Aphtal CISSE

A qui sont ces cuisses à peine voilées…

Prostitution…

De gros nuages blancs, purs et soyeux s’écartent peu à peu, pour m’offrir à travers le hublot, un spectacle d’une beauté séduisante, captivante. Nue et mouillée par une fine et insistante pluie, elle avait l’air fraîche et proprette, et la magnifique verdure, plus ou moins dense qui s’étendait à perte de vue, comparables à de poils pubiens, finissait de lui donner des allures de vierge qui enfin décide de se livrer à son homme.

J’avais l’impression de pénétrer en véritable maître des lieux, cette chaude fille, pardon, cette chaude ville, lorsqu’en atterrissant, une voix essoufflée, annonçait à bord « 30 degrés, température au sol ».  Ouagadougou, me voici !

Soit dit en passant, j’étais à Ouagadougou dans le cadre de la 4e session des universités d’été des droits humains, organisée par le CIFDHA, en étroite collaboration avec le CODAP. Nous étions 4 Togolais, sur 28 participants, venus d’un peu partout de l’Afrique. Ok ok.

Une fois mes bagages posés, et la prise de contact effectuée, un organisateur, qui n’est autre que le blogueur camerounais Nelson Simo, décide de me « souhaiter la bienvenue », en m’offrant une balade nocturne à travers les rues de la capitale du pays des Kaboré ; une ballade à moto, s’il vous plaît. On a tôt fait de quitter l’Institut international qui nous abritait, de nous éloigner de la zone de l’université de Ouagadougou, passer rapidement devant la Primature, pour nous diriger vers le centre de la ville, à la recherche d’une de ses plus célèbres avenues. Eh oui, un Togolais, et un Camerounais, déambulant à moto en plein Ouaga, à la recherche d’une avenue ghanéenne : Kwame N’krumah.

Le délicieux vent qui fouettait mon curieux visage ne m’empêchait guère de reluquer l’arrière-train de ces charmantes demoiselles qui, malgré l’heure avancée, faisaient partie du décor. Des lianes, il y en avait de tous les types : fines, courtes, élancées, maigrichonnes, bien en chair, trapues, costaudes, grosses, noires, café au lait, chocolat, claire, clair-clair, rouge-clair, rouge-tomate, rouge-ketchup. Oh Seigneur, il y en avait de toutes sortes.

Un aller, puis un retour ! Mais le petit diable qui logeait en moi n’était point satisfait. Il lui fallait s’en approcher, en toucher, en admirer de plus près, échanger, et tout ce qui va avec. Mon ami et guide pour la circonstance, ne se fait pas prier pour garer la moto, dans une ruelle crasseuse, mal éclairée, quelque part pas loin du mythique bar « Taxi-brousse ».

Par pudeur, je me tais, et laisse la plume à mon aîné Nelson, pour qu’il raconte cette partie de notre périple.

 

Nelson Simo  : (#PP Facebook)

 

Je te comprends cher frère jumeau, les éperviers volent haut et ne se retrouvent dans les bas étages que pour taquiner les lions et avoir leur ration. A la fin du récit, on verra qui de nous est le moins pudique…Bref…

Il était sensiblement 22 h 37 lorsque nous nous apprêtions à achever notre tour sur la KK*. L’excitation de mon passager était palpable. Le Togolais à bord de mon engin à deux roues ne semble pas ébloui par les édifices et hôtels  quatre étoiles qui jonchent l’avenue. Il pousse quelques frémissements, mais ce n’est pas dû au spectacle offert par l’alignement de la dizaine des maquis et des restaurants aux terrasses chics équipés de wifi. D’ailleurs, il ne fait aucun commentaire ni aucune approbation quand je lui indique verbalement ces lieux.

Ce n’est même pas cette brise glaciale assez particulière qui entraîne une poussée hormonale chez mon voisin de derrière. A chaque vue d’une grue en tenue de travail, postée comme un poteau électrique, je le sens tressaillir et entends ces mots résonner silencieusement du fond de son cœur « Il faut que je touche du doigt ces réalités ouagalaises ». Je décidai de faire plaisir à mon « hôte ». Une sorte de baptême, pareil à celui que je reçus dans ces mêmes espaces quatre ans plutôt. A cette époque, le célébrant de ce rituel qui me consacra était nigérien (du Niger inh pas du Nigeria !)

A  la lisière de la K.K., nous aperçûmes un bataillon de la «brigade mobile des plaisirs charnels». Une demi-dizaine de catins toutes postées sur leur moto comme des monteuses d’étalons. Les fringues qu’elles arboraient ainsi que leur position cavalière laissaient transparaître une partie du chemin gazonneux de leur corps qui mène au lieu sûr de la lascivité. Les cuisses et toutes ces parties qui font lécher les babines à tout homme normal étaient à la portée de nos regards les plus sensibles. Je sentis l’excitation de l’habitant de Cacaveli décupler.  Je décide de garer.

A peine avions-nous coupé le moteur de l’engin qu’une de ces tapineuses, la trentaine environ, la plus âgée visiblement, d’un teint clair fabriqué à coups de produits (car trahie par la noirceur de ses doigts) s’approcha et nous apostropha en ces termes tout secs : « On va où ? ». L’épervier togolais ne se fit pas prier pour expliquer à la gentille demoiselle que nous sommes nouveaux dans la ville. Comme si elle attendait cette réponse, elle répliqua :

–      « Il y a une auberge au fond de cette rue avec des chambres propres, l’heure c’est deux mille francs Cfa. On peut y aller.»

Aphtal, stupéfait sans doute par le pragmatisme de la gagneuse, me laissa poursuivre la conversation

–      « Et toi-même, tu prends combien ? »

–      « Quinze mille, la chambre y compris » me rétorqua-t-elle.

 

Surpris par sa valeur libidinale en comparaison aux péripatéticiennes de Douala ou d’Abidjan qui marchandent à partir de trois fois moins que cela, je lui fis savoir que mon hôte et moi n’avions que 1 500 F Cfa, lieux du crime charnel y compris tout en précisant que nous n’étions qu’intéressés par les plaisirs buccaux.

Il n’en fallut pas plus pour qu’elle poussât un kilométrique « Tchrrrrrrrrr » et prit congé sans nous toiser.

Je me tournai, regardai mon voisin : éclats de rire coordonnés, et on démarra  en trombe pour achever cette partie de plaisir qui venait de commencer.

La première mi-temps de cette partie d’allégresse panafricaine venait de s’achever. Le lion camerounais et l’épervier togolais se sont fait dompter par un étalon burkinabè sur une avenue ghanéenne. L’avenue Kwamé N’Krumah portait si bien nom. Le Père du panafricanisme pouvait en être fier.

La deuxième partie de ce match nocturne allait se jouer dans l’antre nigérian à Ouagadougou. Dapoya ! Cette mi-temps à elle seule mérite qu’on lui consacre un billet.

Rendez-vous très prochainement pour la suite de l’aventure.

 

 

Prochain article, sous peu, chers lecteurs…

*Avenue KK. : Abréviation locale de l’avenue Kwame N’Krumah


Ce pourquoi je n’irai pas à la fête de la bière…

Perfusion d'alcool: Crédit: Moov'in (Facebook)
Perfusion d’alcool: Crédit: Moov’in (Facebook)

 

Bonsoir à vous, chers amis. C’est toujours un plaisir pour moi de savoir qu’il y a des personnes qui perdent quelques minutes de leur vie pour cliquer sur un lien les conduisant dans mon petit univers de togolais frustré ! Bon, j’ai vu comment vous vous êtes moqués de moi dans mon précédant article hein, alors pour cette fois, je ne vais plus raconter une mésaventure ; je vais juste essayer d’exposer les raisons pour lesquelles je n’irai pas à la fête de la bière.

Oh, excusez-moi si le thème devient surabondant ; je sais que beaucoup d’encre a coulé sur le sujet. D’ailleurs un magnifique billet écrit par mon aîné Lovejoyce que je vous convie à lire, fait force en la matière. Soit ! Mais bon, je vais dire pour moi aussi pour me libérer.

Les origines de la fête de la bière ? Lovejoyce dit ceci :

La fête de la Bière, cette tradition allemande, sûrement aussi belge, vieille de plus de 200 ans, nous aurait-elle été léguée, par la colonisation ? Je me le demande. Il apparaît, en tout cas, que célébrer cette fête de la bière, dans des conditions peu brillantes – l’abus d’alcool, étant dangereux pour la santé – soit devenu institution dans notre pays. Comble !

Les origines de cette orgie, moi personnellement je n’en ai rien à foutre. Ce pourquoi moi je la boycotte :

 

Raison N°1 : Je n’ai pas d’argent.

Je serai bien hypocrite de passer sous silence cet aspect de la chose. Cette fête tombe mal pour moi, j’avoue. Mais bon, ce n’est pas la seule raison. Une bouteille à la fête de la bière me revient plus chère que de la siroter tranquillement à Cacaveli. Sérieusement, me taper le déplacement, le ticket d’entrée, et le gobelet de bière à la plage, l’équivalent me rendrait déjà ivre chez moi hein ! Petit calcul :

Rien que pour le déplacement :

Aller

Retour

Taxi-moto  Cacaveli-Adidoadin = 150 FCFA Taxi-moto  Adidoadin-Cacaveli = 150 FCFA
Taxi  Adidoadin-Grand marché = 400 FCFA Taxi  Grand marché – Adidoadin = 400 FCFA
Taxi-moto Grand Marché – Hôtel de la paix = 100 FCFA Taxi-moto Hôtel de la paix – Grand Marché = 100 FCFA

 

Il paraît que le ticket d’entrée est à 200 FCFA. En gros juste pour mettre pied dans l’espace réservé à la beuverie, il me faut, au bas mot 1.500 FCFA. Pour moi seul hein. Si jamais je veux m’y rendre avec une certaine Pascaline, ou avec ma fiancée, il va falloir compter double. Une fois à l’intérieur, je dois débourser pour boire (puisque c’est la raison de ma présence), ou avaler deux ou trois brochettes de viandes avariées d’âne, de mouton, ou de saucisses.

Je sais que vous marmonnez « Oh le pingre, 1.500 FCFA seulement et il se plaint ? »  Ouais je me plains parce que le coût du déplacement seul équivaut à trois bouteilles de bières dans un bar à côté. Vous me direz, « Ouais mais et l’ambiance, et tout cela ? ». Ambiance hein ? Quelle ambiance ? Celle de ces jeunes filles impubères aux cuisses dénudées, celle de ces jeunes collégiens pas du tout mignons voulant ressembler à Eminem ou à Wiz khalifa dans leur sape à deux balles ? Pitié, je préfère rester à Cacaveli hein. Je ne suis pas fumeur mais je dois prévoir ma capsule de Ventoline et quelques anti-allergies, car là où il y a alcool, il y a cigarette ; je vais donc y devenir fumeur passif. Bref…

Raison N°2 : j’ai déjà goûté à toutes les bières…

En fait je reprends ici la simple question que m’a posée mon ami Razak : Quelle bière on n’a jamais bu même? Et je lui donne raison! Sincèrement, la fête de la bière n’apporte aucune valeur ajoutée dans la vie des soûlards togolais. Moi, je traverserai vents et marées, monts et vallées pour me rendre à la fête de la bière, si et seulement si, on nous faisait découvrir et déguster des bières étrangères. Franchement, si c’est pour les mêmes Awooyo, Flag et Castel, autant rester chez moi hein, ou prétexter une visite à la charmante Trysha; elle au moins en a, de la bonne bière blonde. J’aurai aimé aller tremper mes lèvres dans une bière blonde allemande, américaine, australienne, ou même ghanéenne, ivoirienne ou sénégalaise. Comment peut-on célébrer la bière, et se limiter à celles qu’on avale tous les jours ? Je n’ai pas assez d’argent hein, mais s’il faut encore le dépenser pour aller boire votre Pils et Lager là, non merci.

Raison N°3 : Je cherche un emploi, pas une promotion éthylique

Les gars, sérieusement, vous avez vu toutes les sociétés qui sponsorisent cette fête de la bière ? Avez-vous une fois essayé de déposer un CV et une demande d’emploi dans l’une de ces sociétés ? Bon, ok la nouvelle chanson actuellement à Lomé, c’est l’auto-emploi et l’entrepreneuriat. Avez-vous déjà soumis un projet à l’une de ces nombreuses sociétés ? Sinon, qu’attendez-vous ? Si oui, quelle fut leur réponse ?

Je ne sais pas pour vous hein, mais dans ce pays, les priorités sont ailleurs. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il n’y a que ces genres de manifestations qui réussissent le mieux au Togo ? Ah, vous avez certainement oublié que l’une des premières sociétés togolaises à obtenir la certification ISO 9000 est la Brasserie de Lomé. Eh oui, on ne boit pas n’importe quoi  comme bière hein, les gars.

Et ne dépensez pas trop pour la fête de la bière ! D’autres joyeuses échéances approchent, chers togolais. Des échéances plus joyeuses, plus festives, et sûrement plus arrosées.

 

 

Cette conclusion du pré-cité Lovejoye mérite d’être reprise ici :

Moi, comme l’autre, éternel apprenti chrétien, je dis non, à cette fête de la bière. Même si, malheureusement, mon avis ne compte pas ! Mais gardez-vous bien, qu’un jour, elle ne compte vraiment. Parce que ce jour, vous apprendrez, qu’à préparer d’abord et surtout, l’avenir et le progrès, au lieu de s’enliser sans cesse, dans le loisir inutile et néfaste, on met à l’abri de la disette, en élevant l’esprit de la jeunesse, un, comme le Togo, Pays Pauvre Très Endetté.

 

Dans une nation dont la bonne partie de la population active passe le clair de son temps à être ivre, on se demande si elle a assez de temps de lucidité pour plancher sur les vrais problèmes qui lui sont inhérents. Bien malin qui voudra « noyer » ses soucis dans la bière. Certains problèmes excellent en apnée, et deviennent plus compliqués, une fois le nez dehors.

 

J’ai dit !

 


Pascaline, la berline et moi

Drague, image (Google)

 

Bien le bonsoir à vous, chers lecteurs. Je vous espère en très bonne santé. En ce qui me concerne, j’ai enfin réussi à me débarrasser de mon stress, et à me libérer l’esprit de tout ce qui l’alourdissait. J’ai également retrouvé le courage de vous raconter une mésaventure ; enfin, un tout petit bobo de rien de tout.

 

Un week-end passé, ce doit être samedi je crois, l’un de mes cousins a décidé de se mettre la corde au cou, en épousant la charmante liane qui partageait sa vie depuis quelques années. Je n’étais pas associé à l’organisation alors j’ai eu une petite marge de manœuvre : arriver quand je veux, m’habiller comme je le veux, et m’en aller quand je veux. Il me fallait surtout pouvoir partir quand je veux, car c’est ce même samedi qu’a choisi Pascaline pour m’accorder enfin une sortie. Ce n’était pas le genre de rencard qu’on loupe, cher lecteur.

Pascaline était une de ces jeunes cadettes de la fac ayant toujours suscité ma convoitise, attisé mon désir, et forcé mon respect ! (Pour ma fiancée : Chérie rassure-toi, tu es la seule dans mon cœur hein, wallaye).

Charmante ? Pascaline a toujours eu cette fière allure, ce regard sensuel qui semble ne jamais se poser longtemps sur quelque chose et qui donne l’impression de mépriser autrui.

Élégante ? Misère ; elle faisait partie de ces rares filles ayant le corps qui va avec tout. En robe, en jupe, en pantalon, en culotte, en veste, en pagne, tout lui allait. Elle avait toujours la boucle d’oreille assortie avec le haut, ou la chaussure et la ceinture de même couleur… Bref, c’état une chouette fille arc-en-ciel qui illuminait mes journées chaque fois que je la croisais. Je ne vais pas vous dire par quelle alchimie j’ai réussi à me lier d’amitié avec elle ; vous risquez d’avoir des préjugés à mon égard.  

Donc ce samedi, j’ai regardé sans grande attention mon cousin passer la bague au doigt à cette dame, j’ai avalé sans le savourer le riz cantonnais, et bu sans plaisir le vin mousseux servis aux convives. Au moment de quitter la salle, ma grande cousine Anty m’interpelle, et me demande de l’accompagner chez une de ses amies. Ah non, cousine désolé, il faut que j’aille chez Pascaline, moi ! Pas de soucis, accompagne moi chez mon amie, je te laisse la voiture, tu repasse me chercher quand tu auras fini avec Pascaline.

 

Oh Seigneur, que tu es merveilleux.

 

Dès que je me suis installé au volant de la Toyota Yaris toute neuve de ma cousine, je me suis juste écrié : « Pascaline, tu vas prendre drah ». Je démarre en trombe, sous une pluie qui commence à arroser la capitale. A croire que les éléments de la nature ne voulaient pas que je la rencontre, cette liane. Mais je me suis dit que même si la pluie cède à la grêle ou la neige, même si les ouragans américains s’abattent sur Lomé, je ne raterai jamais l’occasion de me présenter chez Pascaline à bord d’une Toyota. Vous dites que je suis frimeur ? Et alors ?

Malgré la pluie, j’ai parcouru la distance Agoè Fil’o Parc – Totsi en dix minutes. Il pleuvait tellement que Pascaline m’envoya un SMS pour me demander si je pouvais quitter la maison, et si la rencontre pouvait tenir, surtout qu’elle me connaissait piéton. J’étais déjà derrière la maison d’Adébayor, alors pas la peine de répondre. Une fois devant sa maison, je lui passe un coup de fil, l’air serein, pour lui demander de sortir et de rentrer rapidement dans la voiture qu’elle verra dehors.

 

Vous savez, quand vous avez les « moyens », vous n’avez pas besoin de beaucoup  parler; les « moyens » parlent à votre place. Dès que Pascaline posa son postérieur, elle se pencha vers moi pour déposer une tendre bise sur ma joue droite. Je sais ce n’est rien, mais comparé au regard condescendant dont elle me gratifie chaque fois que je me rendais chez elle à pied ou à Taxi-moto, c’était clair que j’ai percé. Eh oui, les gars, c’est comme ça.

Elle avait un sourire si invitant, si franc, si conquis ; tellement bousculée qu’elle a commencé par prendre froid à cause de la clim. Yes, instant de gloire… Elle me laisse décider de l’endroit où nous irons dîner ; normal, quand on conduit une voiture, on est présumé connaitre tous les bons coins de Lomé, et donc partout où on va, c’est clair que ça plaira.

 

J’ai joué à l’hésitant, en égrenant les noms des restos que j’ai jamais fréquenté, mais avec une assurance qui ferait croire que je m’y rends tous les jours. J’ai fini par choisir Kastaz, un endroit pas mal, quelque part à Adidogomé. Le plan était simple : on arrive à Kastaz, je commande des hamburgers et des jus à emporter, et on rentre chez MOI. Quoi, j’ai des ambitions moi ; de plus, je n’avais pas assez d’argent et j’ignore quand ma cousine, la vraie propriétaire de la voiture, finirait avec son amie.

Il fallait me voir garer la voiture à Kastaz, il fallait me voir sortir de la voiture, il fallait me voir actionner l’alarme, me voir pousser la porte d’entrée de Kastaz, me voir remuer les clés en m’asseyant à une table. Oh Seigneur, je ne dois pas mourir pauvre. Jamais !

 

En attendant la serveuse, c’est Pascaline qui engage la discussion :

 

« Toi Lomé est doux pour toi hein ; tu te fais rare maintenant et tu ne te souviens de nous autres que quand tu t’ennuie ou bien ? Si ce ne sont pas des photos de toi à Gorée ou sur un bateau avec une jolie fille qu’on voit sur Facebook, on ne voit jamais ton visage. Et puis tu as été à Cotonou alo ? Tu étais aussi à Ouaga ou bien ? Hey ne mens pas, j’ai vu les photos hein. Tu m’as rapporté quoi même ? En tout cas ce soir là, moi aussi je t’ai coincé »

 

Je n’ai compris sa dernière phrase que lorsque la serveuse est arrivée et que Pascaline a porté son choix sur un plat de frites et de poulet, avec une canette de bière. Oui j’étais coincé car sa seule commande dépassait largement tout ce que j’avais en poche comme argent. Malgré la pluie dehors et la clim à l’intérieur, j’ai eu le front moite. Quand la serveuse s’est respectueusement tournée vers moi, je me suis mis à toussoter et à feindre le repu.

 

« Je viens d’un mariage alors je suis plein ; je ne prends rien, apportez sa commande ; à emporter s’il vous plait »

 

L’adition n’était pas si salée : un peu moins de 5.000 FCFA, sauf que je n’avais que 3.800 FCFA en tout et pour tout comme patrimoine. Je file alors à la voiture, avec la ferme conviction que les femmes laissent toujours des jetons dans leurs voitures. Si jamais je n’y trouve rien, je suis un homme mort. J’ai fouillé, fouillé et refouillé la voiture de ma cousine. Seigneur, le repas de Pascaline commençait à refroidir quand je suis tombé sur trois billets de 500 FCFA, rangés dans un pli de papier. Je file payer, tout en pressant Pascaline de rentrer. On a autre chose à manger ce soir…

Je reprenais peu à peu confiance en moi, je reprenais mes grands airs, je devenais taquin, avec des allusions perverses dans mes discussions, bref, je redevenais mâle dominant, lorsque je reçois le coup de fil que je redoutais le plus : ma cousine Anty !

 

« –  Allo Aphtal, tu es allé à Sokodé avec la voiture ou comment ? Ce n’est pas sérieux, il fait nuit, mon amie est en train de me déposer, tu es où ?

 

–  Dagan, je suis à Avédji, presque à Adidoadin.

 

–  Euh alors c’est cool, nous sommes aussi à Adidoadin ; on se croise aux pavés, à l’arrêt du bus. Je vais prendre la voiture là-bas. A plus bisous »

 

End of the dream… game over.

 

Un instant, j’ai voulu filer déposer Pascaline chez moi avant de revenir livrer la voiture à Anty, mais connaissant ma cousine, c’était un risque à ne point prendre. Il valait mieux ramener la voiture à temps, pour pouvoir la prêter plus tard, pour d’autres occasions.

Anty m’attendait déjà. Je demande à Pascaline de descendre ; je rends les clés ; Anty s’installe, et voulait me donner de l’argent pour mon déplacement, mais ne retrouve plus les 1.500 FCFA qu’elle avait déposé sous le volant, suivez mon regard ; elle me fait une bise, et démarre, me laissant seul sous la légère pluie, là sur les pavés, avec Pascaline à côté.

 

–          Bon, chérie, on se tape un Zed, et on va chez moi en même temps, alo lékéo ?

–          Oh Aphtal, il est presque 22h et puis d’ici, je peux rentrer plus rapidement, inutile qu’on aille encore à Cacaveli ; on se voit après non ?

 

Je n’ai même pas insisté ; je l’ai regardé monter sur un taxi-moto, avec le plat de poulet et la canette de bière sous le bras. Je n’ai pas pleuré tout de suite hein, non ! C’est lorsque je me suis fait le trajet retour à pieds, sous une pluie de plus en plus forte, et que Pascaline refuse de décocher mes appels, que j’ai sombré.

Nos fiancées ne nous coûtent que dalle ; on perd nos économies dans des stupides perspectives d’hypothétiques culbutes. Toutes les femmes ne peuvent pas faire partie de nos vies ; celles qui décident d’en faire partie ne sont pas exigeantes, alors rendons les heureuses, au moins. Elles le méritent bien, je crois.

 

J’ai dit !


Ce discours qui manque à l’opposition togolaise…

Crédit: Google image

C’est désormais un rituel. A chaque sortie politique sur ce blog, je prends la peine de préciser ce que je ne suis pas. Une fois de plus, je me soumets au rituel en vous informant d’entrée de jeu,  que je ne suis pas spécialiste en Communication Politique. D’ailleurs ce cours n’était pas au programme, quand j’étais à la fac (oui les bêtises de notre enseignement supérieur).

Cependant, je me suis amusé à prêter oreille attentive à tout ce qui s’est dit, et se dit sur nos médias par nos hommes politiques. Honnêtement je m’en foutais, mais les dernières élections législatives m’ont permis de mieux cerner les arcanes du jeu politique. Et ce qui a, en toute honnêteté intellectuelle, fait la différence entre les vainqueurs et les perdants, c’est bel et bien la Communication. Je ne vais pas reprendre ici la définition du mot « communication » que me donne mon vieux dictionnaire.

Je le répète, je ne suis pas spécialiste en communication politique, mais le jeune indécis que je suis a la ferme conviction que l’opposition togolaise communique mal ; très mal ; trop mal. Depuis les dernières échéances électorales, les interrogations qui me reviennent, après avoir ressassé les discours politiques sont : quel est le message ? Comment est-il véhiculé ? À qui s’adresse-t-il ?

Quel est le message ?

Je suis dans la regrettable incapacité de vous dire exactement ce que disent concrètement les prétendants à une investiture populaire. Mais en ce qui me concerne personnellement, ces discours ne comportent absolument rien de rassurant, de convaincant, et d’apaisant. Voilà une classe politique qui ne cesse de jouer subrepticement la carte de la fibre ethnique. Nous avons passé le clair de notre temps à « bipolariser » la vie politique, à penser que tel parti politique ne regroupait que des ressortissants de telle région du pays. Les choses ont évolué, les lignes ont quelque peu bougé c’est vrai ; mais malheureusement, il faut écouter nos hommes politiques pour se rendre compte que les vieilles habitudes ont la peau dure.

Voilà des hommes politiques qui n’ont pas arrêté de diaboliser le parti au pouvoir, en faisant une personnification de tous les maux de la République, en la personne du Chef de l’état. Voilà des hommes politiques, qui passent leur temps à fustiger les agents de la fonction publique, en les traitants de « gens médiocres, ne méritant pas leur postes, et de personnes à dégager… » ; voilà des hommes politiques qui passent leur temps à pester avec véhémence contre les opérateurs économiques, contre les entrepreneurs, contre les chancelleries occidentales, contre la communauté internationale… Voilà des hommes politiques qui, sans programme politique, sans chiffres, sans aucun renseignement, sont en plus incapables de tacler intellectuellement le bilan du parti au pouvoir. C’est facile de hurler « ils pillent le pays, ils construisent les villas, ils appauvrissent le peuple » ! Un homme politique sérieux ne tient pas ce discours de bas étage. Il le prouve à travers des analyses et des démonstrations convaincantes.

Alors, dites-moi : quel est cet ambassadeur ou consul qui prendra part à la croix d’un opposant politique, lorsque celui-ci le traite de tous les noms d’oiseaux ? Quel est ce cadre de banque, cet employé à la CNSS, ou ce jeune douanier, capable de voter pour un candidat qui doute de ses compétences, qui le soupçonne d’avoir eu le poste par népotisme, et qui le menace de l’ôter une fois aux affaires ? Je ne sais pas pour vous hein, mais Dieu m’est témoin : j’ai beau être épris de changement et d’alternance, je ne voterai jamais pour de tels individus ; et bien hypocrite qui m’en voudra !

Dites-moi aussi, ce qui pourra me pousser, moi avocat à la cour, moi jeune magistrat, moi jeune analyste de crédit dans une banque, moi chef d’entreprise, moi Directeur de société, moi professeur d’économie à la fac… dites-moi ce qui pourra me pousser à voter pour un candidat ou parti politique, incapable de me donner un aperçu sur les recettes de l’état, sur les ressources, et sur leurs emplois ? Pourquoi voter pour un homme qui ne parle jamais d’augmentation de salaire ou du pouvoir d’achats, d’attirer les investisseurs, de moderniser l’administration, de favoriser la croissance ?

Je sais, certains d’entre vous me diront « ce n’est pas facile d’avoir accès à ces chiffres, l’état empêche de savoir ce qui se passe… » ! Chers amis, quand grandirons-nous ? Il va falloir mettre la barre un peu plus haute et exiger beaucoup plus de professionnalisme de nos hommes politiques.

Bref, en ce qui me concerne, je trouve tous ces discours, creux et légers, incapables de séduire une tête pensante. Mais il n’y a pas que le fond qui cause problème.

Comment est-il véhiculé ?

Je ne suis pas dans le secret des partis politiques, j’ignore le travail de communication qu’ils font, je n’ai aucune idée sur leur travail de fond ; cependant je vais m’appesantir sur les différents slogans politiques, et sur les différents supports utilisés.

Internet ? Oui, lors des dernières législatives, nous avons assistés à une ruée vers les réseaux sociaux. Si certains partis politiques y étaient présents, et savaient plus ou moins les utiliser, c’était le baptême de feu pour plein d’autres. Là encore, il y a du travail à faire. Certains partis avaient des blogs, certains candidats avaient une page ou un groupe Facebook, d’autre disposaient de compte Twitter (ils ont été rare sur ce dernier site). Mais quoique bancale, la campagne sur internet n’est pas si importante, eu égard au taux de pénétration d’Internet au Togo.

Les moyens les plus usités par les partis politiques sont les panneaux publicitaires, les affiches et tracts. La grande catastrophe. Personnellement j’aurais mieux apprécié (aux dernières législatives) des images publicitaires plus parlantes, plus symboliques, plus intelligentes. Au lieu de cela, le sempiternel portrait des candidats, torse bombé, sourire figé et regard hagard, dans un costard hilarant. Je sais, certains d’entre vous me diront, il faut que les candidats se fassent connaître. Ok, je vous l’accorde. Mais la puissance des images, vous en faites quoi ? Vous pensez innover quand ?

En ce qui concerne les slogans politiques, ils sont d’un ridicule étonnant ! (je sais j’exagère, mais bon quoi…). N’en déplaise aux lecteurs chastes, les slogans politiques sont d’un bordel pas possible ; et cela traduit aisément le désespoir, non pas de la population, mais des acteurs politiques eux-mêmes. Sinon, comment écrire sur une affiche politique « 50 ans c’est trop, 10 ans ça suffit… » ? Comment demander aux électeurs de voter par dépit, en disant « Vous ne savez plus pour qui voter, un autre choix est possible » ? Je ne sais pas pour vous, mais moi ce sont des slogans qui non seulement ne me parlent pas, mais en plus m’offusquent au plus haut point. De qui se moque-t-on ? Oui, ces messages ne s’adressent pas à moi. Mais alors…

…A qui s’adressent-t-ils ?

 En tout cas pas à moi, ni à mes promotionnaires ; pas à ces milliers d’étudiants, pas à ces opérateurs économiques, pas à ces bailleurs de fonds, pas à ces investisseurs, pas à cette jeune élite, pas à ces jeunes cadres, pas à cette couche moyenne, pas à cette « majorité silencieuse ».

Oh, il est bien de brasser une foule hétéroclite à la plage, et de leur parler en langue locale (affinité ethnique, linguistique ??), il est bien d’organiser des marches pour protester ce qu’on veut, il n’est pas mauvais de gueuler sur les radios ou sur les réseaux sociaux. Mais cela est-il suffisant ?

Dans un avenir très proche, le Togo ira encore aux urnes, pour les élections locales, s’il plaît à Dieu (rien n’est jamais sûr ici, en fait alors…), puis dans deux années, pour les élections présidentielles. Qu’avez-vous à dire à l’électorat ? Que direz-vous ? Comment le direz-vous ? J’avais repris sur ce blog un excellent article d’un aîné, titré « de l’imbécillité de l’opposition togolaise ». Mais aujourd’hui, je préfère ne pas faire usage de l’adjectif imbécile. Je vais une fois de plus être dubitatif, ouvert et attentif, afin de me laisser séduire par qui le pourra. Sinon, une fois de plus, je ne voterai pas. (Les voix, en tout cas la mienne, cela se mérite).

Le combat politique est une harassante tâche qui ne tolère pas la passivité, le Silence ou la mauvaise communication. L’électorat est une jeune vierge à l’hymen tellement convoité que seuls les beaux et vrais parleurs arrivent à l’avoir. Dans ce charmant et sensuel jeu de séduction, il ne suffit pas de crier, ni de faire le dépité. Il faut se donner du temps pour convaincre la vierge, et la posséder. En ce qui concerne la vierge togolaise apparemment elle possède un hymen en airain.

J’ai dit !


J’ai du sang sur les mains…

Crédit: MorgueFile

 

Je me suis agenouillé au bord de mon lit pour prier

J’ai un crime avec préméditation à commettre.

Il me faut, ma conscience, à l’abri du remord, mettre.

Il faut que cet acte, avant d’être commis, soit pardonné.

 

 

Amen ! La messe est dite. Je me lève et je sors,

Sûr de moi, je monte rapidement les marches de son immeuble

Sa porte était entrouverte ; il était seul devant une poignée de terre meuble

Il lisait les cauris, et semblait avertit de son sort…

 

 

Je referme la porte, et lutte contre l’odeur de l’encens ;

Je sors le poignard, puis j’avance vers la « proie » !

Son regard était perçant, trouble, triste mais narquois

J’inspire profondément afin d’avoir la maîtrise de mes sens.

 

Il était gros, non gras ; bedonnant, avec un talisman au cou.

Je suis criminel en devenir ; mais moi je tuerai avec élégance ;

Sans effusion de sang ! Je contourne le pauvre pour atteindre le lit

Je saisis calmement un oreiller puis je me tourne vers lui.

 

Il comprit et s’allongea sur le dos. Je ne frémis point ;

J’approche le coussin de son visage puis… j’appuie…fort

La pression de mes bras lui brise les os du cou…

Il se débat, il tape des pieds, puis secoue ses mains

 

Je serre mes dents, et j’appuie d’avantage.

Je sens ses forces progressivement le quitter

Son pouls est faible…

 

Quelques soubresauts, puis, il se calme

Je maintins quand même mon emprise ;

Avec les anges de la mort, il est aux prises

Je retire quelques minutes plus tard mon arme…

 

Je me lève et j’admire un peu le spectacle.

Il est couché sur le dos, cuisses écartées, écumes aux lèvres…

 

Une légère brise s’élève, avec des senteurs de liberté ;

Une douce et agréable brume flotta sur les bruyères !

Tout était baigné de la lumière argentée de la lune et des étoiles.

Il est mort. Nous sommes à présents…orphelins.

Mais nos vies prendront désormais un plus joyeux chemin…

 

Allô ? Police ? Un meurtre vient d’être commis.

Vous trouverez mes empreintes sur les lieux du crime.

 

J’ai dit !

 

Lomé, Décembre 2011


Ce gouvernement qui vous fait languir…

(Image: Gaullisme.fr)

Bien le bonsoir à vous !

Je me suis juré ne point tremper ma plume pour alimenter les stupides pronostics en ce qui concerne la formation du prochain gouvernement togolais. Mes compatriotes ont pris la fâcheuse manie de s’exciter sur la vie politique, comme si elle les intéressait vraiment. Oh, je vous ai vu à l’œuvre, lors des dernières consultations électorales ; j’ai vu votre degré d’implication, dans le suivi du scrutin ; j’ai vu votre réaction à la proclamation des résultats : vous n’êtes pas du tout intéressé par la gestion de la chose publique.

Mais cet article n’est point un perchoir pour condamner votre inertie et votre passivité ! Je désire ici m’appesantir sur l’apparente amnésie dont souffrent les Togolais ! Oui, le Togolais est sérieusement amnésique. Sinon, pourquoi être dans le doute et dans l’attente de la formation du gouvernement ? A quoi s’attendent mes compatriotes ? Que désirent-ils, ma parole !

Et si on se tapait un léger flash-back ?

Je le répète, je ne suis pas spécialiste de la politique togolaise ; je ne suis pas assez âgé pour remonter loin dans l’histoire : je ne parlerai donc que de ce que j’ai vu de mes propres yeux. Depuis que j’ai commencé à m’intéresser à la politique, (en 2005, à la mort d’Eyadema et à l’intronisation de Faure), tous les gouvernements se suivent et se ressemblent. A la sortie de farces électorales, on nomme un valet comme Premier ministre, qui se charge de proposer (si jamais on lui laisse cette marge de manœuvre) des individus à la tête des ministères. Rapidement, l’équipe est formée, automatiquement approuvée par le président de la République, et nuitamment annoncée à la Télévision nationale.

Le sempiternel credo ? Gouvernement de large ouverture et de grandes compétences. Seigneur ! C’est du genre, une nouvelle dream-team, uniquement formée de technocrates, de références en leurs domaines respectifs, ayant pour mission de remettre le Togo sur les rails du développement, et de faire de lui, un pays où couleront à terme le lait et le miel ! Le lendemain, on nous sort à la presse des CV de ses désormais ministres, avec des diplômes obtenus dans des écoles et à des époques où jamais on ne trouvera leurs noms dans la promotion indiquée.

Puis après quoi ? Bah, rien, on se retrouve dans les cabarets, à pester contre le président, à rire à gorge déployée lorsqu’un ministre s’exprime mal en français, à les caricaturer dans la presse satirique… N’empêche, le gars est ministre, avec tous les honneurs et privilèges qui vont avec.

Il était enseignant de sciences nat’ au lycée ? Ouais il peut être ministre de la Communication ; elle était quoi, traductrice dans une église de rachetés ? Ouais, le ministère de l’Education lui va à ravir; il était chargé de communication d’un parti d’opposition qui décide d’entrer au gouvernement ? Yes, c’est le type indiqué pour le ministère de l’Economie et des Finances; Il était berger, et élevait des poules à ses heures perdues ? Il est ministre de la Santé… Bref, un vrai foutoir, une chorale de corbeaux chargée d’exécuter le macabre cantique du pillage de la République. Et ils s’y donnent à cœur joie, hein !

Je ne saurais taire, par égard à l’intelligence, ces autres Ministres qui ont des compétences avérées dans leur domaine; bardés de grands diplômes de grandes universités. Mais hélas, le bilan est toujours mitigé, pour tous. Ils essayent; ils agissent; mais…

Image amateur réalisé dans paint: Aphtal CISSE
Image amateur réalisée dans paint: Aphtal CISSE

Depuis que je m’amuse à regarder les différentes formations gouvernementales, il n’y a jamais eu, alors là jamais, une véritable équipe de vrais réformateurs. Oui, le poste de ministre est un poste politique ; mais ne me dites pas qu’il n’y a pas d’intellectuels en politique.

Les Togolais ne méritent-ils pas de voir des types au parcours académique irréprochable, à la tête des ministères ? Des docteurs en économie, des agrégés des facultés de droit, des sociologues, des chirurgiens maniant le bistouri les yeux bandés… eux, ne peuvent-ils pas être ministres des Finances, de la Justice, de la Santé ? C’est juste une question ; ils ne seront forcément pas les meilleurs à ces postes, mais au moins, ils seront du domaine… Bref, je m’évade.

Les élections de juillet nous gratifient d’un Parlement new-look. Le renouvellement de l’exécutif s’impose. Le Premier ministre sortant a été reconduit. Les gens ont été étonnés hein ! Depuis sa nomination, le gars tarde à former son gouvernement. Les Togolais s’excitent, et réclament rapidement la formation d’un gouvernement.

 

 En tout cas en ce qui me concerne, moi Aphtal, je n’ai jamais, mal dormi parce que nous n’avons pas de gouvernement. Je n’en ai strictement rien à foutre, parce que c’est connu, on prend les mêmes, et on recommence ! Il paraît qu’il y a des consultations en cours… Vous vous attendez à des ministres venants de Jupiter ? Genre, pour vous, dès qu’ils seront nommés, les routes jailliront de terre, les emplois se créeront, la santé sera améliorée, la politique nationale de l’éducation sera….. et patati et patata…

Ouais, j’attends cela aussi de mon pays, mais pas du gouvernement qui sortira bientôt…

Ce que moi j’attends de ce gouvernement ?

En toute âme et conscience, et au regard de tout ce que les équipes précédentes ont pu nous servir, Aphtal n’attend ABSOLUMENT rien de ces messieurs, dont le griotisme stupide bête et plat est remercié par des postes ministériels. Ces individus qui surgiront de nulle part, avec des sourires figés sur leurs visages d’heureux élus, je n’en attends pas grand-chose. Ce futur gouvernement, je le sens, je le sais, sera pareil aux autres : Large ouverture et grande compétence ! Un gouvernement tellement large et tellement compétent, que les étudiants seront à nouveau dans les rues, les syndicats annonceront des grèves, les élèves sortiront soutenir leurs professeurs, et ainsi de suite. Comme si on a vraiment besoin d’ouverture lorsque l’on a proprement remporté des élections… Suivez mon regard.

Euh, je disais que je n’attendais rien des futurs ministres ? Bon, je retire mes mots pour placer quelques doléances : que vous fassiez votre travail ou pas, je m’en fous, chers ministres ; mais de grâce, ne tombez pas évanoui dans les hôtels, à cause de sensations fortes de vos maîtresses ; n’essayez pas d’engloutir le peu de Cfa alloué comme aide à la presse ; ne revendez pas des moustiquaires gracieusement offerts par l’OMS (hey, admirez les rimes) ; ne faites pas de sorties médiatiques tapageuses, pour annoncer l’arrivée de la fibre optique, alors que je souffre pour ouvrir ma messagerie Gmail !

Peut-être que je me trompe, mais j’attends toujours d’être surpris ! Pour le reste, on sait que vous n’êtes pas plus méritants, et que vous ne ferez rien d’extraordinaire pour la terre de nos aïeux ! Taisez-vous donc, remerciez en coulisse le prince bienfaiteur, et ne nous empêchez pas de trouver notre pain quotidien, du moment où vous ne favoriserez pas notre quête. Vous n’intéressez que les Togolais qui n’ont toujours rien compris.

J’ai dit !


Doléances pour le meilleur de la chaîne mère

Logo de la TVT: Crédit: tvt.tg
Logo de la TVT: Crédit: tvt.tg

Bonsoir, Chaîne mère ;

C’est avec un vif déplaisir que je saisis ma plume mon clavier, pour vous rédiger cette lettre. Oui oui, c’est une lettre. J’en avais déjà déposé une, à votre secrétariat mais, sans suite.

J’ai longtemps hésité à en faire une lettre ouverte, mais je me suis associé à des internautes, des Togolais avant tout, pour avoir de la matière à vous envoyer. Puis s’en est suivie la crainte de la médiocrité, redoutant la verve de votre directeur général, M. Yovodévi. Mais après tout, on s’en fou hein, il fallait bien la rédiger cette lettre. Alors je me jette à l’eau.

J’ai encore en souvenir, toutes les vacances passées à Tchamba, où nous jouions aux cartes et au foot toute la matinée, pour ensuite nous aligner sagement derrière la télé à 17 h précises, pour suivre le générique qui caractérisait le début des programmes à la Télévision togolaise. Dieu seul sait comment c’était jouissif. Nous regardions inlassablement le même générique, pour ensuite nous délecter de ces dessins animés oh combien instructifs.  Après, nous étions toujours là, lorsque notre père s’installait à côté pour regarder le Journal télévisé. Je n’y comprenais pas grand-chose, mais c’était si agréable, de rester groupés là, à regarder le même écran. Ne dit-on pas que s’aimer, c’est regarder dans la même direction ? On s’aimait, et la TVT nous réunissait. (Là on s’aime toujours hein, mais TVT n’est plus dedans)

Aussi clair qu’une mouche dans un bol de lait, la TVT est la chaîne mère, la doyenne, la première épouse.

Mais ça, c’était avant. Depuis, beaucoup de choses ont changé, aussi bien dans le monde que dans notre pays. L’espace médiatique togolais n’est plus la chasse gardée de la TVT, qui est obligée de le partager avec quatre (04) chaînes privées. Les téléspectateurs que nous sommes, ont désormais le choix ; le choix de regarder ce que nous voulons, la possibilité de choisir les contenus que nous désirons regarder seuls ou en famille. Jamais la télécommande n’a été aussi utile. Le zapping a repris ses lettres de noblesse, et nous zappons tout bonnement ces télévisions qui ne nous satisfont guère. Et inutile de vous le rappeler, parmi les chaînes que nous zappons le mieux, la TVT occupe une place de choix.

Ce n’est point la période du grand désamour, mais vous ne faites plus sensation, comme il y a quinze ans.  Vous n’êtes plus cette vierge convoitée, désirée, adulée! On a appris à gérer cette perte de vitesse entre nous, ici localement. Mais depuis que vous avez décidé de vous mettre sur satellite, bah, on se doit de vous interpeller pour ne pas vous faire croire que vous excellez.

J’ai demandé à des contacts de se prononcer également sur le problème. De ce qu’il en est ressorti, j’ai fait une synthèse, et vous pourrez lire dans une première partie, ce que nous vous reprochons, pour ensuite lire dans une seconde, nos propositions.

Ce qu’il faut impérativement changer…

  1. En matière de contenu…
  •  La plupart des émissions que vous programmez n’ont aucune valeur ajoutée pour les téléspectateurs. On se demande quels buts poursuivent certaines émissions. Vous êtes-vous déjà demandé à quelle cible s’adresse la TVT ? On dirait que vous êtes toujours dans la logique du « bon père de famille qui ne capte la TVT qu’à 20 h pour le Journal télévisé », puisque c’est seulement le journal que vous semblez faire le mieux. Certaines de vos émissions se ressemblent tellement : L’bala, Midi supplice Délices, et l’émission matinale, par exemple. Quelles sont les particularités de ces émissions ? Le Six 8 que vous venez de démarrer, c’est pourquoi ?
  • En matière de promotion de la culture togolaise, nous n’avons rien à mettre à votre mérite. A l’heure où toutes les nations promeuvent leurs artistes et acteurs culturels, vous vous plaisez à nous passer des feuilletons camerounais ou gabonais, qui non seulement ne nous apprennent rien sur nos réalités à nous, mais en plus sont d’une exécrable qualité. Pire, ils passent aux heures où beaucoup de nos enfants sont sous la télé en attendant le dîner ! Vous faites exprès pour noyer les productions togolaises ? Avec tous ces films togolais qui sortent chaque jour, ce n’est pas à la chaîne mère de passer des trucs étrangers.
  • En ce qui concerne la programmation, un internaute le dit sans ambages : « Votre directeur des programmes est de la « Old School ». Vous avez tous des abonnements Canal Sat, copiez un peu ce qui se fait de bien ailleurs. Créez les émissions ou du moins permettez aux gens de vous en proposer. Le temps que vous mettez pour étudier les nouvelles propositions d’émissions est trop long. Sérieusement, des années pour étudier la faisabilité d’une émission ? De qui se moque-t-on ?

       2.  En matière de présentation. (Forme)

  • Pour une télévision nationale, disposant des moyens de l’Etat, vos journalistes et présentateurs s’habillent mal. Très mal. Trop mal, pour certains. On peut réduire la taille des vestes des journalistes hein, revoir les couleurs de leur serviette cravate, revoir également les chemises, mais il faut impérativement brûler les bouts de tissus qu’arborent certaines filles, pour des émissions du Midi, ou pour les bulletins météo. Seigneur, vous mentez déjà sur le temps qu’il va faire, mais habillez décemment celle qui va servir ce mensonge non ? Dites-leur de ne guère confondre « s’habiller léger », et « cacher l’intimité ». Sinon, elles peuvent venir directement en cache-sexe pour qu’on n’en parle plus ! Bon Dieu, Vous êtes une chaîne nationale hein, désormais sur satellite hein.
  • De plus, si ce n’est trop vous demander, revoyez la décoration des plateaux de vos émissions ! Le siège de la TVT est assez grand, ne faites pas les choses à moitié. Le décor est un élément très important, dans le choix des émissions par les téléspectateurs. Et pour dire vrai, vous n’êtes ni invitant, ni captivant. On ne peut pas tomber par hasard sur une émission et y rester plus de cinq minutes.

Ces couacs qu’il faut impérativement corriger

  • Que le directeur des programmes et le réalisateur prennent le soin de visualiser intégralement les films avant de les passer. S’ils comportent une scène d’amour, prenez la peine d’indiquer la tranche d’âge autorisée à les regarder ! (-18, -16, par exemple). Il n’y a pas que les enfants qui regardent la TVT, ne floutez pas les scènes d’amour. Le film vous le passez intégralement, ou vous ne le passez pas. Celui qui l’a réalisé n’est pas con, ne le soyez pas non plus.
  • Vos animateurs, qu’ils fassent une formation professionnelle, ou qu’on les change. Le monde est trop compétitif pour que la TVT flirte avec la médiocrité. La qualité des images est à revoir, ce qui nécessite de la haute technologie, et des personnes formées pour s’en servir ; il faut une parfaite maîtrise des sujets à passer par le réalisateur ou le technicien, pour ne pas mettre l’animateur ou le journaliste en mauvaise posture. Soyez classe : au lieu de prendre un combiné hors caméra, (là même vous êtes maladroits puisque nous vous voyons le faire) pourquoi ne pas faire usage des oreillettes ? Pourquoi ne pas trouver de jolis petits micros aux invités sur le plateau ?
  • Que les présentateurs, à la fin du bulletin d’information, nous fassent croire à un direct, en n’utilisant plus le futur dans le rappel des titres. C’est pas un peu stupide, cela ? Ensuite, que le directeur de la TVT, malgré toute son éloquence, son aisance, son intelligence, et sa suffisance, ne débarque plus sur le plateau, pour expliquer les discours du président de la République. C’est du ridicule, du griotisme de bas étage, de l’excès de zèle d’un autre siècle, du lèche-bottes pathétique et stérile. Nous avons tous compris le français parlé par le président, pas la peine de revenir dessus. C’est juste avilissant, pour lui-même et pour les téléspectateurs.
  • Respectez les téléspectateurs : cela passe par le fait de ne pas interrompre une émission, un film, un dessin animé, sans crier gare, sans s’excuser. Ce n’est pas professionnel, et cela prouve encore l’improvisation qui règne dans la Programmation. On n’a rien de personnel contre le directeur des programmes, quoiqu’il soit nul dans ce rôle.

Dernières requêtes : moi Aphtal Cisse, je vous demande de passer intégralement les débats parlementaires ! Vous perdez bien plus de 5 heures de temps pour transmettre Miss Togo, et autres âneries dans le genre ; passez nous les débats parlementaires, c’est la moindre des choses pour une chaîne nationale. Et une requête spéciale du Premier ministre, bâtonnier Joseph Kokou Koffigoh :

Je voudrais des émissions autour du livre aux heures où les enfants, élèves et étudiants peuvent les voir. Ça leur donnera le goût de la lecture. Les professeurs se plaignent de la baisse du niveau du français. Or sans une bonne compréhension de la langue, on ne peut bien assimiler les autres matières, même scientifiques.

Voilà en gros, ce que nous avions à vous dire, chère Télévision bien aimée. Nous aurions pu choisir la voie la plus facile : nous taire et vous laisser faire ; ne rien dire et vous laisser dans le bac à sable. Mais nous le disons parce que nous voulons vous voir grandir ; nous le disons parce que nous vous aimons, et surtout, parce que nous vous interdisons désormais de flirter avec la médiocrité.

J’ai dit!