriez su que le Bon Dieu a toujours laissé l’homme faire usage de libre arbitre, et qu’Il se réjouit plutôt de la droiture du cœur de l’homme et non de ces œuvres oh combien superficielles !

Vous me demandez d’envoyer le message en 10 minutes. Heureusement que c’était par Whatsapp ! Si c’était par SMS, ce long texte fait plus de 4 pages, et me coûtera minimum 200 F Cfa par envoi. Ce n’est pas que je suis pingre pour Dieu hein, mais n’est-il guère meilleur de donner cet argent à l’église, ou de permettre avec la même somme à un gosse de s’offrir un repas à midi ?

Un grand ami à moi travaillant dans une société de téléphonie m’a confié que très souvent, des employés de la boîte se chargent d’envoyer des messages comme cela à des numéros, histoire de créer une consommation en chaîne de crédit de communication. J’en avais ri à l’époque, mais là à y voir de près, c’est très possible ; trop possible même, dans un monde où on se truande au nom de Dieu.

D’ailleurs…

Vous qui avez lu cet article, si vous ne voulez pas de problèmes, cliquez sur « j’aime », partagez-le dans 4 groupes Facebook, et twittez le 4 fois, sinon… Dieu est en train de vous tester à travers ce blog. Vous lisez sans commenter, sans diffuser, Dieu n’aime pas cela et veut vous sortir du pétrin. N’endurcissez pas vos cœurs, sinon vos ordinateurs refuseront de s’allumer, vos Smartphones grilleront à l’instant, vos tablettes prendront feu. Pour éviter ceci, commentez et partagez l’article comme mentionné plus haut.

 

Plus sérieusement

Que Dieu existe, je n’en doute point ; qu’Il attende des œuvres de nous, j’en suis persuadé ; mais qu’Il nous prenne pour des couillons, cela j’en doute fort. Je suis profondément convaincu que Dieu n’attend pas mon SMS pour me bénir davantage ! Dieu n’a pas besoin que je me ruine en envoyant des textos pour manifester Sa grandeur, ou pour toucher des âmes. Si ma vie de tous les jours, si ma conduite, si mes actes, si mes choix, si mes pensées, mes paroles, peuvent manifester de sa grandeur et de son existence, je suis persuadé de faire plus de convertis que tous les 14 individus qui enverront ce message à 14 autres.

De toute façon, qui suis-je pour juger ? Qu’il soit fait à chacun selon sa foi !

J’ai dit !


Choléra au Togo : nos autorités décident mal

Traitement de choléra. Images : OMS

 

Bien le bonjour à vous, chers lecteurs. Désolé si je commence par vous fatiguer ; je n’ai rien à faire ces temps-ci, je m’ennuie, alors autant me rendre utile au Grand architecte en planchant sur des sujets, qui, fort heureusement, nous concernent tous.

 

Pour cette sortie, il va s’agir de choléra. Vous savez, cette maladie des mains sales, celle-là qui vous donne la chiasse et des vomissures et vous plonge dans un coma en moins de 24 h ; oui oui, cette maladie là même qu’on guérit rapidement avec trois flacons de sérums Nacl et deux bonnes bouteilles de Coca-Cola (pour la boisson, c’est ma mère qui prétend que c’est pour redonner des calories au malade…) ; oui c’est de cette maladie qu’il va s’agir dans cet article.

 

Eh bien, c’est à croire que l’année scolaire au Togo ne voulait pas débuter, car après moult reports, nos enfants ont repris le chemin des classes avec une charmante épidémie de choléra comme épée de Damoclès, au-dessus de leurs têtes vides, suspendues. Moi je n’étais même pas au courant (je ne regarde plus les chaînes locales hein ; je ne suis plus n’importe qui) ; il paraît que l’un de nos ministres en a parlé à la télé, et que des mesures ont été prises. Je n’en ai eu écho que lorsque j’ai vu certains (je dis bien certains) écoliers de mon quartier se rendre à l’école avec des glacières contenant de la nourriture.

« L’école ne vaut plus rien aujourd’hui, wallaye ! On commence à peine la rentrée, et chaque jour c’est pique-nique pour les gosses, ou comment ? Vraiment ma progéniture à moi risque de devenir descendante de Gaulois… »  me suis-je écrié, en croisant ces petits se rendre joyeusement à l’école avec leur bouffe sous le bras.

 

Quelles sont les mesures prises par les autorités togolaises ?

Nous avons toujours reproché à nos autorités leur laxisme et leur lenteur à réagir face à certaines crises n’est-ce pas ? Eh bien, pour nous couper l’herbe sous les pieds, les autorités ont tout de suite ordonné l’interdiction de vente de toutes sortes de denrées alimentaires au sein des établissements scolaires, ou dans leurs alentours immédiats. En tout cas toute nourriture, toute sorte de nourriture, dont la vente est destinée aux élèves est proscrite, et ce, jusqu’à nouvel ordre. Que ce soit du riz, du riz au gras, du pinon, des gâteaux, des biscuits, des galettes, les jus de bissap ou de baobab, même les sachets d’eau minérale (Pure Water), tout cela est interdit.

Il est désormais demandé à tous les élèves togolais de se rendre à l’école avec leurs propres nourritures et boissons. Voilà ce que nos autorités ont tout de suite pris comme décision. Elles pensaient bien faire, elles croyaient agir, ou réagir « en bon père de famille », dans l’intérêt supérieur de cette jeunesse scolarisée, relève de demain. On ne peut pas leur en vouloir.

La mesure est à saluer, c’est peut-être vrai, mais elle est également à décrier …

 Ce à quoi n’ont pas pensé nos autorités.

La mesure concerne tous les établissements et tous les niveaux d’enseignements, primaire en l’occurrence. Nos autorités n’ont pas pensé à ces pauvres petits qui ne comprennent pas forcément de quoi il s’agit ; on ne s’est pas demandé si ces enfants qu’on veut protéger ont assimilé le processus de transmission de cette maladie, et le bien-fondé de l’interdiction des denrées alimentaires. On ne s’est pas demandé comment le petit manipulera la nourriture confiée par ses parents, de la maison, jusqu’à la récréation.

Vous allez sincèrement m’excuser si je me verse encore dans des lamentations financières. Je n’y peux rien, je suis un « Togolais moyen », sinon, le « Togo d’en bas ; le chômage et la crise, c’est moi qui les combats… »

 Nos autorités n’ont pas pensé à ces foyers qui peinent à s’offrir deux repas par jour ; ces enfants qui ne reçoivent que 25 F Cfa pour la journée, et à qui subitement on demande de faire leur propre repas avant de venir à l’école… Oui, il faut se l’avouer, il y a des gosses qui se rendent en classe avec rien en poche. Ces enfants-là, a-t-on véritablement pensé à eux ? A-t-on pensé au fils ou à la fille de la revendeuse, qui attend la récréation pour aller manger chez sa maman ?

Nos autorités n’ont pas songé à encadrer les revendeuses des établissements scolaires, à les sensibiliser, et à leur imposer un strict contrôle par les agents de l’Institut national d’hygiène. Non ! On opte pour la facilité en chassant ces bonnes dames comme des malpropres, des écoles.

Et puis, nos autorités ne se sont pas demandé si ces bonnes dames arrêteront pour autant la vente, hein. Ah oui, on leur demande de ne pas vendre aux élèves, mais on ne leur a pas demandé de ne plus exercer leur commerce. Bonjour la clandestinité, avec tout ce qui va avec. Au moins avant, vous avez un œil sur elles, dans les écoles ; à présent, ce sont les enfants qui iront vers elles, dans leur crasse…

Hier en me rendant au cyber, j’ai croisé un gosse de l’EPP Cacaveli 2, (une école publique située juste derrière chez moi). On lui avait préparé de l’igname, baignant dans une bonne sauce tomate, le tout délicatement emballé dans un sachet plastique noir (J’oubliais, nos autorités avaient interdit ces sachets-à hein… suivez mon regard). Sous l’effet de la chaleur, et du balancement de ses bras, le sachet se fond, laissant tomber une belle tranche de tubercule au sol. Qui est fou pour abandonner une partie de son goûter ? Le gosse se baisse, ramasse le morceau d’igname, le replonge dans le sachet, puis essaye de refaire le nœud en bouchant le trou causé par le tubercule indélicat. Il s’apprêtait à plonger son précieux colis dans son sac à dos, quand je l’ai interpellé…

Bref chers lecteurs, ce que nous pensons éviter ne fait qu’empirer. Ce gosse aurait pu aller avaler ces ignames, avec toutes les conséquences qui pouvaient en découler.

Au même moment, on lance une campagne de vaccination contre la polio. Je ne dis pas que c’est mauvais hein; je veux juste qu’on s’approprie le sens de la priorisation dans nos prises de décisions.

Je ne joue guère au redresseur des torts des âmes, ni au Père Fouettard, mais si j’ai droit de citer, je déclare en toute humilité qu’interdire la vente de denrées alimentaires est une mesure pas assez murie et contre productive.

Tous nos gosses qu’on prétend protéger mourront allègrement de la chiasse, si nous ne pensons qu’à paraître, au lieu d’être de vrais décideurs.

J’ai encore dit !